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Culture/12 octobre 2006 - 12 octobre 2023: 17 ans déjà que Douk Saga repose à Williamsville !

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Né le 22 mai 1974 à Yamoussoukro, Stéphane Hamidou Doukouré de son vrai nom, Douk Saga est décédé le 12 octobre 2006 à Ouagadougou au Burkina Faso des suites d’une longue maladie. A l’origine de la création du couper-décaler avec sa bande joyeuse, ‘’La Jet Set parisienne’’, le ‘’Président’’ a marqué la Côte d’Ivoire, l’Afrique voire le monde avec sa façon de pratiquer la musique et de savourer en seulement moins de cinq ans de règne. 17 ans après, son souvenir reste encore frais dans les esprits.

Quelques grandes dates et anecdotes à savoir sur le « Sommet des sommets » !

De 2001 où depuis Paris, sa bande joyeuse de jetsetteurs et lui se sont fait entendre et voir par cette nouvelle façon d’aborder la vie et vivre à pleines dents, jusqu’en 2006, date de son décès, Douk Saga aura marqué toute une génération. Et continue d’ailleurs à inspirer de nombreux autres jeunes dont la vie a changé ces dernières décennies grâce à son héritage, le couper-décaler. Personnage emblématique et leader charismatique, ‘’le sommet de l’Himalaya’’ reste un homme dont la vie inspire, suscite la curiosité et des questionnements. Mort à seulement 32 ans, alors qu’il venait d’avoir moins de cinq ans de règne sur l’échiquier musical ivoirien, Douk Saga aura eu tous les honneurs. Avant de s’en aller pour un repos éternel au cimetière de Williamsville. Où sa bâtisse imposante dans cette nécropole reste toujours perceptible et entretenue. Retour sur des dates et événements importants qui ont marqué le temps de gloire et de règne du « président de la Jet Set ».

Début d’une épopée fantastique à Paris

Nous sommes en 2001. En pleine emprise de la musique congolaise sur la musique ivoirienne. A Paris, en France où des ivoiriens ayant investi dans le milieu de la nuit essaient tant bien que mal de donner une âme à la musique ivoirienne. Mission quelque peu difficile que réussiront finalement ces « seigneurs de la nuit parisienne »  dans le milieu afro. La « guerre des clans » qui fait rage pour déceler les meilleurs noceurs va finalement mettre sous les spotlights une nouvelle bande de jeunes noceurs. Même si ceux-ci, n’avaient au départ que pour intention d’imprimer leurs noms comme les meilleurs « payeurs », ils finiront par imposer un rythme de vie devenu une tendance.

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Avec leurs feelings différents de ceux de leurs concurrents puisqu’arborant des vêtements griffés « très près du corps », très vite leurs façons de danser et de s’amuser finissent par prendre au-delà de l’Atlantis où ils aimaient bien croquer la vie au milieu de cigares, champagnes et aussi de belles femmes. Ayant eu vent de leurs façons assez spéciales de faire la fête, David Monsoh, décide de faire d’eux de véritables stars mais aussi chanteurs. Plusieurs artistes dont Petit Denis, DJ Brico et bien d’autres sont appelés en renfort pour donner un peu plus de cadence et de rythme au mouvement. « L’arrangeur au doigté magique », David Tayorault n’est pas épargné dans cette aventure. Cette collaboration va déboucher sur une production musicale dont les premiers jets seront distillés en 2002 en pleine crise militaro-politique. C’est le début d’une épopée magique qui marquera à jamais la musique ivoirienne.

Naissance d’une nouvelle musicale

Alors que le Zouglou restait l’une des musiques urbaines phares de la Côte d’Ivoire, Douk Saga parvint à la faveur de la rébellion de septembre 2002,  qui avait coupé le pays en deux à imposer un autre rythme musical, le couper-décaler. Cette nouvelle musique qui est un mix de Zouglou, d’attalakus (emprunté à la musique congolaise) et de N’Domnbolo,  s’imposera très vite quoi qu’elle ne fait pas l’unanimité au sein des professionnels de la musique. Les nombreux concepts, le style vestimentaire et autres manières de savourer la vie finit par faire accepter très rapidement cette musique auprès du public et des mélomanes ivoiriens. Avec son « bataillon armé de joie et de bonté », Douk Saga et les siens, dont Molare, Lino Versace, Bôrô Sanguy, Chacoulé, Solo Béton, Kuyo Junior, Bedel Patassé, Serge Defalet et autres Jetsetteurs cristallisent les attentions et caporalisent les médias.

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De « Douk Saga en fête » en passant par « Héros national », « Sagacité », « Proclamation », le « Sommet des sommets » déchainent des foules et suscitent des attroupements à chaque apparition publique. Le mouvement s’agrandit très vite avec l’entrée en scène de Molare, Lino Versace, Bôrô Sanguy, Abou  Nidal, Serge Defalet, JJK et bien d’autres acteurs qui renforcent la suprématie de ce mouvement avec des concepts tout aussi particuliers. « Travaillement », « Couper-décaler chinois », « La chaussure qui parle », « Scénario », « Faro-faro », « Fouka fouka », « Le boucan » …et autres concepts vont accroître la côte de popularité du couper-décaler surtout avec la multitude d’acteurs qui en font désormais leur rythme musical de prédilection. L’internationalisation du rythme ne tardera pas avec des invitations sur de grands plateaux télé, des concerts sur le continent et de grands artistes qui se mettent dans la tendance.  

Les grandes dates et événements qui ont marqué la vie de Douk Saga

En 2004, au plus fort de son règne, Douk Saga donne son premier grand concert public à la salle Anoumabo du Palais de la Culture Bernard B. Dadié d’Abidjan-Treichville. Salle archi-comble. Personne ne voulant rater cette grand-messe du couper-décaler au cours de laquelle il y a de fortes probabilités de repartir chez soi avec des « travaillements » du « président », surtout qu’il avait pris le soin d’annoncer des « travaillements à outrance ». Lorsqu’il monte sur scène, ses premiers mots restent « les gens n’aiment pas les gens, ils aiment l’argent des gens ». Puis s’ensuit le jet dans le public de sa ceinture, ses chaussures, vêtements de marque. Mais le spectacle prendra aussitôt fin après qu’il ait annoncé le début du « travaillement ». La coupure de l’électricité dans la salle entrainant une insécurité et la  grande bousculade qui s’en suivi, mirent fin au show de Doug Saga .

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De 2004 à 2005, Douk Saga jouera au Burkina Faso, au Tchad, en Suisse, au Canada et en Europe. Alors qu’il était au sommet de sa gloire, il sera fauché par une mystérieuse maladie qui va le contraindre à faire des allers-retours entre Abidjan, l’Europe et le Burkina Faso, où il décèdera le 12 octobre 2006. Sur les causes de sa maladie, Douk Saga confiera dans une interview à Déclic Magazine (aujooud’hui disparu des tabloïds), avoir cocufié un béninois qui lui a jeté un sort. RTI Music, réalisa une interview exclusive avec Doug Saga, alors qu’il vivait au domicile familial de JJK. Amaigri et affaibli par la maladie, Douk Saga, aura le soutien du public ivoirien jusqu’au sommet de l’Etat, où des ministres iront le visiter. Il décède à Ouagadougou après s’y être rendu pour des soins.  Sa dépouille rapatriée à Abidjan, Douk Saga sera inhumé le 28 octobre 2006, après des obsèques aux allures nationales. Son cortège funèbre partira du Palais des sports de Treichville où s’est déroulée une veillée jusqu’au matin. Il aura droit à une reconnaissance nationale.

Anecdotes et astuces sur Douk Saga

Pointé du doigt comme un « brouteur » , Douk Saga confiait être détenteur d’un diplôme de BTS en informatique de gestion. Il a foulé le sol parisien le 12 juillet 2000. Selon Molare, Douk Saga ne sortait jamais sans certains de ses accessoires préférés dont son cigare et son sac à sous surnommé « Djakarta ». Il est à l’origine de la création des danses et concepts comme « La sagacité », « le décalement », « le s’envolement », le « fouetté-fouetté », « le pédalé » et « l’équilibré » . Il aimait à en mourir la chanteuse Chantal Taïba et avait pour amantes des femmes de ministres, des chanteuses, des femmes d’affaires. Autre anecdote surprenante, le président de la Jet Set parisienne caressait l’ambition de devenir président de la République. Père d’un enfant, Douk Saga avait bénéficié d’une prise en charge médicale présidentielle en Europe sous Laurent Gbagbo.

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Très attaché à son image, il comptait deux grands amis dans la presse à savoir Binaté Mamadou alors rédacteur en Chef de Déclic Magazine et Soum Junior actuel rédacteur en chef de Peopl’Emik et ex-rédacteur en  chef de Star Magazine. Pour de grands spectacles, il exigeait un cachet spécial « Travaillement », qui n’avait rien à voir avec son cachet. Ses citations préférées sont : « le sommet des sommets, le sommet de l’Himalaya », « les gens n’aiment pas les gens mais les gens aiment l’argent des gens », « celui qui n’a pas peur n’a pas le courage », « le feu c’est le feu », « l’ennemi de l’homme, c’est l’homme », « au-dessus d’une montagne, il y a toujours un sommet ». Contrairement, à la « pathologie pulmonaire chronique » qui l’aurait emporté, Molare a indiqué que son ami est décédé des suites du VIH-SIDA. Sa mère Fatoumata Doukouré est décédée le 06 mars 2014.

 

Philip KLA

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