Société

Agriculture/L’igname : une filière qui peine à s’organiser

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L’igname constitue, selon les estimations de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), en Côte d’Ivoire, la première production vivrière avec une production annuelle estimée à environ 6 millions de tonnes, soit 35% de la production agricole nationale. Le secteur pourrait accroître son rendement malheureusement, il n’est pas structuré et enregistre une faible productivité.

 

La Côte d’Ivoire enregistre sur son étendue, six variétés d’ignames, notamment des variétés précoces Kponan, Assawa et Lokpa, des variétés tardives Krenglè, Bètè bètè et Florido. Les localités de Bondoukou et Bouna concentrent respectivement 60 et 33,3% du volume d'igname Kponan vendue sur le marché de gros à Abidjan. La production mondiale d'igname était estimée à 28,1 millions de tonnes en 1993. L'Afrique de l'Ouest représente 96% de la production mondiale et la Côte d'Ivoire représente 8,1%. 
Pour le fonds interprofessionnel pour la recherche et le conseil agricole (FIRCA), les programmes engagés pour le développement de la filière ont pour objectif de contribuer à l’amélioration de la productivité et la professionnalisation des acteurs de la chaîne des valeurs. De façon spécifique, il s’agit de faire en sorte que les acteurs puissent améliorer leur performance. Cette approche s’inscrit dans la vision du gouvernement qui se projette sur la période de 2021-2025 à travers la mise en œuvre de projets d’Agro-Pôles dont la réalisation est basée sur une approche intégrale et globale. Ils seront fondés sur le potentiel des territoires et les besoins des populations, bénéficiant à l’ensemble des acteurs. Les projections pour la production d’igname devraient atteindre en 2022, 8 504 291, 8 972 564 en 2023, en 2024, 9 127 623 et en 2025, 9 463 339 tonnes.

 

 

 

 

Ces menaces à circonscrire

 

Avant de parvenir à ces meilleurs résultats, l’État doit remédier à un certain nombre de difficultés qui plombent la bonne marche de la filière au niveau national. D’après des scientifiques, les rendements de la culture d’igname sont faibles et instables, à cause de la pression des maladies virales et des insectes.
« Les pertes engendrées par les insectes depuis la mise en terre des semences jusqu'à la récolte et ensuite, lors du stockage des ignames sont importantes. Certains insectes sont des vecteurs de maladies virales », avait développé la phytopathologiste ivoirienne, Toualy Marie Noël Yeyeh. C’était en marge des travaux menés par le programme Ouest Africain d’épidémiologie virale pour la sécurité alimentaire en Afrique (WAVE) de l’Université Félix Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire et le National Crops Research Institute (NaCRRI) de l’Ouganda en 2021.
De son côté, le FIRCA a préconisé, à l’issue de ses recherches, des résultats pour une production de grande échelle et des méthodes de conservation, de lutte contre les maladies et ravageurs de l’igname. Il vise également à sélectionner des semences de bonne qualité, adopter des techniques rapides et peu coûteuses, sans oublier le diagnostic de la fertilité des sols…

À ce propos, 145 producteurs semenciers devraient être formés à la technique de miniset d’igname. Ces actions conjuguées s’inscrivent dans le but d’aboutir à la constitution d’un noyau de producteurs semenciers, opérant dans cette filière afin d’amorcer le traitement de la question de l’indisponibilité de matériel végétal.

 

Les attentes des producteurs

 

Les producteurs sont d’autant optimistes quant aux décisions prises par le gouvernement pour valoriser le secteur de la filière igname. Ils espèrent en une production rentable de leurs plantations, l’accès aux plants, l’encadrement des structures étatiques, l’accès au marché et l’écoulement rapide de leurs productions.

Koffi Kouakou Félix, producteur d’igname et de manioc à N’Zékressèssou, dans le département de Bocanda, attend des mesures du gouvernement, l’écoulement de leurs stocks.

« On a des problèmes pour écouler nos produits. Cela fait que la production d’igname dans notre zone a baissé. Nous sommes nombreux et on gagne financièrement peu. Nous cultivons plus l’igname précoce qu’on appelle "Anader". C’est récemment que nous avons fourni plus de 4 tours de chargement de 4 tonnes d’ignames à des acheteurs. Nous avons le manioc qui ne trouve pas d’acheteurs. Sinon, il y a de l’argent dans la vente de l’igname », a-t-il expliqué.

À sa suite, Abdoulaye Samaké, secrétaire de la filière d’igname en constitution, a indiqué que le secteur est porteur, surtout que la Côte d’Ivoire est le 3e producteur après le Nigeria et le Ghana. Il a plaidé le soutien de l’État afin de rendre la production et le marché dynamiques. « Nous sommes grand producteur d’ignames. Il y a toutes les variétés et on trouve les ignames sur toute l’année. En fonction des saisons, on trouve toutes les variétés sur le marché. Ce qui est intéressant dans l’igname, c’est que toutes les variétés telles que le florido, l’assawa, le fatadjô…, se vendent pour la consommation locale et sont exportées. Nous sommes en fin de saison et la quantité de production a baissé. Quand l’igname se fait rare, le prix augmente », a-t-il justifié.

M. Samaké a indiqué que malgré la faible production nationale, la Côte d’Ivoire est la principale exportatrice de ce tubercule au Mali.

« Nous exportons de Côte d’Ivoire essentiellement au Mali. Ce marché appartient à notre pays. Ceux du Burkina Faso et du Niger sont approvisionnés par le Ghana », a-t-il souligné. 

 

 

Venance Kokora

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