Politique

Simone et Laurent Gbagbo / Le parcours d’un couple atypique

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Abidjan, le mercredi 23 juin 2021 (lavenir)-Laurent Gbagbo et son épouse Simone Ehivet, sont deux figures emblématiques de la vie politique ivoirienne. Tous deux issus du Front populaire ivoirien (Fpi) dont ils sont membres fondateurs, ils ont su mener durant des années, une vie de combats politiques, parfois semée d’embûches, donc pas toujours rose.

Du militantisme syndical Lchevillé au corps...

Le couple s’est marié en janvier 1989, en secondes noces et a eu deux filles. Mais avant, l’histoire de Laurent et Simone prend du sérieux pour la première fois, en 1973 au domicile de feu Zadi Zaourou, à l’époque de la fondation d’une organisation révolu- tionnaire clandestine. Ce premier contact a suffi pour enclencher un coup de foudre entre Gbagbo qui était professeur d’histoire et déjà un activiste chevronné et sa future femme, Simone, étudiante d’histoire et de linguistique. « J’avais tellement entendu parler de lui, que j’étais impressionnée », a-t- elle confié dans ses confidences. Ils se retrouveront à d’autres oc- casions où Laurent est chargé de l’encadrement de la cellule « Lu- mumba ». Dans la clandestinité, ils empruntent des noms de code « Santia » pour Laurent, « Dominique » pour Simone. Le fils du sergent de police et la fille de gen- darme ne se lâchent plus. En 1982, ils fondent avec des cama- rades, dans une bananeraie de Dabou, le Front populaire ivoirien (Fpi), avant que Gbagbo ne prenne la fuite pour l’exil en France, via la Haute-Volta, actuel Burkina Faso.

... au multipartisme en Côte d’Ivoire.

A l’absence de Laurent, c’est Si- mone, la syndicaliste marxiste qui animera avec courage et abnéga- tion, l'«Organisation », embryon du futur Front populaire. À son retour au pays, en septembre 1988, Gbagbo constitue et prend la tête du Front populaire ivoirien (Fpi). Le président Felix Houphouët-Boigny reconnaît les partis d’opposition en avril 1990, et convoque les premières élec- tions pluralistes de l’histoire du pays.

Le président sortant et son parti, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire, remportent les élections,

mais Laurent Gbagbo qui a ob- tenu 18%, devient le chef de file de l’opposition.
Le couple va se distinguer par son entrée avec fracas dans le monde de la politique. Il croise sur son chemin en février 1992, le Premier ministre Alassane Ouattara qui ne fera pas de cadeau aux deux personnes, conformément aux dispositions de la « loi anti- casseur », votée à leur encontre pour avoir fomenté des troubles publics. Laurent, Simone et les autres sont violemment réprimés, puis condamnés à deux ans de pri- son, mais, au bout de six mois, ils sont tous deux libérés.

Quand en décembre 1993, Houphouët-Boigny rend son dernier souffle, Henri Konan Bédié, héri- tier naturel du « père de la Nation », lui succède. Deux ans plus tard, il organise un scrutin le 22 octobre 1995 avec un taux de participa- tion de 56,2 %, ce, malgré le « boycott actif " du Fpi et de son allié du moment, le Rassemblement des républicains (Rdr). L’encouragement au boycott du scrutin a donné une marge confortable à Henri Konan Bédié qui fut élu, sans surprise avec 96,16 % des suffrages, soit 1 640 635 bulletins de vote, en sa faveur.
Un an après l’épisode de ces élec- tions, le malheur frappe le couple Gbagbo qui est victime d’un acci- dent de voiture à Tiassalé. Simone, la plus touchée, s’en sort miraculeusement. De là, nait sa conversion au christianisme évangélique, elle y entraîne son époux. Le 24 décembre 1999, le président Bédié est renversé par un coup d’État mené par le général Robert Gueï, ancien chef d’état- major de l’armée. Laurent Gbagbo « prend acte », même s’il se dit « opposé aux coups de force ».

Le délice du Palais à la chute

« Je lève mon verre à Simone. Si j’ai gagné, c’est à elle que je le dois. Elle a fait 60 % du travail », Gbagbo lance, légèrement émoustillé, ces propos au soir du 26 octobre 2000. Ce dernier se déclare vainqueur après que des troubles ont éclaté en rapport avec le scru- tin du 22 octobre 2000. A peine installé dans le fauteuil présidentiel que le couple Gbagbo est in- quiété par une rébellion armée en 2002, lancée depuis le nord de la Côte d’Ivoire.

De concession en concession, le pouvoir d’Abidjan obtient des né- gociations avec le secrétaire général des Forces nouvelles, Guillaume Soro, pour la tenue de nouvelles élections en 2010. Simone et Laurent Gbagbo sont arrêtés en avril 2011, après leur refus de reconnaître la victoire d’A lassane Ouattara à la présidentielle. La crise qui résulte de ce bras de fer fait état de plus de 3 000 morts, selon les chiffres officiels.

Venance KOKORA

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