Accosté, l’un des agents nous fait savoir que « demain, on viendra travailler à 5h insh’Allah ». En lui demandant d’être plus explicite sur la qualité du travail qui sera fait, il nous indique que « le quartier sera rasé » par des bulldozers.
Une réunion d’urgence est convoquée par le premier magistrat de la commune, François Amichia. Le président du comité de gestion du quartier et son équipe sont à pieds d’oeuvre pour voir non seulement la conduite à tenir mais également échanger avec les responsables du district d’Abidjan. Certaines personnalités issues de ce quartier ont même été contactées pour échanger avec les autorités administratives pour comprendre la situation. Il s’agit notamment de l’artiste Aba Sylvain de Decaville dit Siro.
Le maire François Amichia ayant appris la nouvelle, a dépêché son adjoint Arthur Moloko (originaire de ce quartier) également Directeur des opérations du groupe CFA MOTORS pour s’enquérir des nouvelles et entamer la médiation.
Il ressort des démarches que l’information de destruction totale du quartier n’est pas avérée. Il s’agira pour l’équipe du ministre-gouverneur Cissé Bacongo de libérer les emprises des canalisations et faire respecter le plan directeur de ce quartier historique. En effet, ce quartier, rendu célèbre par les artistes Zouglou “Surchocs, Yodé et Siro, Petit Denis”, et présenté comme un quartier précaire, est plutôt un endroit bien viabilisé qui contient plus de 400 logements. Cette cité a été construite par la Société Ivoirienne de Construction et de Gestion immobilière (SICOGI), devenue ANAH. Elle a connu une colonisation de petits espaces avec le surpeuplement de ce secteur d’Abidjan. Les commerces sont construits dans l’anarchie et certaines habitations sont réaménagées. C’est donc pour faire respecter ces normes que des travaux d’aménagements seront effectués.
Au moment où nous mettions sous presse, les jeunes, moins rassurés, ont décidé d’installer des groupes de veille pour alerter les familles « en cas de danger » afin qu’elles puissent se mettre à l’abri.
Ce secteur de la commune de Treichville avec ses 150.000 âmes est inscrit au programme de « rénovation du lotissement » de l’ex-SICOGI. En 2018, les populations ont fait des propositions pour une libération à l’amiable des logements en location simple qu’elles occupent depuis belle lurette.
La SICOGI proposait à l’époque pour « la libération à l’amiable » des logements occupés, « l’octroi d’une aide financière au relogement » d’un montant d’un million de FCFA pour les logements de type deux pièces ou la somme de 1,25 million de FCFA pour les logements de trois pièces. Mais jusqu’à ce jour, toutes les familles recensées n’ont pas été indemnisées.
Joël DALLY