Entre l’ancien chef rebelle Guillaume Soro et le PDCI RDA, le divorce est désormais consommé. Le communiqué annonçant cette distanciation est sans équivoque sur les raisons de cette déconvenue. Si le débat se faisait dans les couloirs du vieux parti, c’est l’affaire Soumahoro Kando a fait déborder le vase. Le message de ce communiqué est assez explicite : aucune alliance n’est envisagée avec le GPS, désormais dissous. (Voir ci-dessous le communiqué du PDCI) En effet Soumahoro Kando, ancien représentant du GPS, a participé à une réunion au siège du PDCI, mais le parti a clairement indiqué qu'il n'y a aucune alliance avec cette organisation. Le communiqué, publié après une période de réflexion interne, reflète un débat intense au sein du PDCI, où certains membres critiquent l'attitude ambivalente de Tidjane Thiam, accusé de naviguer entre divers camps politiques, notamment entre Simone Ehivet et Laurent Gbagbo, ainsi qu'avec Blé Goudé et Guillaume Soro. À tous, il exprime son soutien contre les autres. Historiquement, le PDCI avait soutenu Soro, notamment lors de la crise avec le RHDP et à travers le Conseil national de transition (CNT) en 2020.
Cependant, les actions de Soro, dont ses appels à la révolution et ses incitations à renverser le gouvernement, avaient déjà suscité des controverses et conduit Bédié à le lâcher. En novembre 2023, malgré la dissolution du GPS en 2021, le PDCI avait permis à ce groupe d'organiser une cérémonie dans ses locaux, ce qui avait provoqué des remous internes. La réticence du PDCI et des autres partis de l'opposition à s'associer publiquement avec le GPS s'est également manifestée lors du dernier dialogue politique, où l'opposition avait mis en avant les cas de Soro et de Blé Goudé, mais s'était finalement distanciée de Soro. Le 9 août, une réunion au siège du PDCI a rassemblé plusieurs partis politiques, y compris le GPS dissout, pour signer une déclaration reprenant des revendications de l'opposition, comme la réforme électorale. Cette présence de GPS avait suscité une réaction au sein du PDCI, qui, sous la pression de certains de ses membres, a finalement décidé de rompre les liens avec Soro. Comme on peut le voir, Thiam a ainsi été contraint de se séparer d'un allié associé à des crimes et des tentatives de déstabilisation.
Certains cadres au sein du vieux parti estiment que l’association de l’image de Guillaume Soro et surtout son soutien sans équivoque aux régimes putschistes de l’AES risque de dépeindre négativement sur le parti, surtout à l’international. Ainsi donc, après le flop du CNT de 2020 où l’image du PDCI a été beaucoup écornée pour s’être associé à un projet insurrectionnel sous la férule de Guillaume Soro, le parti a décidé de tirer les leçons de ces mauvais choix stratégiques et improductifs. Fort d cela, Tidjane Thiam, président du PDCI a été pressé par des cadres de son parti de clarifier sa position sur l'échiquier politique ivoirien, afin de sortir de l'ambiguïté créée par sa volonté de plaire à tous les camps. Cette situation souligne la nécessité pour le PDCI de se positionner de manière claire et cohérente dans le paysage politique complexe de la Côte d'Ivoire.
Yacouba Doumbia
