Ange Farot : Monsieur soirée, toujours exploité et jamais récompensé…
Ange Farot adore la danse et il a fortement contribué à la promotion et à la vulgarisation du couper-décaler dans les années 2000. Aux mille maquis à Marcory où il avait sa base, Ange Farot, toujours paré dans un costume atypique, arrêtait de danser lorsque les décibels de ces nombreux maquis, bars et night-clubs s’éteignaient. Sans être un client potentiel pour ces espaces de loisirs, ‘’l’homme panthère’’ savait mettre l’ambiance dans ces lieux de plaisir. Certains noceurs se déplaçaient souvent dans ces lieux, rien que pour voir ‘’Monsieur soirée’’. Et pourtant, rien ne prédestinait Ange Ezalé Appiah, son nom à l’Etat civil, à cette vie de star qui ne lui réussit pas. Selon son propre témoignage, son amour pour les tenues en peaux d’animaux remonte à une visite dans au zoo. En voyant les panthères, les léopards et autres félins, quelque chose en lui s’est mis en éveil brutalement. « J’ai eu du mal à quitter ces animaux, révèle-t-il. Même quand on était déjà sorti du zoo, j’y suis retourné pour regarder à nouveau ces magnifiques animaux et leurs parures ».
Depuis lors, Monsieur soirée est devenue une coqueluche des boîtes de nuit et coins chauds de la capitale économique faisant oublier même, son handicap. Lui qui avait été victime d’un grave accident de la circulation lui causant d’énormes troubles de mémoire, entamera sa montée à la gloire par des figurations dans des clips, avant d’être produit comme artiste. Même si cette entrée dans le showbiz ne lui a pas été beaucoup profitable sur le plan financier, du fait d’un entourage véreux, il a toutefois pu asseoir pendant au moins près de deux décennies, une célébrité et une notoriété dans le showbiz ivoirien. Tantôt père de quatre enfants tantôt père d’un enfant, Ange Farot réside toujours à Marcory et espère un jour, allier célébrité et entrée financière conséquente.
Pantcho Le Gatair : Il a fini par tout gâter !
Avec tous ses sens au complet, Pantcho Le Gatair semble se complaire dans une posture de ‘’bouffon’’ du showbiz. Fils de Marcory également, à l’instar d’Ange Farot, Pantcho Le Gatair a vécu la galère, avant de connaître la célébrité grâce à sa reconversion dans l’humour. Pipi Lewis à l’époque où il faisait le tour des coins chauds de Marcory la nuit tombée, espérant avoir une prestation, il était refoulé et se contentait de ristournes et actes de générosité de certains noceurs. Toujours refoulé, ses débuts de carrière dans la musique étaient marqués par les railleries, les foutaises et autres brimades de ‘’gros bras’’, commis aux portes des bars. A l’état civil, il s’appelle Daly Dago Aristide. Du haut de son mètre presque 20 ou 30, il comprit plus tard, qu’il n’était certainement pas destiné à une carrière prometteuse de chanteur. Comme prédestiné à réussir ailleurs, il se lance dans le web-humour qui finira par lui réussir. Très sollicité, il parvient à se faire un bon carnet d’adresses dans le showbiz. Au nombre des desquels Le Roi 12 12. Ce parrain généreux trouvé, Pantcho Le Gatair se couvrira de ridicule pour continuer à être dans les bonnes grâces de l’homme d’affaires malien. Se coucher comme un bébé dans les bras de ce généreux parrain qui lui couvre de billets de banque, chanter à sa gloire ou ramper pour le saluer, il n’en n’a cure. Pour lui, la dignité et l’honneur s’arrêtent là où il y a l’argent. Et de ce web-humoriste apprécié, il est devenu le ‘’bouffon’’ de service du Roi 12 12.
Dougoutigui : Il porte désormais seul, sa croix
La célébrité, il l’a eue grâce à une insignifiante vidéo postée sur les réseaux sociaux qui est devenue virale. À l'état civil, il se nomme Boyou Hugues Martial. Jumeau, il est originaire de Guessihio, un petit village de Gagnoa. De simple amuseur dans son entourage, il est devenu celui avec qui tous voulaient s’afficher, après son arrivée à Abidjan. Très vite, un staff se crée autour de lui pour lui permettre de rentabiliser sur son buzz. Très chanceux, il est reçu par d’importantes autorités dont le ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l'Insertion Professionnelle et du Service Civique, Mamadou Touré, qui décide de réaliser ses rêves. Un important projet de ferme est mis en place pour lui. Novice et friand de show, il délaissera sa ferme pour s’improviser boucantier. Il finit par se séparer de son staff d’avec qui il ne partage plus la même vision, se complaisant dans les soirées mondaines avec des filles aux moralités et mœurs légères. À peine tentera-t-il de se ressaisir de cette vie loin d’être celle d’un entrepreneur qu’il se rend compte qu’il n’a plus rien. Dès lors, commence-t-il à lancer des SOS à l’endroit du ministre Mamadou Touré dont les priorités ne se limitent pas qu’à aider à sortir du trou, un seul jeune. Convaincu qu’il venait de sceller son sort par sa vie de débauche et qu’il n’aurait plus une 2e chance, il finit par se tourner vers Dieu. De Dougoutigui, il devient Apôtre Paul, portant sa croix, seul, espérant un miracle divin qui vienne tout remettre sur les rails.
Micou Izé Izé : Le ventripotent perdu par la politique du ventre
Henry Michel Gnagne Agnès dit Micou Izé Izé se faisait découvrir et connaître du grand public en décembre 2019 avec son apparition dans le clip de la chanson ‘’Mon Zouglou’’ du groupe 100 Façon. Micou qui finira par ajouter à son pseudonyme, le refrain ‘’Izé izé’’ de cette chanson, a vite été remarqué par les mélomanes, avec sa façon loufoque de danser et exposer son gros ventre sans retenue. Ex-petite main de maquis à Yopougon, il côtoie désormais la célébrité. Une célébrité qui lui montera très vite à la tête. Le duo du groupe ayant décidé de lui donner sa chance d’être à leur côté pour des prestations. Voyant plus gros que son ventre, Micou mène une concurrence déloyale au groupe en encaissant le cachet des spectacles pour se produire seul sur le son du duo. Prince et Léo finissent par avoir sa peau à coups de dénonciation et de matraquage médiatique. Finalement, la politique du ventre ne réussissant partout et toujours, il est très vite rattrapé et retournera dans le grand anonymat, après un petit temps de célébrité.
Le Père Daloa : L’homme qui est né après la honte…
‘’Amonnan, c’est cuit ! On n’a pas l’argent pour construu, on a l’argent pour mangeeuu !!! ’’, c’est par ce cri de cœur qu’il s’est fait connaitre sur les réseaux sociaux dévorant de grands plats de nourriture. Cette façon d’exposer sa gourmandise sur les réseaux sociaux va lui permettre de quitter Daloa pour Abidjan. À l’état civil, il s’appelle Doumbia Abdouramane. Il est marié et père de deux enfants. ‘’Grouilleur’’ dans l’âme, une fois à Abidjan il ne se contentera pas que d’avaler de copieux repas dans les restaurants qui lui ouvrent gratuitement leurs portes. Parallèlement, ce père de famille résidant dans la commune d’Anyama continue son commerce de vente de sacs. Pendant son ascension qu’il doit aux réseaux sociaux ainsi qu’aux nouvelles chaînes de télévision friandes de people, Le Père Daloa décroche des aides, des dons et même des terrains. Il se lance dans la construction de sa maison à Gagnoa et n’hésite pas à titiller et à lancer des piques à Debordo Leekunfa qu’il invite à en faire autant. Si tout allait bien chez lui, il va tomber dans la pire bouffonnerie et pitrerie lorsque son chemin croise celui du jet-seteur malien, Roi 12 12. Après avoir vanté l’homme, il passe à la vitesse supérieure en rampant à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny devant une foule acquise à sa cause à l’honneur de celui qu’il considère désormais son ‘’papa’’. Ce geste très critiqué par les internautes sera considéré par lui comme un encouragement à continuer. Même la honte qu’il a subie lors du spectacle ‘’Bonjour 2023’’ au Palais de la Culture de Treichville lorsqu’il tentait maladroitement de se faire de l’argent auprès de la ministre d’Etat Kandia Camara ne freinera pas ses ardeurs. Il le reproduira moins d’un mois après avec l’arrivée à Abidjan du Roi 12 12.
Tonton Kouakou : Le villageois au chewing-gum légendaire
Tout comme ces autres ‘’bouffons’’ du showbiz révélés par les réseaux sociaux, Tonton Kouakou est lui le prototype du villageois qui a débarqué en ville et qui essaie de se retrouver dans un milieu qu’il découvre. Avec son physique de planteur qui a beaucoup labouré la terre et qui s’est vu déformer par les travaux champêtres, Tonton Kouakou a été révélé par sa façon particulière de mâcher son chewing-gum. Interrogé sur ses performances sexuelles, Tonton Kouakou a donné des réponses drôles dont sa célèbre phrase « Patiii... elle peut pas siporter... Elle va fu » a fini par enrichir le lexique des ivoiriens. S’exprimant dans un français très approximatif, cet homme qui affectionne tant les lunettes de couleur blanche a eu son temps de gloire. Lequel est loin de s’estomper puisqu’il est en train de se lancer dans une carrière musicale. Sa grande notoriété lui ayant rapporté que « 200 000 F Cfa et une paire de lunettes » selon lui. Chose bizarre, contrairement à ce que beaucoup pensent du fait de son patronyme, Tonton Kouakou n’est pas Baoulé. C’est un Koyaka pur-sang originaire de Teningboué dans le département de Mankono. Quand il est au village, il incarne une autre personnalité, celle d’un père de famille et d’un époux qui se bat au quotidien pour s’occuper de sa petite famille.
Makenzy : Quand le Koutoukou fait des merveilles….
Avec une apparence physique proche de celle de Tonton Kouakou que lui-même dit être son jumeau, Makenzy aime mettre son entourage dans la joie et la gaieté. Friand de sensations fortes avec une propension à la consommation de boissons frelatées comme le ‘’koutoukou’’ et le ‘‘Tchapalo’’, les bistrots qu’il affectionne tant ont fini par lui tracer un chemin et le Koutoukou a fini par réaliser une merveille dans sa vie en faisant de lui une star. A l’origine, Makenzy est pré-collecteur d’ordures déjanté qui dit avoir arrêté les études en classe de terminale même si son niveau de français beaucoup à désirer. Piètre interprète des chansons de Kerozen, il se fera remarquer sur l’une de ses prestations postées sur les réseaux sociaux. Avec son refrain favori ‘’Vahouan’’ et toujours dans les vapes, ses pitreries ont fini par être adoptées par les internautes. Sa page Facebook créée le 23 juin 2021 compte plus de 50 000 followers et est constamment reçu par des célébrités et personnalités. Née en 1970, monsieur Vahouan vit en concubinage avec une femme Agni de Tiémélékro et est père de deux enfants dont l’aîné à 19 ans. N’ayant aucun complexe avec le métier de pré-collecteur qu’il exerce, Makenzy rêve de faire grandir son buisness à Yopougon, cité SIPIM.
DJ Congélateur : De la galère de Bodokro à la vie de star
A l’état civil, il s’appelle Koffi Kouakou Élias et lui-même éprouve des difficultés pour dire son âge. Dj Congélateur, puisque c’est de lui qu’il s’agit est la star du moment. Aujourd’hui en froid avec son manager qu’il accuse d’exploitation et de traitement inhumain, DJ Congélateur est ce jeune garçon découvert sur les réseaux sociaux après le décès de DJ Arafat pleurant son idole sur une chanson qu’il a composée pour lui rendre hommage. Son physique et son allure mais surtout sa guitare trois cordes ont tout de suite attiré vers lui la sympathie des internautes. Ce fils de Bodokro dans le département de Bouaké sera transformé par un artiste-chanteur qui finit par abandonner sa propre carrière pour manager celle de DJ Congélateur. Après avoir débarqué avec lui à Abidjan, il donnera une nouvelle orientation à la carrière de l’auteur de la chanson ‘’Y a cailloux dans ton zoreille’’. Avec une métamorphose vestimentaire, DJ Congélateur est invité sur les plateaux de télévision. Sans honte de son français approximatif entremêlé de baoulé, il est adopté par tous. Malheureusement, à l’instar de tous ‘’ces bouffons’’ du showbiz ivoirien, il dénoncera son manager pour exploitation et maltraitance et finit par le quitter pour un autre staff qu’il estime plus professionnel.
Philip Kla
