1- Y’a quel intérêt pour l’IPCI de se doter d’un vivarium à serpents. Quelle est l’importance de ces serpents dans les recherches scientifiques et médicales ?
A l’IPCI, nous avons 21 spécimens de serpents sur lesquels nous travaillons. 15 sont dangereux. Ce sont 4 cobra cracheurs, 4 cobra des forêts, 3 vipères rhinocéros et 4 mambas verts. Ainsi, chaque mois, nous retirons le venin de ces serpents stockés et ce venin constituera la matière première pour développer l’anti venin.
2- L ‘IPCI est-il suffisamment outillé pour produire du sérum anti venin?
L’IPCI possède un zoo avec une variété de serpents venimeux et dangereux. L’Institut joue donc un rôle très important car pour développer un sérum anti venin. Il faut toujours un venin de référence de qualité, et c’est là qu’intervient l’IPCI.
3-Quel rôle stratégique joue votre institution dans ce segment de la recherche ?
Il existe actuellement deux Instituts Pasteur en Afrique de l’Ouest où l’on retrouve le venin, à savoir l’Institut pasteur de Guinée et l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, tous ces centres de recherche obtiennent du venin, et mènent des projets de recherche.
4- Avec la désertification et la destruction des habitats des serpents favorisées par l’établissement des villes, est-il aisé aujourd’hui de trouver des espèces de serpent pour vos travaux de recherches ?
Les serpents sont des animaux vivant dans la brousse. Donc, si nous leur enlevons leur habitat, certains mourront. Mais beaucoup d’entre eux seront capables de s’adapter. Nous défrichons souvent les forêts pour l’urbanisation et dans presque toutes les communautés, des serpents vivant dans la brousse survivent désormais dans les coins et recoins des habitations humaines. Si bien que les serpents sont faciles à trouver quand on le veut. Trouver un serpent est en effet facile. Mais produire le venin est une autre car demande beaucoup de courage. Aujourd’hui, sur la base des données démographiques, nous le savons grâce à une décennie de recherche, quel type de serpent nous avons affaire, où les trouver et extraire le venin.
5- Il nous revient que le sérum anti venimeux coûte cher alors que la Côte d’Ivoire dispose d’une banque de venin?
Le sérum anti venin est produit au Mexique. La version française coûtait 125.000 francs pour une ampoule, tandis que la quantité d’ampoules nécessaires pour un traitement peut aller de 2,3 à 4 ampoules. Cependant, la version fabriquée au Mexique coûte 54 ou 53 mille francs, soit la moitié du prix. Il est indéniable que cela coûte encore plus cher pour une population qui manque de ressources.
6-Qu’est-ce qui est fait pour les rendre accessibles à toutes les bourses ?
L’IPCI possédant sa propre banque de venin tant à rejoindre des collaborations avec d’autres Instituts pasteur, y compris l’Institut pasteur du Maroc.
Il sera également nécessaire de collaborer avec d’autres Instituts Pasteur, comme celui de la Guyane qui a récemment a annoncé son partenariat avec l’Institut Pasteur du Maroc et de la Tunisie.
7-Quelle est la réalité de la fréquentation des hôpitaux, après morsure de serpent, en Côte d’Ivoire ?
Le nombre de cas de morsures de serpent n’est pas rapporté en temps réel. Parce que, une fois mordus, les gens vont chez un thérapeute, et quand c’est critique, ils vont à l’hôpital. A partir d’une publication scientifique qui remonte aux années 1980, on peut estimer qu’à l’horizon 2025, on peut estimer à 500 le nombre de patients par an liés aux morsures dans les hôpitaux de Côte d’Ivoire. Mais en extrapolant à partir des cas communautaires, nous estimons 2 à 3 fois par an, soit 250 ou 750 fois.
8- Lequel des serpents mord le plus? *Et dans quelles circonstances ?
Ainsi, le serpent qui mord la plupart des gens en Côte d’Ivoire est un tout petit serpent venimeux, certes venimeux, mais son venin est inoffensif. Malheureusement, c’est ce serpent venimeux qui mord le plus de personnes dans les foyers ivoiriens. Les scientifiques l’appellent la « vipère domestique ». Il y a aussi le cobra cracheur, qui aime les habitations humaines et mord généralement les enfants qui jouent ou grimpent aux arbres sous la chaleur.
Source L’inter
NB : Le titre et le chapô sont de la rédaction