« Voici ce que les patients ne doivent pas manger »
Le diabète est rangé dans la catégorie des maladies dites chroniques non transmissibles. De façon générale, on en distingue deux types, à savoir le diabète de type 1 et celui dit de type 2. À ces deux, s’ajoutent les diabètes secondaires. Dr Koné Korotoum, épouse Coulibaly, est diabétologue, endocrinologue et nutritionniste. Elle dit tout sur la maladie du diabète de type 2 qui se déclenche en général, à 35 ans et est très répandue, notamment en Côte d’Ivoire.
Quels sont les facteurs de risque ?
Il y a d’abord l’obésité et le surpoids. Il y a aussi des prédispositions génétiques. Lorsqu’il y a un diabétique dans une famille, cela devrait interpeller les autres membres de cette famille à connaitre leur statut. C’est le facteur familial. Il y a également les signes cardinaux au nombre de quatre (4). C’est d’abord, la perte de poids sans raison apparente, bien que la personne mange beaucoup. En plus, elle boit beaucoup d’eau, mais est constamment déshydratée. Lorsqu’une personne présente ces signes en plus de se sentir toujours fatiguée, elle doit se rendre à l’hôpital pour connaitre sa glycémie, parce que cela conduit vers le coma.
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Quels sont les symptômes de cette maladie ?
Le problème du diabète de type 2, c’est qu’il est longtemps asymptomatique. C’est une maladie qu’on peut trainer pendant de nombreuses années sans qu’elle ne se manifeste. Et le diagnostic est souvent tardif chez nous, parce que nous ne faisons pas de bilan de santé de manière ordinaire. On ne va pas à l’hôpital que lorsqu’on a un mal. Et vu qu’il est asymptomatique, ce n’est pas évident qu’on fasse le diagnostic de manière précoce. On se rend également à l’hôpital que lorsque les complications de la maladie commencent.
Il y a aussi d’autres cas de figure. C’est lorsqu’il y a des dysfonctionnements érectiles chez l’homme. C’est pour cela qu’en général, lorsqu’une personne à des problèmes de fertilité, le premier réflexe, c’est de chercher à connaitre sa glycémie. C’est aussi le cas pour certaines femmes qui font régulièrement des fausses couches. Il y a nécessité pour elles de vérifier leur taux de glycémie.
Comment se manifestent ces complications ?
Les complications du diabète touchent tous les petits vaisseaux de l’organisme. Elle peut atteindre précocement les yeux. Elle peut atteindre également les reins, le cerveau, le cœur, les pieds. Elle peut être un coma. C’est pour cela que nous conseillons par exemple que celui qui a des problèmes d’yeux cherche à connaitre sa glycémie, après sa consultation chez l’ophtalmologue. Il en est de même pour celui qui a un problème rénal. Il est souhaitable qu’il vérifie sa glycémie.
L’une des spécificités du diabète de type 2, c’est que le malade a du mal à ressentir une douleur. On peut donc se blesser sans se rendre compte. C’est ce qui justifie le fait que des diabétiques ont des plaies qui évoluent rapidement. Le piège, c’est qu’après une blessure, le diabétique ne juge pas nécessaire de se rendre dans un centre de santé, puisqu’il n’a ressenti aucune douleur suite à sa blessure. Or, la progression est rapide. C’est ce qui provoque les pieds diabétiques. Ce sont des plaies qui cicatrisent difficilement. Si vous avez dans votre entourage, une connaissance dont la plaie tarde à se cicatriser, conseillez-lui de faire son test de glycémie. En général, chez nous et surtout dans nos villages, lorsqu’une personne a une plaie qui tarde à se cicatriser, elle est stigmatisée par la communauté. Non, ce n’est pas une affaire de sorcellerie. Si cette personne est diabétique, sa plaie ne pourra se cicatriser tant que son diabète ne sera pas équilibré.
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Vous parlez de mauvaise alimentation. Que recommandez-vous ?
Quand on dit de manger équilibré, c’est manger un peu de tout, mais de manière équilibrée. Souvent, on consomme de grande quantité de féculents et on se dit qu’on a bien mangé. Or, il faut un peu de tout. Surtout, à partir de 45 ans, il faut faire attention à la quantité de nourriture. L’organisme n’a pas besoin de grande quantité de nourriture.
Au niveau des jeunes, c’est l’alcool. Ils sont tout le temps en train de consommer de l’alcool. Les gens disent souvent que c’est la sucrerie qui donne le diabète. Il n’y a pas que la sucrerie, toutes les autres boissons, à savoir la bière, le vin, la liqueur contiennent du sucre. La digestion de l’alcool contient du sucre.
Comment prévenir la maladie ?
Il faut vérifier dans l’année, au moins une fois, sa glycémie. Cela permet de connaitre au moins, son statut et prendre des précautions en conséquence. La pratique du sport est aussi importante. Ce n’est pas nécessairement le sport intensif. Vous pouvez faire la marche pendant 30 mn une fois sur deux jours par exemple.
Certains diabétiques ont recours à la médecine traditionnelle pour se traiter. Cela est-il conseillé ?
Il faut accepter de vivre avec son diabète. Si on n’accepte que c’est une maladie chronique avec laquelle on doit apprendre à vivre, en changeant nos habitudes tout en restant discipliné, on cherchera nécessairement des solutions de facilité qui, malheureusement, ne sont pas faites pour le bien-être du patient. Puisqu’il ne prendra plus ses médicaments en allant chez le tradipraticien. Mais en général, ce que je sais, c’est que ces malades qui vont explorer d’autres voies, reviennent vers nous avec un diabète déséquilibré et souvent, dans un tableau clinique très difficile à prendre en charge. C’est pour cela que nous déconseillons cette voie. Jusque-là, je n’ai pas encore vu de cas concret qui a été diagnostiqué diabétique, qu’on a perdu de vue et qui est revenu guéri de son diabète par un tradipraticien.
Par Ernest Famin