Hier, ils étaient compagnons de fortune et d’infortune. À 5, ils se disputent aujourd’hui, le fauteuil de patron du handball ivoirien.
Ils ont gagné ensemble et gérer l’instance fédérale. Aujourd’hui, leur relation est en train de prendre une nouvelle tournure. La raison ? Le fauteuil de président de la Fédération de handball les oppose désormais. Les ambitions et les visions ne convergent plus. Le 18 décembre 2021 consacrera la fin du mandat de l'actuel président de la fédération, Aboubacar Karaboué. Après avoir démissionné du comité exécutif de celui-ci, Coulibaly Ibrahim et Koné Moussa ont décidé de briguer le poste de président pour lequel Dr Karaboué veut aussi rempiler. Il avait été élu en 2018 à la tête de la FIBH pour un mandat de 4 ans. Aboubacar Karaboué veut négocier un second bail pour, selon lui, terminer le travail qu’il a commencé dès son arrivée. Cela repose sur 4 piliers essentiels. « Premièrement, un point d’honneur sera désormais mis sur le volet communication. C’est vrai, et nous le reconnaissons, nous avons été très défaillants à ce niveau. Et c’est une occasion pour nous de rectifier le tir. A côté de cela, nous avons fait le diagnostic criard d’un manque de formation. C’est pourquoi, en deuxième point, nous allons densifier les séances de formation », a justifié le médecin militaire. En outre, le troisième pilier de cette candidature, repose, selon lui, sur « le soutien que nous voulons apporter aux clubs. Aujourd’hui, nous voulons faire un pas supplémentaire dans notre politique d’aide aux clubs.
Aboubacar Karaboué
Ce sera essentiellement un soutien en matériels et cela a déjà commencé avec des dons à l’endroit des clubs lors des Awards ». Le quatrième et dernier pilier, sera, à en croire le président sortant, « une réorganisation du bureau fédéral dans son ensemble. Une réorganisation, eu égard aux nombreux défis qui nous attendent. Cela va concerner aussi la réorganisation des pôles sur toute l’étendue du territoire ». Prévue pour le 14 décembre 2021, l’Assemblée générale élective de la FIHB qui suscite déjà quelques étincelles, n’aura plus lieu à cette date. Et pour cause. Une Assemblée générale extraordinaire (AGE), prévue le samedi 11 décembre prochain, permettra la mise en place de la Commission électorale tant réclamée par plusieurs clubs et certains candidats. C’est donc à l’issue de cette réunion que la date de l’AG élective sera fixée. En attendant, les velléités de candidatures foisonnent.
Coulibaly Ibrahim
Ancien bras droit du président sortant, Coulibaly Ibrahim ne garde plus qu’un mauvais souvenir de cette collaboration. « Je n’ai rien de personnel contre mes anciens coéquipiers, notamment le président Karaboué. Sauf que la gestion du handball nous divise », avoue-t-il. Selon lui, « les résultats sont là, ils parlent d’eux-mêmes. Je n’ai pas besoin d’en dire davantage. Mes idées n’ont pas été utilisées, lorsque nous étions ensemble, je vais donc les utiliser pour mon propre programme. Je vais apporter ma pierre au changement en évitant les erreurs des autres. Je pense avoir acquis de l’expérience, auprès des devanciers, il est temps de me mettre au service du handball ivoirien ». L’une des vitrines du sport local, il y a des décennies, le handball est à la croisé des chemins, aujourd’hui. « Nous sommes à la traine au niveau du handball ivoirien. Les dernières Coupes d’Afrique auxquelles nous avons pris part, nous avons terminé pratiquement avant-derniers aussi bien en hommes qu’en dames. Chez les jeunes, c’est pareil. La prochaine Coupe d’Afrique, nous sommes déjà à un mois du début, il n’est pas évident que la Côte d’Ivoire y prenne part. Le tableau est très sombre », dépeint la mort dans l’âme, Coulibaly Ibrahim. Les chantiers pour redynamiser cette discipline sont nombreux. Mais le candidat pense avoir identifié plusieurs axes prioritaires avec des étapes. « Il faut mettre sur pied, une direction technique nationale (DTN) de qualité, avec un cahier de charges bien établi. Celle-ci sera évaluée et aura pour objectif de produire des résultats. C’est ce qui permettra de sortir un noyau pour une équipe nationale de qualité. Il faut former les encadreurs afin d’être solides lors des compétitions à l’extérieur. Il faut aussi redynamiser la politique au niveau de la détection », propose-t-il. S’il venait à être élu, il compte « rendre les clubs forts en leur apportant un soutien matériel. Les clubs et les centres de formation doivent être encadrés. C’est cela qui nous garantira un championnat fort avec des athlètes de qualité. La suite, sera d’attirer les partenaires pour vendre le handball ivoirien. Soutenir les clubs, va me permettre d’avoir un championnat attrayant de qualité. Ce sera l’une de mes premières priorités ».
Koné Moussa
Le ressentiment contre ses anciens compagnons, Koné Moussa continue de le ruminer. « Quand vous faites partie d’une équipe et que vous êtes incompris, il faut aller de l’avant. Le bon sens demande qu’on prenne du recul, afin de proposer ses idées au sein d’un autre groupe plus réceptif », justifie-t-il son départ. Sa candidature, dira-t-il, « permettra au handball ivoirien d’amorcer une nouvelle ère. Nous avons trop fait preuve d’improvisation et les mauvais résultats en sont la preuve. Il faut tenir compte des nouvelles réalités du handball qui demandent des programmes bien précis, à long et court terme. Nous devons tous respecter les normes, aussi bien au niveau des dirigeants, des formateurs que des athlètes. Notre handball est très en retard sur l’évolution du handball mondial. C’est pour combler ce retard que j’ai décidé de me présenter à ce poste ». Enseignant de formation, Koné Moussa a joué à l’Asec à la section handball. À Korhogo où il est basé depuis des années, il a « formé plusieurs athlètes qui ont fait et continuent de faire les beaux jours du handball ivoirien ». Son programme d’actions se divise en 4 axes. « Il faut dans un premier temps, revenir à la pratique du handball de masse en réintroduisant le handball dans les écoles. Cela va concerner les départements et les sous-préfectures à travers des grandes ligues de district. Ce sont les équipes des districts qui vont nous permettre de sortir des élites afin d’asseoir une solide base pour les équipes nationales. Nous allons mettre en place, une vaste politique de formation des formateurs. Cela sera fait par la DTN qui aura un rôle essentiel », explique-t-il. En outre, proposera-t-il, « il faudra réorganiser totalement cette fédération afin de la mettre aux normes internationales avec des structures et des rôles bien définis. Le troisième axe sera orienté vers l’élite qui ne répond pas aujourd’hui à nos attentes ».
Ehouman Gilbert Boni alias Zamora
Lui, il ne sort pas de l’actuelle équipe dirigeante. Il est acteur du handball depuis maintenant 21 ans. Il se dit prêt à mettre son expérience au service de la majorité. « Hier, le handball qui faisait la fierté de la Côte d’Ivoire est à l’agonie. Je ne pouvais rester impuissant face à cela », motive-t-il sa candidature. « En tant qu’ancien vice-président avant l’arrivée du Dr Karaboué, je ne dirai pas que tout a été rose sous notre mandature, mais nous avons travaillé. Nous n’avons manqué aucun rendez-vous sur le continent », déplore-t-il. C’est donc au vue de toutes nos interrogations sur la marche actuelle de notre discipline que « nous avons développé un programme qui se décline en 4 axes. Le premier pilier est la gouvernance fédérale. Il nous faut une organisation fédérale composée de personnes de qualité qui viendront fédérer toutes les énergies. Cela nous force à trouver un siège digne de ce nom. Deuxièmement, il nous faut créer un environnement sain à la pratique du handball de haut niveau. Pour cela, nous allons accroitre le nombre de licenciés. Il faut établir une liaison fonctionnelle avec le Comité national olympique (CNO), la Confédération africaine de handball (CAB) et l’IHF qui est l’instance internationale. Il faut aussi renforcer les relations avec la tutelle. Nous allons développer une élite performante en vue d’une meilleure représentativité de nos équipes nationales au plan international. Dans l’immédiat toujours, il sera question de renforcer les capacités des membres des commissions arbitrales et médicales ». Président de Bandaman handball club, M. Ehouman est un ancien de la maison fédérale. « Je n’ai rien contre le président Karaboué. Là où je l’attends, c’est sur son bilan. C’est un bilan négatif. Si tu n’as rien fait dans ton premier mandant qui a duré 4 ans, tu ne peux pas demander un second. La Côte d’Ivoire n’a pas pu participer à la Coupe d’Afrique, parce que simplement, nous n’avons pas pu payer la caution de 3 millions Fcfa. Pour moi, c’est une faute très grave qui ne se pardonne pas », regrette-t-il. Car pour lui, la Côte d’Ivoire, au niveau du handball, est un géant d’Afrique. « Est-ce que vous le savez, ce sont 25 trophées et titres au plan africain. La Côte d’Ivoire, c’est 8 participations à la Coupe du monde et une aux Jeux Olympiques. Ce sont des choses qui ne sont pas forcément sues de tous et qui peuvent permettre de vendre notre discipline. Enfin, il y a des icônes qui ont porté haut, le handball ivoirien, il faut les célébrer et les honorer », soutient le candidat.
Jean-Claude Bossou
Ancien international ivoirien, Jean-Claude Bossou a défendu les couleurs du club d’Omnes. Avec cette formation, il a remporté le championnat d’Afrique. Après une carrière en France, l’ancien athlète veut se mettre au service de la fédération. « Je suis rentré en Côte d’Ivoire et je vois que rien n’a vraiment changé. C’est la routine au sein de notre fédération. Le handball est toujours considéré comme un sport scolaire, ce qui n’est plus le cas. Il n’y a vraiment pas de perspectives pour des compétitions de haut niveau. Avec mes connaissances tant au niveau sportif que professionnel, j’ai décidé d’apporter un souffle nouveau à cette discipline », désire-t-il. Jean-Claude Bossou, n’en est pas à son premier coup d’essai : « Je me suis présenté en 2018 avec un projet novateur. Les gens n’y ont pas trop cru et j’ai fini deuxième à l’élection de 2018. Mes partenaires sont toujours prêts à m’accompagner, parce que le projet que j’ai pour le handball ivoirien est pertinent. Je reviens encore cette année pour changer la donne ». Ses ambitions et sa dynamique n’ont pas changé, même 4 ans après. « Nous allons restructurer dans un premier temps, toute la politique au niveau des clubs. Nous allons également mettre un point d’honneur à la formation des formateurs. L’État, ayant des priorités, nous voulons vendre cette discipline à des sponsors avec un bon business plan. Si nous sommes élus, nous allons mettre l’accent sur les infrastructures. Nous allons mettre également l’accent sur la formation et la détection des jeunes. Nous proposons d’implanter dans chaque sous-préfecture un centre de haut niveau », annonce le candidat Jean-Claude Bossou.
Manuel Zako