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Interview/Ouattara Souleymane, Directeur général de la fédération ivoirienne de tennis : « La Côte d’Ivoire est choisie pour être le label de Roland Garos, mais… »

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Engagée dans une politique de relance, la fédération ivoirienne de tennis veut se réinventer. Ouattara Souleymane donne les grandes lignes dans cette interview.    

 

Comment se porte le tennis ivoirien ?

Je dirai bien, en tenant compte de la situation particulière, notamment celle de la Covid-19. Mais comparativement à ce qui se faisait avant, on peut dire que nous sommes dans une phase de reprise. Nous sommes un peu en deçà de nos standards habituels. Lorsque la crise est survenue, nous avons dû tout suspendre. Mais nous commençons à avoir des compétitions normales. Vous avez dû voir des compétitions qui ont drainé du monde de différents pays (28), dénommées le ‘’ITL Tour junior’’. Après ça, la Côte d’Ivoire vient de prendre part à Lomé, aux championnats d’Afrique juniors des 16 ans et moins. Nous avons été médaillés d’argent, classés deuxième sur 8 pays. Au vu donc de ces résultats, on peut dire que le tennis ivoirien n’est pas si mal.

 

Stoppé à cause de la Covid-19, pourtant les sports ont repris…

Au plan international, étant donné que les compétitions auxquelles nous devions participer étaient suspendues, nous étions donc contraints de marquer une pause. Même si vous vous entraînez, c’était juste pour garder la forme.

 

Dans ces conditions, quel est l’état de forme actuel des tennismen ivoiriens ?

Ils sont dans une forme moyenne. La preuve, ils n’ont pas été d’un bon niveau lors des compétitions auxquelles ils ont participé récemment ici. Il y a eu des performances assez mitigées. Cela s’explique. Contrairement à nous, certains pays ont ouvert leurs championnats, juste après la crise. Ce qui a permis à leurs athlètes d’être dans le rythme. Il nous faut travailler davantage pour retrouver les niveaux.

 

À quand donc l’ouverture du championnat ?

La saison de tennis est ouverte, mais en ce qui concerne le championnat, cela prend en compte certaines contingences. Nous sommes tenus de respecter le calendrier de notre sponsor, mais je pense que ce sera fait vers fin juillet 2022 au plus tard.

 

Est-ce que le tennis attire encore des sponsors ?

Il faut l’avouer, nous n’avons pas de sponsors fidélisés. Il faut pouvoir les fidéliser. Contrairement à ce que les athlètes et certaines personnes pensent, les compétitions, ce n’est pas seulement le fait de la fédération. En France, à part Roland Garos, le reste des compétitions est organisé par les clubs. C’est ce que nous encourageons.

 

Est-ce que le tennis nourrit son homme en Côte d’Ivoire ?

Pour être franc, je dirai non et oui, parce qu’il y a des gens qui vivent de cela depuis des années. Les entraîneurs, je sais qu’une bonne partie vit de cela. Les arbitres, je dirai, partiellement. Ce n’est pas suffisant, ils ne sont peut-être pas à l’aise, mais ils en tirent quand même des revenus.

 

Et les athlètes ?

Je ne crois pas que les athlètes vivent de ce sport. Pour en vivre, il faut avoir de gros sponsors, participer à beaucoup de compétitions internationales qui rapportent aussi de l’argent. Dans les prize money, c’est un peu limite. Localement, ce n’est pas évident d’avoir des athlètes qui s’en sortent aussi bien. Cependant, tout comme les entraîneurs, ils ont des possibilités d’ouverture à l’extérieur. Ils s’expatrient de plus en plus. Il y a aussi qu’à un certain moment de leur carrière, les athlètes se reconvertissent, et cela leur permet d’avancer. Au tennis, jusqu’à 18 ans, on vous considère comme junior et la fédération internationale ne conseille pas de donner de l’argent à ces jeunes.

 

Parlant de compétitions, quelle est la politique fédérale pour faciliter l’accès aux grandes compétitions internationales aux tennismen ivoiriens ?     

Pour participer à de grands tournois comme Roland Garos ou des Masters, il faut des points, sinon, vous ne pouvez même pas participer aux qualifications. Pour avoir ces points, il vous faut voyager beaucoup. C’est un problème pour la fédération. Les subventions que l’État donne sont précises. Elles sont destinées aux compétitions statutaires comme les championnats d’Afrique, le championnat national et autres. Ce n’est pas destiné à des tournois individuels. Pourtant, ceux-ci sont importants pour les athlètes. Ces grandes compétitions demandent énormément de moyens. Eliakim Coulibaly, double champion d’Afrique aux Jeux Africains, a été envoyé au centre d’entraînement de haut niveau du Maroc. Il a déjà pris part aux qualifications de Roland Garos junior. Nous avons pour son cas, les soutiens de la présidence de la République et de la fédération internationale de tennis. Cela va lui permettre de travailler davantage.

 

Combien de clubs de tennis comptent la fédération ?   

En général, je comptabilise ceux qui participent aux Assemblées générales. Il y en a 24. Mais il y en a qui ne sont pas encore affiliés et si on les réunit tous, nous sommes autour de 80 clubs. 

 

Quel est l’état des infrastructures au niveau du tennis ?

Les infrastructures n’existent presque plus. Le comble, c’est que la Société des palaces de Cocody (SPDC), qui n’existe plus d’ailleurs, a jugé utile de confier la gestion des terrains de l’Hôtel Ivoire à des privés, alors que ce sont des infrastructures qui ont été conçues par l’État de Côte d’Ivoire. Personnellement, je ne vois pas l’intérêt, surtout que la fédération a manifesté le désir de gérer ces terrains. Le constat, c’est que tout tombe en ruine et selon nos sources, ils devraient être transformés en terrain de paddle. Nous déplorons cela. Il y a donc un problème d’infrastructures qui bloque le développement du tennis en Côte d’Ivoire.

 

Comment entrevoyez-vous l’horizon du tennis ivoirien ?   

Je vois un bel horizon si les infrastructures de l’Hôtel Ivoire reviennent à la fédération. C’est sur ce site que beaucoup de choses peuvent se faire. C’est le centre principal d’entraînement de la sélection nationale. L’un des rares sites en Afrique de l’Ouest où on trouve des courts d’un certain niveau pour des compétitions internationales. C’est sur ce site que la fédération française de tennis, et la Francophonie veulent accompagner la Côte d’Ivoire dans le cadre de la création de centres de haut niveau. Il y a une délégation qui a rencontré le Premier ministre, ainsi que le ministre des Sports pour expliquer l’étendue du projet. La Côte d’Ivoire est choisie pour être un site qui doit abriter le label Roland Garos. Le seul site qui s’y prête, c’est celui de l’Hôtel Ivoire. Si ce site revient à la fédération, il n’y a pas de raison que le tennis ivoirien ne retrouve pas ses lettres de noblesse. Roland Garos veut aussi faire la promotion de la terre battue en Afrique à partir de la Côte d’Ivoire. Il est dans notre intérêt de profiter de cette perche tendue. Je pense que le dossier avance bien. Si ça marche, ce sont tous les acteurs qui vont gagner. Nous avons besoin du soutien du l’État pour la création d’infrastructures. Et je suis heureux que dans le cadre de la CAN, le pays soit doté de stades qui abritent des courts de tennis. Je remercie l’État pour cela.

 

Réalisée par Manuel Zako

 

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