Culture

Interview/Idak Bassavé (Artiste-chanteuse burkinabè) : « Quand un artiste est connu à Abidjan, tout devient facile ailleurs »

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De passage à Abidjan où elle a pris part aux 72h du Burkina Faso en Côte d’Ivoire, Idak Bassavé s’est ouverte à L’Avenir. Dans cette interview à bâtons rompus, l’ex-membre de la Famille Bassavé évoque ses souvenirs avec son groupe musical familial, ses souvenirs douloureux du terrorisme dans son pays et dit tout sur sa musique et sa carrière musicale. 

Vous êtes de passage à Abidjan où vous avez participé au festival ‘’Les 72h du Burkina Faso’’…

Effectivement, je suis venue à Abidjan à l’occasion des 72h du Burkina Faso où j’ai fait une prestation au Palais de la Culture de Treichville. Il y avait également une quinzaine d’artistes venus du Burkina Faso et ceux vivant à Abidjan.

C’est votre première fois de venir à Abidjan ?

Non, ce n’est pas ma première fois. Avec la famille Bassavé pour ceux qui se rappellent encore, nous étions à Abidjan. La famille Bassavé était un orchestre de famille dans lequel il y avait le papa, la maman et les enfants. Nous avions tourné un peu partout en Côte d’Ivoire dans les années 85, 86 et 87. Aujourd’hui, j’entame une carrière solo avec à la clé, 7 albums. Le papa, la maman et deux autres sœurs ne sont plus de ce monde, donc, j’ai opté pour une carrière solo. Sinon, en 1997, j’étais venue à Abidjan pour une tournée. Je pense que je vais revenir très souvent, parce que j’ai envie que les Ivoiriens me découvrent beaucoup plus, en tant que Idak Bassavé et puissent toujours se souvenir de cette famille qu’ils ont connue. Certes, la jeune génération ne connait pas bien la famille Bassavé, mais les plus anciens en savent plus. Je reviendrai donc à Abidjan bientôt.

Ce sont donc les décès du père et de la mère qui sont à l’origine de la division du groupe ?

Non, pas forcément. Il est vrai que leurs décès ont beaucoup contribué à cette fracture, mais chacun de nous a décidé de suivre son chemin, par la suite.

 

« La Diva Aïcha Koné est un modèle pour moi »

 

Et au Burkina Faso, comment votre carrière se passe-t-elle ?

Elle va bien. J’effectue beaucoup de voyages. J’ai déjà représenté mon pays aux Koras en Afrique du Sud. J’ai fait Bénin Awards, je tourne au Ghana, Sénégal, Mali, États-Unis, France, Belgique, Italie, Niger. En clair, je tourne beaucoup. Je suis connue au Burkina Faso, vous pouvez en être sûr. Toutefois, j’ai maintenant envie d’être connue un peu plus dans d’autres pays. En tout cas, avec la réputation que la famille Bassavé avait, tout a été facile pour moi dans ma promotion. En plus, j’ai une histoire avec la Côte d’Ivoire car, mon premier album a été produit à Abidjan grâce à Touré Sound (Paix à son âme) qui avait produit en son temps ‘’Les Salopards’’.

 

Est-il aussi facile pour une femme de réussir dans la musique au Burkina Faso ?

Ce n’est pas facile et cela n’est pas seulement restreint aux femmes. C’est difficile pour tout le monde, mais on se bat pour réussir. Vu aussi que je suis une ancienne dans la musique, les jeunes ont beaucoup de respect pour moi. Les autorités nous font également confiance et j’ai même été décorée Chevalier dans l’ordre du mérite. J’ai été nommée ambassadrice nationale du tourisme burkinabè et pas mal d’autres distinctions.

 

« Je veux être une grande dame d’affaires »

 

Le 27 novembre 2021, l’un de vos compatriotes, Floby, sera en concert au Palais de la Culture de Treichville. Abidjan est-il un passage obligé pour vous, artistes du Burkina Faso ?

À propos du concert de Floby, je dirai que chacun a sa façon d’orienter sa carrière. Il a sûrement trouvé qu’il a beaucoup de fans ici, vu que nous avons de nombreux compatriotes qui vivent en Côte d’Ivoire. Je l’encourage donc et je souhaiterais que tout se passe le mieux possible pour lui. Abidjan est le plus grand carrefour de la musique africaine. Si tu es connu à Abidjan, tout devient facile ailleurs. Il y a du tout à Abidjan.

 

 

« Les gens sont donc étonnées de me voir jouer à de la batterie »

 

Le Burkina Faso, votre pays, est de plus en plus en proie au terrorisme. Quelles actions menez-vous, vous artistes, pour dénoncer toutes ces atrocités ?

Nous ne sommes pas du tout contents de cette situation. Le Burkina Faso n’était pas habitué à toutes ces tueries et nous les dénonçons. Nous prions donc Dieu que tout cela cesse. J’invite par ailleurs, tous mes compatriotes à être forts et à ne pas céder au découragement. Nous aimons tellement notre pays et je sais qu’au final, nous remporterons la victoire sur le mal. D’ailleurs, sur mon prochain album qui sortira dans deux mois, j’ai dédié une chanson spécialement à nos soldats. Cette chanson sera chantée dans quatre langues avec en fond, douze autres langues du pays. Cela, pour témoigner notre soutien et notre encouragement à notre armée. 

 

 

Quels sont vos modèles dans la musique ?

C’est la Diva Aïcha Koné. La Diva Aïcha Koné est un modèle pour moi. D’ailleurs, je me suis déplacée pour aller chez elle dans le but de la saluer, lorsque je suis arrivée à Abidjan. Aïcha Koné est mon idole et même, on m’appelait Aïcha Koné dans le passé, parce que j’interprétais très bien ses chansons. C’est la raison pour laquelle j’ai tenu à la voir lors de mon passage à Abidjan pour lui dire de vive voix que je l’aime et qu’elle m’inspire beaucoup. En plus, elle connait très bien ma famille. Il y a aussi MBilia Bel que j’adore beaucoup. Elles sont toutes deux mes idoles.

 

« Le FEMUA est une grande vitrine pour tout artiste »

 

Quel est votre genre musical ?

Je fais de la variété. Étant donné que je suis issue d’un brassage culturel avec une mère Sissala et un père Mossi, je suis obligée de mettre en exergue, tout ce métissage culturel et linguistique. Je fais également de la musique mandingue, je chante en Haoussa et en créole-portugais. Je chante également en Peulh car, je suis née dans le désert du Burkina au Sahel. Idak, c’est donc toute une diversité culturelle avec plusieurs colorations et influences. L’avantage de toute cette diversité, est que tout le monde se retrouve pratiquement dans mes compositions. Je compte même revenir en Côte d’Ivoire très bientôt pour faire découvrir mon prochain album aux Ivoiriens.

 

Au Burkina Faso, vous n’êtes pas seulement que chanteuse. Vous êtes également à la tête d’une importante entreprise qui fabrique des produits alimentaires…

Effectivement, à côté de la musique, je m’investis dans d’autres affaires. J’ai mis des produits sur le marché, à savoir le vinaigre, le savon liquide et l’eau de javel. Je compte même voir avec la Côte d’Ivoire pour que mes produits soient vendus ici. Je suis également présidente d’une association, l’Association Bassavé pour le bien-être des enfants, qui s’occupe des enfants démunis et orphelins. Chaque année, je permets à ces enfants d’avoir les kits scolaires et aussi, je contribue à leurs frais de scolarisation. Nous leur offrons également au moins, un concert à l’année.

 

Votre ambition est-elle d’être une grande femme d’affaires, à l’instar d’Oumou Sangaré et plusieurs autres célébrités africaines qui ont fait fortune dans les affaires, en plus de la musique ?

En effet. Je veux être une grande dame d’affaires. J’ai été formée d’ailleurs, dans ce sens et j’aimerais à mon tour former d’autres jeunes pour leur faciliter leur autonomie financière.

 

 

 

La scène du FEMUA vous intéresse-t-elle ?

Bien évidemment ! Le FEMUA est une grande vitrine pour tout artiste. Je serai ravie d’y jouer pour faire découvrir aux Ivoiriens, toutes mes facettes. Car, Idak Bassavé est aussi une instrumentiste, parce que je joue de la batterie. Ce qui fait ma particularité et la différence car, il est rare de voir les vedettes chanter et jouer à la batterie ou d’un instrument. La batterie est très difficile pour la femme, car elle demande de la force physique. Les gens sont donc étonnées de me voir jouer à de la batterie. Cela, parce qu’ils ne sont pas habitués à voir les femmes jouer à cet instrument.

 

Philip Kla

 

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