Culture

Interview/Sevana Tchakerian (Artiste arménienne, fondatrice du groupe arménien JINJ): « Nous sommes les premiers artistes arméniens à participer au MASA »

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Sélectionné à la 13ème édition du Marché des arts du spectacle d’Abidjan (MASA) qui s’est tenue du 13 au 20 avril à Abidjan, le groupe arménien JINJ, d’ailleurs premier groupe de ce pays de l’orient à participer à l’événement s’est ouvert à L’Avenir. Sevana Tchakerian, la fondatrice et chanteuse du groupe (franco-arménienne vivant en France) a établi le dialogue avec nous pour partager sa vision de l’Afrique, la culture de son pays. Gor Tadevosyan, Ashik Taoevosyan et Varden Paremuzyan, ses compatriotes et aussi membres du groupe étaient à ses côtés pour cette interview.

Comment avez-vous découvert le MASA ?

J’ai vu l’information à travers un réseau de musiques francophones étant donné que moi je vis en France. Vu qu’il y avait la partie marché pour les artistes locaux et la partie festival, j’ai décidé de postuler et quelques semaines plus tard, j’ai été agréablement surprise que la direction réponde favorablement à notre candidature. J’en ai parlé aux autres membres du groupe pour demander leurs avis et ils étaient tous ravis. C’est notre première fois en Afrique. C’est d’ailleurs très rare de voir des artistes arméniens sur le continent. Nous sommes les premiers artistes arméniens à participer au MASA.

Quelle est la particularité de la culture arménienne ?

Enormément de choses. Nous avons d’abord une langue qui est propre aux arméniens, une église également. On est un petit pays et on est aussi l’un des rares pays à rester chrétien dans l’Orient. Etant dans le milieu du Caucase, on a

des influences, des dialogues culturels avec nos voisins même si parfois ceux-ci sont parfois un peu hostiles. Notre musique est très ancienne. On a certes une tradition de musique liturgique mais on a aussi une musique profane, traditionnelle qui nous vient des villages. L’Arménie a un énorme potentiel artistique, beaucoup de talents également.

En tant que groupe arménien, à quel niveau vous classez-vous en Arménie ?

Ce que nous faisons est sûrement très nouveau pour les gens qui sont habitués a des choses très standardisées.

En dehors des musiques traditionnelles, quels sont les genres musicaux les plus écoutés chez vous ?

Tout ce qui est Hip Hop, la variété et on a une musique dite musique des ouvriers qui est très répandue. A la base, c’est une musique de mariage, c’est très fort. Notre musique est plus difficile à digérer par les arméniens parce qu’ils se définissent une idée de comment doit être la musique arménienne. Ce que j’ai trouvé génial, c’est qu’en Côte d’Ivoire les gens ont l’oreille ouverte étant donné que c’est une musique nouvelle pour eux, ils l’écoutent avec un esprit ouvert. Nous, nous avons fait un choix au niveau de notre groupe parce que nous ne voulons pas faire la musique que pour l’Arménie mais pour l’international.

C’est votre première fois d’arriver en Afrique. Je sais que vous aviez des appréhensions sur le continent. Comment avez-vous trouvé Abidjan ?

J’ai rêvé aimer l’Afrique, j’ai cherché de connaître les musiques des différents pays de l’Afrique mais je puis dire que tout est vraiment différent de ce qu’on a pu voir à travers nos recherches. J’ai grandi à Paris et donc je peux dire que je connais un peu la culture africaine. Une fois sur place, j’ai senti que c’est très différent dans la manière de converser, de penser. En France comme en Arménie, les gens sont chaleureux mais d’une autre manière. En Arménie par exemple, les gens seront un peu méfiants au début mais ici, les gens nous ont bien accueillis depuis le début et il y a un côté léger et moins lourd dans le cœur des gens. Ce qui est bien c’est que cela n’a rien à voir avec la situation socio-professionnelle. C’est en somme une philosophie très différente de ce qu’on voit chez nous. En clair, philosophiquement, je me sens beaucoup plus à l’aise ici parce qu’ici l’approche est beaucoup plus naturelle. D’ailleurs, j’ai été agréablement surprise de voir qu’il n’y avait pas autant d’enfant qui étaient sur leurs téléphones, ce qui n’est pas le cas en Arménie comme en France. Là-bas, tous les enfants même dans la rue jouent sur leurs téléphones et des écrans. Ici, naturellement, les enfants grandissent socialement plus ouverts et plus libres et plus créatifs.

Connaissez-vous des artistes ivoiriens ?

Etant donné que je vis en France, seul le groupe Magic System que je connais. Ici aussi, j’ai eu la chance de découvrir un artiste comme Didi B. En France par exemple, on écoute beaucoup plus les artistes congolais, nigérians mais malheureusement on connaît très peu les artistes ivoiriens.

Le MASA étant un marché, est-ce que vous avez pu y avoir des opportunités de spectacles ?

Oui ! Nous avons eu plusieurs invitations à revenir ici. Notre but en venant au MASA était de faire nos premiers pas en Afrique pour voir comment le public africain réagit à notre musique. C’est d’ailleurs aussi pour cela que j’ai opté pour un manager franco-sénégalais. Il nous permettra de faire facilement le pont entre l’Arménie et l’Afrique. On prévoit même des collaborations avec des artistes ivoiriens. Je pense que notre connexion totale avec l’Afrique partira de cette première expérience avec Abidjan. J’aime beaucoup la musique africaine surtout les rythmes. La musique ici est dans le sang.

En tant qu’arméniens, quel message derrière votre première venue en Afrique ?

En vrai, l’Arménie est un petit pays de 03 millions d’habitants. Notre pays a subi un génocide d’où nous sommes des descendants directs. Malgré tout ce qu’on a pu vivre, on continue à se battre. Notre peuple a vraiment à la fois une culture ancestrale mais beaucoup de résilience. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous continuons au travers de la musique à faire porter nos voix partout.

 

Philip KLA

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