Elle est l’épicentre du programme une « Côte d’Ivoire solidaire » mis en route par le président de la République, Alassane Ouattara et son gouvernement. La Couverture maladie universelle (CMU) s’inscrit dans le cadre de l’amélioration continue du pouvoir d’achat des populations, avec pour objectif de garantir à l’ensemble des Ivoiriens résidant en Côte d’Ivoire, l’accès à des services et à des soins de santé de qualité, à moindre coût. C’est en 2014, avec la loi n°2014-131 du 24 mars, adoptée par le Parlement ivoirien que la Couverture Maladie Universelle a été officiellement instituée. Mais il a fallu attendre 2022, soit 8 ans après, pour assister à sa mise en œuvre pratique. Malgré son entrée en vigueur et son caractère obligatoire dans le système de protection sociale nationale contre le risque maladie, force est de constater que la CMU n’est pas encore effective dans tous les établissements sanitaires. C’est notamment le cas de la pharmacie Mimosas, à Cocody. Bien que figurant sur la liste des pharmacies agréées, cet établissement se refuse à servir des médicaments aux clients munis de la CMU. « Nous n’avons pas encore pris en compte l’assurance CMU », a répondu l’une des employées, interrogée sur la question. C’était début janvier. Plus récemment, le 26 janvier 2023, pratiquement la même réponse a été donnée par une employée de la pharmacie Sainte Rita de Yopougon Sable. « Nous n’avons pas encore reçu les produits en lien avec la CMU, donc nous ne pouvons pas servir les clients qui se présentent avec cette carte », fait-elle savoir. Pourtant, faut-il le rappeler, avec la carte CMU, plus de 3.300 médicaments sont accessibles pour soigner 80% des pathologies. Le réseau d’offre de soins existant de la CMU est élargi à plus de 2.948 établissements sanitaires.
Ça tâtonne encore dans certains centres
Le taux de couverture fixé à 70% et l’assuré ne paie que 30% du montant des tarifs des actes couverts par la CMU. Si on en croit la liste des centres de santé agréés, les hôpitaux publics ; les établissements sanitaires militaires ; les hôpitaux confessionnels ; les services médicaux des sociétés d’État ; les services médicaux des sociétés à participation financière publique ; les services médicaux des EPN et les établissements sanitaires privés investis d’une mission de service public, composent essentiellement le réseau de la CMU. Comment comprendre donc que certains établissements publics n’intègrent pas encore l’assurance CMU dans leur fonctionnement ? Le constat a été fait à l’Hôpital général de Bingerville, mi-janvier 2023. Selon nos sources, la CMU n’y est pas encore effective. Les patients qui possèdent cette carte d’assurance doivent encore patienter. Mais jusqu’à quand ? Surtout que le gouvernement, à travers la CNAM, veut booster l’enrôlement et la délivrance des cartes afin de permettre à toutes les populations ivoiriennes d’être prises en compte. D’ailleurs, dans cette perspective, à compter de février 2023, un nouveau système d’enrôlement à la Couverture maladie universelle sera mis en place de sorte à ce que la personne enrôlée reçoive sa carte sur place en 10 minutes. L’annonce a été faite par le ministre de l’Emploi et de la Protection sociale, Adama Kamara, le samedi 28 janvier dernier à Adjamé, au cours d’une campagne de sensibilisation. Si ça tâtonne encore ailleurs, l’Hôpital général de Yopougon Attié est un véritable exemple en la matière. Au sein de cet établissement, le système CMU est bien huilé et fonctionnel.
Large panier de soins
Réhabilité et fonctionnel depuis quelques mois, l’ancien service de Protection maternelle et infantile (PMI) accueille à l’entrée, des personnes désireuses de s’enrôler à la CMU. Sur les baies vitrées, l’autocollant « Agréé CMU » donne déjà, une indication claire sur l’effectivité de la CMU en ces lieux. Il est 10h35, ce mardi 31 janvier 2023. KM est maintenant à la caisse de l’Hôpital général de Yopougon Attié pour régler la facture de ses soins. Le paludisme lui a été diagnostiqué. Muni de la carte CMU, il paie 300 f comme montant de la consultation au lieu de 500 f. Avec la carte, il bénéficie également d’une réduction sur l’achat des médicaments prescrits et disponibles au sein de l’hôpital.
« C’est un stress de moins de savoir qu’on peut se soigner à moindre coût. Je paie 300 F CFA pour la consultation, je ne l’aurais jamais imaginé. C’est un véritable soulagement pour les populations et un motif de guérison rapide », juge KM.
Il faut noter que le panier de soins de la CMU couvre un large choix de prestations médicales. Il s’agit entre autres, des consultations effectuées par les médecins, les chirurgiens-dentistes, les infirmiers et les sages-femmes. La CMU prend notamment en compte, les médicaments ; les actes de chirurgie ; les examens de laboratoire ; les soins bucco-dentaires ; les hospitalisations ; la chirurgie digestive ; la dermatologie et vénérologie ; la gynéco-obstétrique. On peut ajouter à ceux-là, le traitement des maladies infectieuses, l’odontologie, l’ophtalmologie, l’oto-rhino-laryngologie, la pédiatrie, la pneumologie, la stomatologie et la traumatologie-orthopédie. Bien entendu, le bénéfice de ces prestations est soumis au paiement sur place d’un ticket modérateur de 30% du coût des actes médicaux et des médicaments, les 70% restants étant à la charge de la CNAM.
Manuel Zako