Deux œuvres littéraires, regards croisés d’un prêtre et de deux journalistes culturels, viennent de paraître en librairie. Ces deux ouvrages viennent enrichir davantage sur la connaissance de ce genre musical et ses acteurs dans un contexte de célébration de ses trente ans.
30 ans après sa création, l’histoire du Zouglou vient d’être consignée dans deux ouvrages. Deux livres avec deux regards différents sur ce genre musical majeur né dans les années 90.
D’un côté, nous avons le duo de journalistes culturels Eric Cossa (Top Visages) et Serges N’Guessant (Fraternité Matin) qui dévoilent dans ‘’Gbê est mieux que drap’’, des vérités cachées autour du Zouglou. Et d’un autre, le Père Don Abib Marcellin, actuel Vicaire de la paroisse Saint Thomas d’Agban-village dans la commune d’Attécoubé, avec "Foi et Culture : Quand le Zouglou chante Dieu’’.
Avec leurs expériences de journalistes culturels ayant vécu des temps fort de la naissance du Zouglou Eric Cossa et Serges N’Guessant apportent un éclairage journalistique sur ce genre musical trentenaire devenu une identité musicale de la Côte d’Ivoire. Aussi, donnent-ils la parole à des acteurs majeurs à l’origine de la création du Zouglou non sans livrer des anecdotes inédites sur la survie d’un genre musical dont on prédisait la mort. « Contre vents et marées, 30 ans après, cette création exclusivement ivoirienne est toujours dans la course et à la Une des médias en Côte d’Ivoire, en Afrique, en Europe et en Amérique. Avec l’arrestation de Yodé et Siro le mercredi 02 décembre 2020, pour avoir critiqué un procureur de la République, pendant un spectacle à Yopougon. Yes, le zouglou est là ! Et encore plus fort et critique », se réjouissent les auteurs sur la quatrième de couverture.
Dans ce livre subdivisé en sept chapitres, Eric Cossa et Serges N’Guessant replongent le lecteur dans les premières années de la création du Zouglou tout en mettant un accent particulier sur les pionniers et ambassadeurs de ce genre musical. Œuvre écrite avec une démarche journalistique pour jeter leur regard sur le Zouglou qui totalise trente ans de vie, ‘’Zouglou 30 ans : Gbè est mieux que drap’’ veut retracer l’histoire vraie de cette musique née dans les campus universitaires et contribuer ainsi à son immortalité.
La dimension religieuse du Zouglou explorée par le Père Don Abib Marcellin
Se présentant comme un essayiste, l’Homme de Dieu qui fait une incursion dans le Zouglou explique sa démarche par son « envie de transmission, de communication de ce que j’ai reçu et du peu que je sais ». Si le fait d’écrire sur un genre musical différent du domaine religieux peut paraître étrange pour certains, pour lui, ce n’est point un tabou puisqu’ayant déjà écrit sur de tels sujets. « Je me rappelle qu’au Grand Séminaire d’Anyama, en 2006, j’ai écrit un article dans le bulletin de réflexion et de formation "Forêts et Savanes" sur le thème suivant: Regard socio-éthique sur les phénomènes du "boucan et du wolosso" : incidences et rapports avec le développement social », justifie-t-il.
Pour l’auteur du livre "Foi et culture: quand le Zouglou chante Dieu", sa « véritable motivation est de porter et de faire entendre le message de l’amour de Dieu dans le monde de la culture ». Ainsi, se sert-il du Zouglou, pour montrer la corrélation entre Dieu le binôme foi et culture. Il est clair pour lui que le Zouglou étant une identité musicale incontestée de la Côte d’Ivoire, il n’y a point tabou de retracer l’histoire de ce genre musical, quoique prêtre. « Aujourd’hui, le Zouglou est une musique identitaire en Côte d’Ivoire. En analysant où et comment il est né et son mode de déploiement, je pense qu’il n’est pas bon de cataloguer, ni stigmatiser cette musique. D’ailleurs, il est important de savoir que la clé d’appréciation d’une musique doit être basée sur cette trilogie : mélodie, texte et rythme. Sur cette base, le Zouglou peut constituer un tremplin d’évangélisation, mais en même temps il a besoin d’être évangélisé. D’où l’urgence de l’accompagnement des artistes, à travers une pastorale catégorielle, une aumônerie qui leur sera dédiée », défend-t-il.
Evoquant son admiration pour le Zouglou pour ses textes évocateurs, profonds et denses, l’auteur invite le lecteur « à prendre certains textes Zouglou dans leur composition musicale pour mesurer leur portée spirituelle, humaine, morale et sociale ». Et pour lui, le Zouglou reste « un langage, une philosophie, une musique, un esprit » avec une dimension familiale, les ‘’zouglouphiles’’ ayant eu cette habitude de s’appeler « parents ». C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, dit-il apprécier le Zouglou Gospel promu par Richard Krémé.
Philippe Kla