Ce sont 30 personnes physiques et morales qui ont été distinguées depuis la mise en place du Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix en 1989. Parmi celles-ci, l’on dénombre 27 personnalités physiques, y compris la dernière lauréate et 3 personnes morales.
Trois personnes morales et 27 personnes physiques
Les deux premiers lauréats de ce grand prix sont Nelson Mandela, l’ex-Président sud-africain, par ailleurs, président de l’African national congress (Anc) ou le Congrès national africain et l’ex-Président sud-africain Frederik de Klerk. Ils ont été primés en 1991, selon les propos du président du jury pour « leur contribution à la paix internationale ». Henry Kissinger explique qu’il s’agit de « les encourager à poursuivre leur effort, et en hommage à leur action d'éducation de leurs peuples vers une meilleure compréhension mutuelle et l'abandon de préjugés que beaucoup considéraient comme insurmontables ». Deux années plus tard, c’est sur trois personnalités politiques du Moyen-Orient que se porte le choix des membres du jury du prix. Ce sont Yitzhak Rabin, le Premier ministre de l'État d'Israël d’alors, Shimon Pérès, son ministre des Affaires Etrangères et Yasser Arafat, l’ex-Président de l’Autorité Nationale de la Palestinienne. C’est la signature de l’accord de Washington, le 12 septembre 1993, qui a milité en faveur de leur choix.
Ils sont primés pour le retour de la paix au Moyen-Orient. C’est pour une autre raison que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés et Sadako Ogata, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés, se voient décerné le prix en 1995. Si le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés l’est pour ce qu’il fait pour résoudre le problème des réfugiés au monde, Sadako Ogata, le Haut-commissaire, l’est pour la direction remarquable avec laquelle elle mène sa mission, qui est d’aider à soulager ce drame humain. En 1996, c’est la situation qui prévaut au Guatemala qui attire l’attention des membres du jury du prix. Ils sont impressionnés par la manière dont Álvaro Enrique Arzú Irigoyen, le Président du Guatemala d’alors, et Rolando Morán (Ricardo Arnoldo Ramírez de León), le leader de l’Unité Révolutionnaire Nationale Guatémaltèque (URNG), se prennent pour le maintien de la paix dans le pays. Ils ont accordé la priorité au projet de paix dans le programme du gouvernement. Les accords qui soutiennent la signature de la paix au Guatemala, ont créé les conditions nécessaires pour bâtir une nouvelle patrie de manière intégrale et cohérente. C’est pratiquement dans la même veine que s’est inscrite l’action qui a donné Fidel V. Ramos, l’ex-Président de la République des Philippines et Nur Misuari, le Président du Front de Libération Nationale Moro (MNLF), d’être choisis comme les lauréats du prix en 1997. Ils ont signé un accord en septembre 1996. Jugé « d’accord historique et exemplaire », il a permis de faire appel à la concorde plutôt que de recourir à la violence. Si Mary Robinson, l’ancienne Présidente d'Irlande, Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme, a reçu le prix en 2000, c’est tout naturellement pour les actions menées pour la recherche de la paix et la promotion des droits de l’Homme au monde. L’acte qu’il a posé n’est, certes pas directement lié à la paix, mais il y a contribué efficacement. Kay Rala Xanana Gusmão, l’ex-Président de la République démocratique du Timor-Leste, a trouvé opportun de résoudre à maîtriser le destin de son pays par la sauvegarde et le respect de leur culture et des valeurs identitaires nationales. Cela lui a ainsi valu de remporter le Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix en 2002.
Deux guides religieux et Sant'Egidio d’Italie dans le domaine religieux
Ceux qui ont œuvré au niveau de la religion pour être primés, sont le Cardinal Roger Etchegaray, Président Émérite du Conseil Pontifical Justice et Paix, Mustafa Cerić, Grand Mufti de Bosnie-Herzégovine et la Communauté de Sant'Egidio d’Italie. Le président du jury international Henry Kissinger, ancien secrétaire d’État américain (1973-1976) et prix Nobel de la paix (1973), a déclaré à propos du Cardinal Roger Etchegaray et de Mustafa Cerić en 2 003, lors de la remise du prix : « (…) Ces deux personnalités religieuses ont été choisies en reconnaissance de leur action en faveur du dialogue entre les religions, de la tolérance et de la paix. Le jury considère que la réconciliation entre les différentes perspectives religieuses sera un des grands défis de notre temps ». Quant à la Communauté de Sant'Egidio d’Italie, elle a été primée en 1999 pour son importante contribution à la paix à travers le dialogue et la compréhension entre les religions. « À un moment où de nombreux pays dans différentes parties du monde connaissent des conflits ethniques, religieux ou autres, notre choix constitue une reconnaissance des efforts de la Communauté Sant'Egidio en faveur de la réconciliation œcuménique de toutes les religions, ainsi que de son travail en Algérie, Mozambique, Guinée-Bissau et Yougoslavie », a déclaré Henry Kissinger concernant cette organisation. Le continent américain a vu certains de ses ressortissants recevoir le prix. Il s’agit de Luiz Inácio Lula da Silva, le Président de la République Fédérale du Brésil.
Il a été distingué en 2008 pour sa haute contribution à l'éradication de la pauvreté, à la protection des droits des minorités dans son pays, ainsi que pour son action en faveur de la paix, du dialogue et de la démocratie en Amérique latine. Il y a également Barack Obama, l’ex-Président des États-Unis d'Amérique. Il a été primé en 2016 pour « sa haute contribution au renforcement de la compréhension et de la paix du monde ». À ceux qui précèdent, il faut ajouter l'association des Grands-mères de la place de Mai, représentée par sa Présidente Mme Estela Barnes de Carlotto de l’Argentine. Elle a reçu le prix en 2010. Cette association a fait adopter la loi 23.511 portant création de la Banque Nationale des données génétiques. Cette banque abrite les cartes génétiques de toutes les familles dont un enfant a disparu. À ce jour, ladite banque contient les portraits génétiques de 352 familles, soit près de 3000 personnes. À la suite de cette organisation, c’est au président de la République française, François Holande, qu’est revenu l’insigne honneur de recevoir le prix en 2013. Et cela, pour sa haute contribution à la paix et à la stabilité en Afrique. C’est pour avoir réalisé une action tout aussi importante que Me Abdoulaye Wade a obtenu le prix en 2005. Selon Henry Kissinger, le président du jury, il a permis d’établir une démocratie multipartite dans son pays. Un changement politique s’est opéré dans un climat de paix et de coopération. Dans la corne du vieux continent, l’ex-Premier ministre d'Éthiopie de 2019, a eu le privilège d’avoir obtenu le prix. Ce qui lui valut de glaner cette distinction, c’est d’avoir été l’instigateur d’un accord de paix entre la République fédérale démocratique d’Éthiopie et l’Érythrée. En 2007, Martti Ahtisaari, l’ancien Président de la Finlande, Diplomate et Médiateur des Nations Unies, s’est vu attribué le prix pour le combat d’une vie au service de la paix dans le monde.
Aristide Otré
