Société

Pouponnière de Yopougon: Comment les enfants intègrent le centre

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Ici, les enfants en salle de réfectoire pour le déjeuner. (Ph : EF)
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Une pouponnière est une structure où sont gardés les enfants. En Côte d’Ivoire, il y en a plusieurs. Celle de Yopougon est l’une des plus anciennes. Tous les enfants ne sont pas habilités à intégrer d’office ce centre.

La pouponnière de Yopougon-Attié est mitoyenne à l’hôpital général. Située en bordure de route, cette structure sociale, placée sous la tutelle administrative du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, a été construite par la Loterie Nationale de Côte d’Ivoire (LONACI) en 1977. Elle a ouvert ses portes le 20 novembre 1978 et depuis, elle reçoit les enfants. Des journalistes et professionnels de la communication, résidant à Yopougon (UJPCI), s’y sont rendus dans ce mois d’octobre. Le but, faire des dons de kits scolaires, de vivres et des matériels d’entretien aux pensionnaires. Les journalistes ont été reçus par Mme Koné, responsable des affaires sociales de la pouponnière. L’accès à la pouponnière est préalable à une autorisation dûment signée par le directeur de Cabinet du ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant. C’est à cette seule condition que les dons sont reçus par les responsables de la pouponnière, souligne Mme Koné. Le jour de la visite, les 92 pensionnaires âgés de 1 mois à 50 ans, dont 52 garçons et 40 filles, étaient tous présents, a-t-elle confié.

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Ces mômes, à l’exception de celui de 50 ans, y vivent sans leurs parents. Leur encadrement est assuré par un personnel  pluridisciplinaire. La durée du séjour est de 6 mois. Y sont admis, les enfants dont l’âge varie entre 0 et 5 ans. Comment et pourquoi ont-ils intégré ce centre social ? À ces questions, dame Koné répond que l’admission dans ce centre obéit à des normes. Selon elle, aucun enfant, sans la volonté des membres de sa famille, ne peut y être admis s’il ne remplit pas les conditions. Or, c’est assez souvent le cas, témoigne-t-elle.  « Il a des gens qui arrivent, qui ne sont pas journalistes, on leur explique tout. Mais une fois qu’ils retournent chez eux, ils disent à leurs proches que la pouponnière reçoit les enfants. Et ces enfants nous sont envoyés par leurs parents ou leurs proches alors qu’ils ne remplissent pas les conditions d’accès à la pouponnière ».                                                                                                        

De l’autorisation de l’accès des enfants à la pouponnière

Pour le cas des 92 pensionnaires, ce sont des enfants abandonnés pour certains, égarés pour d’autres ou des cas sociaux. L’enfant déclaré cas social, est l’enfant né d’une mère malade, d’une mère toxicomane ou de parents incarcérés. Cet enfant peut être aussi l’enfant orphelin total ou partiel ou l’enfant dont les deux parents sont en vie, mais n’ont pas le minimum vital. Il y a également les handicapés qui sont abandonnés par leurs familles à cause de leur handicap. « Les enfants atteints de cas de maladies graves telles que la drépanocytose, le SIDA, sont abandonnés par leurs parents. Souvent aussi, l’enfant peut avoir 5 ans et il est abandonné généralement dans les églises par la mère qui prend le soin de laisser un mot sur l’enfant en ces termes. "Seigneur, prenez-le. Merci de me l’avoir donné, mais je ne le veux plus". Nous considérons ce genre d’enfant dans un premier temps comme un égaré. Il y a aussi le cas des enfants qui fuient la maison et qui se retrouvent ici, mais les parents ne savent pas où ils sont », raconte Mme Koné.

Ce sont autant de cas de figures pour lesquels un enfant peut être placé en pouponnière. Mais, pour arriver à ce stade, il faut la délivrance d’un document administratif. Il est produit uniquement par trois organisations que sont la gendarmerie nationale, la police nationale et la direction de la protection de l’enfant du Ministère de la Femme, de la famille et de l’Enfant. « Ces enfants nous sont envoyés par les brigades de gendarmerie, la police nationale et la direction de la protection de l’enfant du ministère », a soutenu la responsable sociale.  

SIDA ou drépanocytose, causes d’abandon des enfants par leurs parents

La police ou la gendarmerie délivre un procès-verbal de police, après une enquête menée par la direction de la protection de l’enfant du Ministère. Pour le cas d’un enfant dont les deux parents sont incarcérés, pour que l’enfant soit admis au centre, le service social de la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA) fait une procédure en collaboration avec le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant. Un autre cas de figure qui recommande une enquête sociale, c’est celui d’un enfant dont la mère décède en couche, alors que le père est sans revenus. Le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant peut être saisi dans ce cas de figure. Il peut diligenter une enquête. Lorsque les résultats de l’enquête concluent à une nécessité d’intégrer le bébé dans une pouponnière, alors il est pris en charge, le temps de voir avec ses proches, les conditions de son retour en famille.  Car, « un enfant n’est mieux que dans sa famille. Les pouponnières sont des structures. On ne peut pas y rester toute une vie », affirme Mme Koné.

Parmi les pensionnaires, 52 sont handicapés, leur suivi n’est pas chose aisé, soutient Mme Koné. « Ce n’est pas facile avec les enfants porteurs de handicap. Soit, il va en adoption, soit il regagne sa famille. Sinon, au-delà, s’ils sont abandonnés, c’est l’adoption ».

 

Ernest Famin

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