Le Championnat d’Afrique des Nations (CHAN), pour l’édition qui s’est déroulée en Algérie, a connu un succès franc sur le plan de la mobilisation du public et aussi, sur le plan du jeu, que certains joueurs en pleine compétition ou après la compétition, ont changé de club. Vu ce dernier fait, le président de la CAF, Patrice Motsepe, a décidé d’apporter des changements.
Le CHAN : un championnat réservé aux joueurs locaux
Dans sa conception en 2017 par la CAF, avant de prendre forme en 2009 en Côte d’Ivoire par sa première édition, le CHAN est réservé aux joueurs évoluant dans les championnats locaux des pays membres de cette confédération. La CAF, ayant constaté, sous l’ère Issa Hayatou, que les joueurs locaux étaient privés de participer à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), car toutes les sélections qui prennent part à cette compétition avaient seulement des joueurs professionnels, a décidé de créer une compétition qui leur est réservée. Et depuis 2009 jusqu’à sa 7e édition en Algérie en janvier 2023, cette compétition était consacrée aux joueurs locaux. C’est à partir de cette compétition que certains joueurs, vu la médiatisation qui y entoure, ont pu s’ouvrir les portes du professionnalisme et font le bonheur de certains clubs professionnels dans le monde entier. Mais vu le succès franc qu’a connu la 7e édition en Algérie, la CAF, par le biais de son président, a décidé de revoir les règles de participation des joueurs, en ouvrant la compétition à une autre catégorie de joueurs évoluant en Afrique.
La volonté de la CAF
Le président de la CAF n’a pas caché sa volonté de voir d’autres joueurs africains, évoluant en Afrique hors du championnat de leurs pays, à prendre part à la compétition. « Il faudrait qu'un joueur qui joue dans un club étranger, du moment que c'est en Afrique, puisse représenter son pays au CHAN. Je ne vois aucune raison qui empêcherait un joueur algérien évoluant en Égypte de participer à un CHAN avec l’Algérie. Nous devons réfléchir à cette réforme lors du prochain rassemblement », a confié Motsepe aux présidents de Fédérations de football africain lors de leur rencontre avant la finale. En effet, les joueurs africains évoluant en Afrique hors de leur pays, sont privés de cette compétition et aussi de la CAN. Car, les sélectionneurs des deux compétitions se focalisent sur les joueurs professionnels évoluant en Europe pour la CAN et dans les championnats locaux pour le CHAN. La volonté du président de la CAF est de permettre à ces joueurs si talentueux qui n’évoluent plus dans leurs championnats, mais ailleurs en Afrique, d’y prendre part. La Côte d’Ivoire aurait pu aller au CHAN avec des joueurs tels que Ira Tapé Eliezer (Lybie), Fofana Issa (Soudan), sans oublier la bonne brochette de joueurs ivoiriens évoluant au Maroc, Algérie, Afrique du Sud comme Cissé Abdoul Karim et Badra Ali. Des joueurs qui auraient pu donner une plus-value à la sélection nationale. Le Ghana aurait pu récupérer Ocansey Mandela qui évolue à Horoya AC de Guinée. Des exemples sont légion et c’est pour permettre à ces joueurs de prendre part à cette compétition et d’apporter leurs expériences à leurs concitoyens locaux que la CAF envisage cette réforme.
Des journalistes proposent un quota de joueurs
L’annonce de cette intégration de joueurs évoluant hors du championnat, dans le CHAN, a été accueillie diversement par les spécialistes africains du football. Pour certains, l’arrivée des joueurs africains évoluant en Afrique hors de leur championnat et pays d’origine, pourrait biaiser l’esprit et la lettre de la compétition. Par contre, d’autres, comme le directeur de publication du journal ivoirien L’Intelligent d’Abidjan, Alafé Wakili, sont d’accord pour leur arrivée, mais pas pour effacer ceux qui jouent les championnats locaux. « Il faut protéger les championnats locaux, mais le football évolue. Les joueurs africains qui jouent en Afrique hors de leurs championnats doivent aussi bénéficier du CHAN, puisqu’ils sont presqu’absents lors des CAN. Il faut leur faire une ouverture en autorisant un certain nombre à y participer. Il faut fixer un quota pour eux, pour ne pas frustrer les joueurs qui évoluent dans le championnat local », indique-t-il.
Bationo Antoine, le responsable de la Communication de la Fédération Burkinabé de Football, soutient l’idée d’Alafé Wakili, mais va plus loin au niveau des quotas. « L’idée est bonne, il faut surtout fixer un quota, il faut que la compétition soit réservée aux joueurs qui évoluent dans les championnats. Je propose que sur les 25 joueurs, cinq viennent des autres championnats et que deux ou trois joueurs des cinq, soient alignés par match pour donner la chance aux joueurs locaux d’avoir plus de chance de jouer », a confié Antoine Bationo, qui ne veut pas que l’esprit du CHAN change avec cette proposition de Motsepe.
Dou Nicaise