Le jeûne musulman fait subir d’énormes pertes à certains acteurs du secteur et d’autres ont dû se réinventer pour échapper à cette période de disette. Des patrons de bars, nights clubs et maquis témoignent leur galère en ce mois de pénitence.
Période de galère pour certains, moment de donner une nouvelle vie à son établissement pour d’autres et opportunité de faire de bonnes affaires pour d'autres encore. La période de ramadan est vécue différemment par les acteurs de la filière des établissements de nuit. Mais tous admettent une baisse significative de leurs clientèle et partant de leurs chiffres d’affaires. Une baisse qu’ils estiment jusqu’à au moins 40% de leurs chiffres d’affaires dans une période normale. Toute chose qui, selon ces acteurs, les conduit le plus souvent à une réduction du personnel.
Témoignages d’acteurs clés
Patron du temple Unisex Abidjan sur le boulevard Latrilles, le manager-producteur Chico Lacoste dit n’avoir pas pris de risque pour ouvrir pendant cette période où tout est relativement calme. Lui-même musulman, il reconnaît que le mois de jeûne n’est pas rentable pour son activité. D’où la fermeture de son temple. « Tout est vraiment calme et j’ai préféré fermer. D’ailleurs, tout le monde sait que pendant le mois de jeûne musulman, toute activité de nuit est en baisse », explique-t-il tout en indiquant qu’il mettra à profit ce temps pour faire des travaux dans son établissement. « Je profite de la baisse des activités pour pouvoir faire quelques travaux », a-t-il renchéri.
Pour sa part, Souleymane Kamagaté, en charge de la communication du Roland Garros à Yopougon, a choisi de maintenir le service minimum de sorte à fidéliser sa clientèle tout en espérant rebondir le jour de la fête de ramadan. Cela, en réponse à la baisse d’activité. « Période de vache maigre », selon Jo Bonano en charge de la Story Night-club à Treichville, il a tout simplement fermé. À l’en croire, peu importe la stratégie mise en place, il sera difficile de faire de bonnes affaires pendant cette période. « C’est une période de vache maigre pour nous, acteurs de la nuit abidjanaise. On a beau prévoir une stratégie pour contrer cette période, elle échoue toujours. La moitié de notre chiffre d’affaires est souvent impactée. Du coup, soit on ferme, soit on ouvre et on réduit la masse salariale, le personnel ou même notre emploi du temps de travail. Mais nous, nous avons simplement décidé de fermer et rouvrir à quelques jours de la fête », raconte l’ex-manager d’Abobolais, reconverti en manager et gérant de boite de nuit.
Alex Béranger, propriétaire du Code Barre, sis à Biétry, n’aura pas attendu longtemps avant de mettre un break sur son activité. « J’ai fermé dans la première semaine de jeûne parce qu’à cette période tout est calme et le chiffre d’affaires diminue beaucoup », a-t-il confié à L’Avenir, non sans préciser que « généralement, pour les établissements de nuit, le chiffre d’affaires chute de 40% au moins et aussi ceux qui ouvrent pendant cette période diminuent soit l’effectif soit le personnel tout en limitant les charges ». Et Aliali Kassi, un gérant d’établissements de nuit très connu dans le milieu Zouglou, de soutenir que c’est « une baisse drastique des recettes qui est observée généralement pendant cette période ». Selon lui, « les musulmans prennent très au sérieux ce moment de privation ». On le voit donc, le mois de ramadan, les promoteurs et gérants de maquis, bars et nigths clubs vivent la galère.
Philippe Kla