Ils sont tous les deux nés en Côte d’Ivoire, avec un parcours quelques peu similaire, mais la finalité qui définit leur actualité est la même : ils sont artistes contemporains et leurs œuvres sont aussi atypiques que significatives.
Obou Gbais, natif de Guiglo, obtient en 2019 son diplôme d’Études supérieurs artistiques à l’École nationale des Beaux-arts d’Abidjan. Son amour pour ses origines et particulièrement pour le masque Dan le pousse à peindre comme tel.
Tous ces tableaux sont ‘’Dan’’, parlent ‘’Dan’’ et vivent ‘’Dan’’. Leur aspect particulier dû au menton allongé et aux yeux étirés donne une autre dimension à l’œuvre d’autant plus qu’Obou ne se contente pas seulement de peindre mais c’est avant tout des mélanges d’expression qu’il façonne de sorte à donner du beau, de l’authentique, mais surtout du naturel.
Ces tableaux dépeignent la vie, les déboires, les manquements, qui font la beauté des différentes communes d’Abidjan. La série qu’il nous présente actuellement à la galerie ‘’LouiSimone Guirandou‘’ s’intitule « Man Dan » ; c’est sa première exposition personnelle en Côte d’Ivoire.
Roméo Mivekannin, vit et travaille entre son pays natal le Benin et la France. Architecte de formation, il se sent attiré par les beaux-arts qui, selon ses parents, ne lui offriraient pas un avenir convenable. Son voyage en France pour la suite de ses études lui permets de prendre conscience de son identité « En venant en Europe poursuivre mes études, j’ai découvert que j’étais Noir. En Afrique, on ne se pose pas la question. J’ai l’habitude de dire que le racisme est commun à l’humanité. Ce n’est pas seulement le fait d’être Noir, c’est une histoire de regards. Toutes les images que je voyais dans les livres ne me parlaient pas, elles ne me racontaient pas un vécu à partir duquel je pouvais construire mon identité. »
Il se permet donc dès lors d’exprimer son identité à travers ces œuvres, peintes toujours en noire. « Effractions », nom donné à la série présentée à ‘’Cécile Fakhoury, présente l’artiste qui s’invite là où il n’est pas sensé être. Brassage entre peinture classique européenne et les visages de Roméo, ses toiles représentent des contre-récit, perçus avec ironie, souvent subtilité comme étant fait pour saper le moral des uns et réécrire l’histoire des autres.
Obou Gbais et Roméo Mivekannin comme bien d’autres artistes contemporains ont décidé de redonner un nouveau visage à l’art « made in Africa » à travers des formes plurielles et sensibles qui revalorisent en grande partie leurs cultures ainsi que leur vision du monde.
HADASSA T
