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Interview/ Lino Versace (Artiste-chanteur) : « Dieu permettra la venue d’un nouvel Arafat ou d’un autre Douk Saga »

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De plus en plus porté sur le business et l’entreprenariat avec toujours un pied dans la musique, Lino Versace a entamé une nouvelle vie. Loin des spotlights et autres night-clubs dont il raffolait dans les premiers moments de la création du couper-décaler avec ses amis de la Jet-Set. A Abidjan pour peaufiner ses affaires et aussi lancer son nouvel album, l’ex-jet-setteur s’est confié à L’Avenir.

Lino Versace est à Abidjan depuis quelques temps. Peut-on connaître l’actualité qui t’a amené ici, vu que tu n’es pas là tous les jours ?

Effectivement, je suis à Abidjan depuis deux (02) semaines. Je suis là dans le cadre de la promotion de mon single intitulé "C’est le travail qui paie", extrait de l’album "Condamné pour réussir" prévu pour le 23 juillet prochain. Dans le même élan, je suis venu signer une convention avec la HACA pour l’octroi d’une fréquence. Nous avons créé "One Radio" avec mon ami qui en est le fondateur. Je suis donc à Abidjan pour la signature de la convention pour l’octroi de la fréquence qui est 87.7 Fm. Normalement, jusqu’au 1er août, on devrait pouvoir commencer à émettre.

 

Ex-jet-setteur, chanteur, aujourd’hui on se lance dans un projet de création de radio….

Oui, vous savez, la vie est faite d’opportunités. La musique nous a permis d’avoir une visibilité et il y a certaines opportunités qu’il faut pouvoir saisir. Je pense qu’en tant qu’artiste, en tant qu’Ivoirien, si je peux contribuer de façon modeste au développement économique et culturel de mon pays, je le fais. Tous les fils et filles de ce pays doivent contribuer et participer à son développement.

 

Est-ce parce que la chanson ne marche plus que Lino Versace veut se reconvertir dans un autre secteur d’activités ?

Non, la chanson marche. Depuis un an et demi, les artistes qui vivent en France ne font pas de prestations, parce qu’il y a eu le confinement. Mais avant, j’ai fait des concerts avec la mairie de ma ville. Étant en France, j’ai eu la chance de faire des concerts en Europe. Mais depuis l’avènement de la Covid-19, les activités se sont un peu ralenties. Je me suis dit qu’il fallait que je participe au développement de mon pays et la radio a été une opportunité. A travers elle, on pourra éduquer, informer, sensibiliser et interpeler la jeunesse. Aujourd’hui, les artistes sont vus comme des amuseurs de galeries et c’est cette mentalité que nous voulons changer. Ça existe dans les pays anglophones. Aux USA, il y a des artistes qui sont dans le pétrole, dans les mines, dans les affaires et je pense que les francophones sont en retard sur ce genre de choses. On doit changer cette mentalité qui dit qu’un artiste doit se limiter à la musique. Un artiste peut avoir plusieurs activités.

 

« Aujourd’hui, les artistes sont vus comme des amuseurs de galeries »

 

 

 

Mais, qu’est-ce qui va faire la particularité de cette radio, vu qu’il y a plusieurs radios qui existent déjà sur la place ?

La différence, c’est déjà l’expérience que j’ai acquise personnellement, sans oublier celle de mon associé. Il a déjà créé une radio et l’a déployée dans plusieurs pays africains avec 7 ans d’expérience. Il y a aussi Miss Tour qui a 40 ans d’expérience. Elle a fait partie des membres fondateurs d’Energie France et a aussi travaillé sur le déploiement de certaines radios locales. Je pense qu’avec toutes ces personnes, on va arriver à créer quelque chose de nouveau. Pour l’instant, je ne peux pas donner certains détails, mais je pense qu’on fera la surprise, les gens vont découvrir la radio, ce sera un niveau très élevé.

 

Mais, pourquoi aimez-vous tant les médias ?

Mon objectif n’est pas de créer un média pour avoir une certaine emprise, il s’agit de créer une alternative. La radio a été une opportunité et j’en suis bien conscient. Quand je regarde un peu la culture ivoirienne, je me dis que si je peux la soutenir en apportant quelque chose, il faut le faire sans hésitation. Peut-être que c’est une coïncidence, mais ça reste une opportunité qui m’aide à atteindre mon objectif. Je pense qu’en tant qu’artiste, quand on fait de la musique, on veut qu’elle soit diffusée à la télévision, ensuite à la radio, et après, la presse écrite prend le relais. Donc c’est une suite logique en fait.

 

Justement. Tu te plaignais de cette chaîne de télé où tu as été l’un des premiers artistes ivoiriens à y jouer tes clips et qui à un moment, a choisi d’autres personnes. Toute chose que tu avais décriée et déplorée…

Non, je n’ai jamais décrié cela. Je me dis quand une personne te donne de l’eau à boire dans le désert, il faut avoir du respect pour cette personne. J’estime que j’ai contribué à ma façon, au positionnement de cette chaîne de télé. S’ils estiment qu’ils n’ont plus besoin de me diffuser, il n’y a pas de problème. De toutes les façons, cela fait maintenant 8 à 9 ans qu’ils ne le font pas. Je ne vais pas toujours les tancer, parce que je me souviens de ce qu’ils ont fait pour moi hier. Aujourd’hui, ils sont libres de diffuser qui ils veulent, je ne peux pas décrier cela. Si vous êtes chez vous à la maison et que vous décidez de ne recevoir personne, personne ne viendra se plaindre. C’est leur choix et je le respecte. Je respecte aussi ce qu’ils font, parce qu’ils contribuent tous, à leur niveau, au développement et à la promotion de la culture africaine et c’est ce qu’il faut retenir, il faut positiver dans la vie.

 

« J’aide tous les artistes ivoiriens »

On imagine qu’avec cette chaîne de radio, ce sera la part belle à la promotion du couper-décaler…

Non, loin de là ! Mais je ne veux pas en parler maintenant. Je sais que je suis natif du couper-décaler, et les gens ont l’impression que j’aide seulement que les artistes du couper-décaler, alors que j’aide tous les artistes ivoiriens qui font de la musique ivoirienne. Le but de cette radio est de donner la possibilité à tous les artistes ivoiriens, aux journalistes ivoiriens et aux acteurs de la culture ivoirienne, de pouvoir s’exprimer. C’est vraiment une radio qui sera apolitique. C’est donc donner l’occasion aux gens qui ont des compétences de s’exprimer.

 

Quel regard portes-tu sur le couper-décaler actuellement ?

Je pense qu’artistiquement et musicalement, il y a vraiment une évolution. Il faut acclamer ses acteurs. La plupart de ses artistes font le plein du Palais de la Culture actuellement. Ça fait vraiment plaisir de voir ces jeunes qui ont réussi à changer la donne, à changer musicalement, à apporter une nouvelle couleur qui aujourd’hui fait que le couper-décaler perdure. Après, on a des critiques constructives, il y a beaucoup à faire au niveau de la gestion, au niveau de l’éducation également. Il a beaucoup trop de clashs, ce n’est pas bon. La Côte d’Ivoire a besoin d’être réconciliée et nous devons tous contribuer à la cohésion sociale et à la paix dans notre pays. Si on continue dans la haine, dans la violence, je pense que ce n’est pas intéressant. Donc, qu’ils avancent et qu’ils sachent qu’ils ont un produit qui peut leur permettre de gagner beaucoup d’argent.

 

C’est vrai que tu n’étais pas aux obsèques de DJ Arafat, le "King du couper-décaler". Toutefois, tu as pu constater que depuis son décès, le couper-décaler a pris une douche froide …

Je pense qu’Arafat est décédé ça fera bientôt 3 ans. Et après sa mort, nous sommes rentrés dans la période de la Covid-19. Ce sont deux événements difficiles que nous avons vécus. La mort de DJ Arafat a été un choc pour les Ivoiriens et particulièrement pour le couper décaler. Laissons les gens digérer cette perte. Dieu permettra la venue d’un nouvel Arafat ou d’un autre Douk Saga ou d’un autre acteur du couper-décaler qui va venir avec son esprit pour contribuer au couper-décaler d’une autre manière. Donc soyons patients, c’est Dieu seul qui élève et il sait à quel moment le faire.

 

Vous qui êtes à l’origine de la création du mouvement, quel est votre apport pour rehausser le niveau ?

Je ne me suis pas vraiment retiré du mouvement, mais chez nous, on dit quand la main gauche pose une action, la main droite n’est pas obligée de le savoir. Je mène pas mal d’actions que je ne publie pas sur la toile. Sinon de loin, en Occident, j’essaie à ma manière de soutenir le couper-décaler. J’essaie de conseiller des artistes, de les mettre en relation. J’essaie de mener des actions dans le but de promouvoir le mouvement. J’ai du mal à parler de ce que je fais, sinon je ne me suis pas mis en retrait. Il faut savoir que la nature peut parfois nous imposer des choses, raison pour laquelle j’ai pris du recul pour apprendre. Ici, on ne considère pas la musique comme un métier. Mais en Occident, la musique est un métier dont on doit avoir des connaissances techniques et basiques. Donc, je me suis donné du temps pour avoir ces connaissances pour être demain, celui qui va partager ses connaissances pour défendre les intérêts du couper-décaler.

 

« La mort de DJ Arafat a été un choc pour les Ivoiriens et particulièrement pour le couper décaler »

 

 

On parle de réconciliation, mais on a assisté à une implosion de la Jet-Set au point où Lino Versace et Molare ne se parlent plus, alors que hier, ils étaient des frères inséparables…

Il faut comprendre que souvent, la vie nous impose des choses. Ce n’est pas quelque chose qu’on a voulu ou qu’on a programmé. Je suis là-bas et lui, ici. Il a des attaches ici avec des personnes avec qui il partage son quotidien, c’est ce qui fait qu’on ne se voit pas. Sinon, je ne pense pas qu’il y ait une véritable guerre comme vous le dîtes. Nous sommes une famille et Dieu par sa grâce, a voulu que nous puissions créer un mouvement qui a impacté la Côte d’Ivoire et l’Afrique. Nous sommes donc liés par ce bébé qui est né. Ce sont nos différents programmes qui font qu’on ne se voit pas, mais si Dieu fait grâce, je pense qu’on pourra manger un bout et prendre un pot ensemble.

 

Actuellement Molare est en France où il a rencontré d’autres membres influents de la Jet-Set pendant que tu es à Abidjan. C’était une bonne idée ?

Je pense que c’est salutaire. Il est toujours bien de rencontrer toute personne avec qui vous avez collaboré ou partagé des moments de convivialité.

 

Pour revenir au projet, quand comptes-tu le démarrer et à quand ton retour définitif ?

Ça se fera petit à petit. J’ai une famille et des activités là-bas, je dois donc préparer les esprits pour ne pas que le retour soit brusque. Pour le lancement du projet, nous n’avons pas encore arrêté une date fixe. Nous sommes actuellement en train de faire des séances de travail pour bien ficeler les choses. C’est en fonction des dernières décisions que nous allons faire des conférences de presse pour le lancement. Pour ce qui concerne la musique, je sors un album le 23 juillet prochain. Il est intitulé "Condamné à réussir", car les gens ont pour habitude de condamner à mort. Mais moi, j’ai voulu changer les choses, parce que j’estime qu’en tant qu’artiste, je dois être un porteur de messages pour inciter les gens à croire en eux et en leurs rêves. C’est un album de 13 titres dans lequel j’ai fait des collaborations avec d’autres artistes, comme H Magnum, Dj Mix et Ariel Sheney. Le titre "Equilibré" vient parler de solidarité et de cohésion.

 

Par Philip KLA

 

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