Après 10 ans, Serey Dié quitte la sélection nationale. Portrait d’un homme de devoir au service de la nation.
À moins d’un nouveau revirement de situation, lui et ses ‘’larmes du bonheur’’, sous le maillot des Éléphants, on ne les verra plus. Geoffroy Serey Dié a décidé de mettre un terme à sa carrière internationale. En annonçant sa retraite à 38 ans, le samedi 12 février, dans une vidéo en direct sur les réseaux sociaux, l’ancien capitaine des Pachydermes a mis fin à 10 ans au service de la nation (23 mars 2013-12 février 2022). Il aura marqué d’une empreinte indélébile, la sélection nationale, mais aussi les Ivoiriens à divers points de vue. Serey Dié a saisi l’occasion pour dire merci. « Depuis Facobly, jusqu’à la Suisse en passant par Abobo, sans oublier l’Allemagne, je veux dire merci à tous ceux qui m’ont soutenu de près ou de loin. Je n’ai jamais pensé pouvoir atteindre ce niveau dans ma carrière. Avec l’équipe nationale, Dieu merci, nous avons connu des moments de joie. Avec ce petit talent que Dieu m’a donné, j’ai eu une carrière acceptable. Et je suis fier de ce que j’ai accompli. Le temps est venu pour moi de passer à autre chose », a lâché l’ancien capitaine de la sélection. Serey Dié alias capitaine courage, c’est 60 sélections chez les A avec à la clé, 2 buts qui restent dans les annales.
Des larmes à la célébrité
Champion d’Afrique en 2015, le ‘’guerrier’’ de l’entrejeu des Éléphants peut se targuer d’avoir accompli de belles choses au sein de la sélection. Arrivé en 2013 chez les Éléphants aux côtés des cadors comme Didier Drogba, Yaya Touré, Kolo Touré, il prend part à la Coupe du monde 2014. L’histoire est tellement belle pour le garçon de Facobly, qu’il se surprend en train de verser des larmes. « Le FC Sion est venu superviser un joueur de Sétif, mais opte pour moi ! Je signe en 2008, j’ai 24 ans. Ensuite, j’ai franchi tous les échelons, FC Bâle, Stuttgart, la CAN, la Coupe du monde… C’est pour tout ça que j’ai pleuré pendant les hymnes lors de la Coupe du monde 2014. Je me retrouvais aux côtés de Drogba, Yaya, Zokora, ces gens que je voyais à la télévision… Tous mes sacrifices me sont revenus en mémoire. C’est cette vie qui m’a donné mon énergie. Rien ne m’a été donné gratuitement, je ne suis pas milliardaire, mais je n’envie personne. Quand je suis sur le terrain, je pense à tout ce que j’ai enduré », a révélé le joueur. L’année d’après, c’est-à-dire 2015, il remporte avec la sélection, la deuxième médaille continentale pour le pays. En 2017, il fait partie du commando qui doit défendre le titre à la CAN. La Côte d'Ivoire sort dès le premier tour. En 2019, il est encore de l’aventure égyptienne avec les Oranges. Son penalty raté contre l’Algérie en ¼ de finale, après un match intense, reste encore dans les mémoires.
Du sacrifice à la gloire
Pour la petite histoire, Après le Stade d’Abidjan et CO Korhogo en 2003, Serey Dié arrive en Tunisie en 2005 en tant qu'étudiant où il travaille comme jardinier. Il se fait remarquer lors d'un tournoi à La Marsa. Il effectue un essai concluant à l'EOGK, un club modeste de la banlieue de Tunis, jouant une saison dans la ligue tunisienne. Il est transféré à l'ES Sétif pour la modique somme de 3 000 euros. Milieu de terrain défensif, Serey rejoint le FC Sion en 2008. Il remporte deux coupes de Suisse avec ce club (en 2009 et 2011), mais son caractère rugueux sur le terrain lui vaut plusieurs expulsions. En mars 2010, il est soupçonné d'avoir truqué des matches, mais est très vite innocenté. En mai 2012, contre le FC Lausanne-Sport, il gifle un ramasseur de balles de 13 ans qui, selon lui, ne rendait pas le ballon assez vite. Serey Dié passe devant la commission de discipline. Le 2 février 2015, Serey Dié s'engage avec le VfB Stuttgart. En 2016, il s'engage au FC Bâle. Depuis 2020, le milieu de terrain est de retour dans l’effectif du FC Sion en Suisse. Si le joueur se satisfait d’une carrière plutôt remplie, tout n’a pas été aussi rose pour lui. « Je vendais des trucs pour survivre, du pain, des cigarettes au feu rouge, je faisais ‘’cabine téléphonique’’. J’avais moins d’un euro par jour… Parfois, je passais deux jours sans manger. Le père ne vivait plus (il est mort en 2004), la mère n’avait qu’une petite pension. Donc, je ne pouvais rien lui demander. Je devais me débrouiller seul. J’habitais même une chambre avec un toit inachevé. Quand je m’entraînais, je pensais à mon matelas et à mes deux ou trois vêtements que je possédais qui allaient être mouillés en rentrant. Mais j’en voulais tellement », raconte Serey Dié.
Manuel Zako