Culture

Yabongo Lova, Roseline Layo, Luckson Padaud, Sery Simplice, Didi B. : Que valent au juste ces disques d’or à l’ivoirienne ?

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Yabongo Lova, Roseline Layo, Luckson Padaud, Sery Simplice, Didi B. ont reçu des disques d’or mais pas tous certifiés par l’APRODEMCI.
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Après la polémique suscitée en 2018 par le disque d’or décerné à Yabongo Lova, de plus vives ont réapparu cette année soit cinq ans plus tard avec les récents disques d’or décernés à Roseline Layo, Luckson Padaud, Sery Simplice et Didi B. Une situation peu confortable qui met mal à l’aise à la fois les artistes récipiendaires, leurs fans, les mélomanes ainsi que la crédibilité du showbiz ivoirien. L’Avenir vous replonge dans ce phénomène de ces ‘’vrais faux disques d’or à l’ivoirienne’’ avec une position affichée de l’APRODEMCI, l’organe ivoirien se présentant comme le désormais certificateur des disques d’or à l’ivoirienne.

A l’instar du Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP) et de l’Union des producteurs phonographiques français indépendants (UPFI) en France qui décernent des disques d’or, l'Association des producteurs et éditeurs de musique de Côte d’Ivoire (APRODEMCI) dirigée depuis peu par Angelo Kabila tente tant bien que mal de se positionner comme l’organe certificateur du disque d’or à l’ivoirienne. Une initiative louable mais dont les résultats sont contestés à chacune des sorties.

 

L’entrée ratée avec Yabongo Lova

En mai 2018, Mike Le Bosso, alors producteur de Yabongo Lova se réjouissait du disque d’or qui était en vue d’être décerné à son poulain. Un disque d’or qui selon lui avait été obtenu chez Believe Digitale en France avec des ventes de CDs estimées à 50 000 et 25 000 téléchargements. Mais cette joie du producteur sera de courte durée puisqu’ayant découvert que c’est loin d’être Believe Digitale en France qui avait décerné le disque d’or. « Je vous dis et je confirme que Yabongo Lova n’a pas eu de disque d’or, c’est du mensonge », avait-il déploré. Finalement, le 12 juillet 2018, une cérémonie sera organisée au Palais de la Culture Bernard B. Dadié du Palais de la Culture d’Abidjan-Treichville à l’issue de laquelle le ‘’fameux’’ disque d’or sera décerné à Yabongo Lova. A la manette de cette cérémonie, l’APRODEMCI représentée par son président d’alors Henry Kattié, son vice-président et porte-parole Aristide Dico, son secrétaire général Ousmane Diarra et son conseiller Badmos. Même si ces personnalités sont bien connues du showbiz ivoirien, toutefois leurs arguments pour justifier ce disque d’or décerné au ‘’Luche’’ seront peu convaincants. Toute chose qui va enfler la polémique sur l’opportunité d’une telle action. Cependant, en prenant cette initiative, même si quelque peu opportuniste, l’APRODEMCI voulait ainsi donner la chance à certains artistes en dehors de Magic System, Alpha Blondy, Tiken Jah… (habitués aux disques d’or européens) de ressentir la joie de détenir un tel sésame. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, cet organisme avait plafonné les ventes de CDs à 10 000 pour coller au mieux aux réalités ivoiriennes. Malheureusement, plutôt que de contribuer à asseoir un label ivoirien de certification de disque d’or, l’APRODEMCI a fini par créer encore plus de tensions et de fractures au sein du showbiz ivoirien avec cette façon de faire.    

 

Roseline Layo, Luckson Padaud, Sery Simplice, leurs disques d’or ne sont reconnus par aucun organisme ivoirien

Le samedi 10 juin 2023, à l’occasion de la célébration parisienne des 40 ans de carrière de Luckson Padaud, trois artistes ivoiriens se voyaient décerner des disques d’or. Luckson Padaud et Sery Simplice recevaient des disques d’or « pour leurs carrières émérites depuis autant d’années » quant à Roseline Layo elle c’était « pour sa performance musicale », selon Maurice Bandaman, ancien ministre de la Culture et de la Francophonie et actuel ambassadeur de la Côte d’Ivoire en France. Si les récipiendaires de ces sésames ont fait fi des mentions de ce disque d’or aux caractéristiques spéciales, il est clair qu’il y avait une volonté de ceux-ci de voir leurs fans célébrer avec eux leurs nouvelles performances. Selon Aristide Dico, Secrétaire Général de l'Association des producteurs et éditeurs de musiques en Côte d'Ivoire, ces trois disques d’or ne sont pas certifiés par le label ivoirien. « Pour Roseline Layo, le seul commentaire que je peux faire est qu'elle n'a pas obtenu la CADOR de l'Association des producteurs et éditeurs de musiques de Côte d’Ivoire. Pour ce que je sais, elle a reçu de façon honorifique (NDLR : Ce sont ses mots) ce disque d'or par deux structures organisatrices d'un concert hommage aux doyens Sery Simplice et Luckson Padaud en France. Donc ni le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP), ni l'Union des producteurs phonographiques français indépendants (UPFI) en France, ni l'APRODEMCI en Côte d'Ivoire ne sont mêlés à ce disque d'or qui est plus basé sur le nombre de vues sur YouTube que sur les critères mondialement connus de vente. Ce qui n'enlève rien à la valeur et au talent de Roseline que je considère, avec Josey, comptant parmi les meilleures chanteuses de la nouvelle génération en Afrique », a-t-il confié.

 

Didi B. premier disque d’or labélisé made in Côte d’Ivoire après celui controversé de Yabongo Lova

Samedi 22 juillet 2023 au Parc des Expositions, Didi B. recevait, au cours du  spectacle ‘’Le Choc des trois mondes’’, des mains de la ministre de la Culture et de la Francophonie, Françoise Remarck et son collègue du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME, Souleymane Diarrassouba, son premier disque d’or de sa carrière, un disque d’or au parfum et au label ivoirien. Un couronnement pour un artiste qui a démarré une carrière solo il y a juste deux ans qui n’a pas manqué de susciter la fierté et l’admiration de la ministre Françoise Remarck. « Le président de la République est très fier de vous également et il vous a dédié cette année. Grâce au travail du ministre du Commerce, il vous a offert ce merveilleux Parc des Expositions où toutes les expressions seront présentes. Vous allez faire rayonner notre pays. Merci de croire en la Culture, merci de croire en Didi B. C’est pour tout cela que le président de la République a souhaité vous offrir un endroit aussi merveilleux afin que l’on célèbre nos talents ivoiriens qui rayonnent à travers le monde », avait-elle témoigné à l’auteur de l’album ‘’Tala’’. Aussitôt Molare et KS Bloom ont apporté leurs soutiens au récipiendaire dont le disque d’or avait commencé à créer des polémiques sur la toile. N’empêche, Didi B. lui célèbre ce sésame qu’il estime aux normes. « En plein spectacle, recevoir mon premier disque d’or certifié, c’est le rêve que j’ai eu dès mes débuts. Ce disque d’or est le témoignage du travail que mon équipe et moi avons accompli et que le public a apprécié à sa juste valeur. Ce disque d’or valorise tous les acteurs de l’industrie musicale en Côte d’Ivoire et est un espoir, un encouragement pour les autorités et les acteurs de l’industrie à mettre en place des politiques et des financements, pour nous les acteurs de l’art et du spectacle », a-t-il témoigné. Pour Aristide Dico, le disque d’or de Didi B. ne devrait souffrir d’aucune contestation puisqu’étant certifié par l’APRODEMCI. « Le disque d'or de Didi B. a reçu la CADOR (Certification APRODEMCI pour disque d'or) sur la base des chiffres fournis par sa maison de disques Dream Maker. Donc c'est un disque d’or certifié par l'APRODEMCI qui est le seul organisme en Côte d'Ivoire à décerner le précieux trophée », a-t-il tranché.

Philip KLA

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