Le Premier ministre a accordé hier lundi 11 juillet 2022 une interview sur les chaines de la RTI1 et de NCI sur la vie chère. L(Aveniur vous propose de larges extraits de cette interview où Patrick Achi a assuré que le gouvernement reste totalement mobiliser sur cette question.
Monsieur le Premier Ministre, vos concitoyens se plaignent de la flambée des prix des denrées alimentaires. On vous a vu dès les premières heures de cette inflation, sillonner les marchés. Est-ce que vous percevez ? Est-ce que vous entendez le cri du cœur des populations ivoiriennes ?
Merci de me donner l'occasion de m'adresser aux populations sur un sujet d'actualité d'une telle importance qui mérite effectivement que nous donnions plus d'informations sur les actions qu'entreprend l'Etat.
En ce qui concerne votre question plus spécifiquement du ressenti, oui, le Président de la République, le gouvernement est aux côtés des populations, est dans les populations, est avec les populations. Comme vous le savez, un certain nombre de membres du gouvernement, moi-même, je suis président du Conseil régional, je suis député, donc régulièrement au contact de mes populations, de mes administrés. Nous discutons, nous échangeons. Je sens véritablement l'impact de ce phénomène sur ces populations-là. Et c'est pour cela que le gouvernement n'est pas resté insensible. Le gouvernement a été extrêmement réactif comme d'ailleurs nous l'avons été au début de la période de la Covid-19.
(…)
Est ce qu'on a une politique agricole ?
Oui, nous avons, nous avons une politique agricole naturellement liée à ce phénomène. Aujourd’hui, le problème, ce n'est pas seulement juste de produire, mais c'est de produire à un coût abordable par les populations et, comme je l'ai dit, à produire de façon régulière. L'un des axes majeurs de la politique du président de la République qui est clairement exprimée dans sa vision 2030 et son plan de développement actuellement en cours 2021 2025, c'est une modernisation de l'agriculture dans le pays, en particulier sur ses cultures vivrières, parce que les modes de consommation ont changés.
Il y a quelques décennies, les populations étaient surtout en milieu rural, donc on plantait ici et là quelques cultures vivrières, derrière sa maison ou pas loin du village et on se nourrissait de ça et on concentrait ses efforts sur la plantation de cultures de rente qui permettait de générer des revenus.
Aujourd'hui, quand vous regardez, les modes de vie ont changé, les modes de consommation ont changé et plus de 50 % de la population vit dans des zones urbaines en pleine agglomération, avec donc des demandes relativement fortes de ces produits. Vous voyez bien que vous ne pouvez pas satisfaire cette demande avec des modes de production qui ne sont pas en adéquation avec le mode de vie.
Donc, la politique qui est utilisée là, c'est véritablement de développer des zones agropoles, donc ce qu'on appelle des agropoles. Neuf agropoles vont être construites sur l'ensemble du pays. Je crois que l'Agropole centre est déjà en cours.
Dans quelques jours, je vais lancer l'Agropole nord. Ça consiste à construire sur l'ensemble du territoire national des périmètres hydro agricoles qui vont permettre aux producteurs, avec des fermes semencières, avec la disponibilité des intrants, avec de la mécanisation, de produire des quantités importantes non seulement de produits destinés à l'exportation, mais des produits de consommation locale qui seront donc accessibles aux populations toute l'année et à des prix relativement abordables. Parce que la question aujourd'hui, en vérité, ce n’est pas juste de produire comme ça, localement. Beaucoup de pays dans le monde sont confrontés à cette réalité, surtout depuis la covid, mais encore plus avec la guerre russo-ukrainienne. Ce n’est pas seulement la sécurité alimentaire, c'est la souveraineté alimentaire, c'est le terme qui est utilisé aujourd'hui. C’est-à-dire, non seulement, produire mais produire tous les biens dont le pays a besoin pour se rendre le plus indépendant possible, non seulement les produits de consommation et aussi les produits alimentaires pour ne pas dépendre de l'extérieur et des chocs qui pourraient survenir.
Parlons justement de cette souveraineté alimentaire. Vous évoquez des projets, vous parlez de la politique agricole, vous parlez des projets de modernisation.Mais un Ivoirien pourrait vous dire ce soit Monsieur le Premier ministre, à quand la concrétisation ? Quand est-ce que cela va impacter notre vécu, notre quotidien ?
Déjà un certain nombre de mesures sont prises par l'Etat, dont l'appui au secteur du vivrier, les femmes, les personnes qui font aujourd'hui du vivrier reçoivent un appui en équipement, un appui financier qui leur permet d'accroître la production.
Mais également, comme vous le savez, je le disais tout à l'heure, la politique où on soumet à autorisation préalable toute exportation de produits vivriers vers l'extérieur qui permet donc de maintenir ces produits dans le pays pour pouvoir avoir un meilleur équilibre offre demande. Au-delà, bien sûr, comme je le disais, nous avons un programme que nous sommes en train de mettre en œuvre, que nous avons commencé, qui va donc dans un horizon 2025. Rrégion après région, nous allons donc changer, comme je l'ai dit, les modes de production. (…)
Pour revenir justement sur la cherté de la vie. Vous avez parlé de l'horizon 2025 ? Monsieur le Premier ministre, allons-nous attendre 2025 pour que la vie ne soit plus chère en Côte d'Ivoire ?
Ce que j'ai dit, c'est que nous sommes en train de mettre en œuvre tout un système, certains disent un bouclier, pour essayer de faire en sorte que des phénomènes totalement extérieurs au pays sur lequel le gouvernement n'a aucune responsabilité et qui s'imposent à nous et qui nous impactent et contre lesquels nous faisons des efforts que je vous dis, 400 milliards, ce sont des ressources relativement importantes qui, dans un pays, peuvent être affectées à d'autres types de dépenses sociales, mais que nous sommes obligés de consacrer à couvrir les surcoûts pour que la population ne soit pas impactée.
Aujourd'hui, il ne s'agit pas d'attendre trois ans. Le monde entier a les yeux aujourd'hui rivés sur ce qui se passe à l'extérieur et qui cause ce phénomène.
Le président de la République, quand il se lève le matin, la première chose qu'il regarde, ce sont les cours du baril pour voir s'ils baissent, pour voir si véritablement on va pouvoir enfin réduire ces subventions. Ce qu’il regarde en terme d'actualité, c'est qu'est ce qui est en train de se passer pour toutes les mesures qui sont prises afin d'apaiser la situation russo-ukrainienne pour qu'enfin le monde puisse être libéré.
Donc, sur cette situation là, ce que je dis, c'est que ce sur quoi on peut agir, nous on va faire le maximum, ce sur quoi on ne peut pas agir et qui impacte le monde entier, nous allons également certainement agir par les voies diplomatiques, mais ça c'est au niveau du Président de la République, contribuer à ce que la situation dans cet espace s'apaise pour que le monde entier puisse bénéficier de cet apaisement. Mais nous, à notre niveau, c'est de faire en sorte chaque jour que la population que nous avons en charge soit la moins impactée possible dans les denrées de première nécessité, surtout pour les populations vulnérables.
Et cela, nous le faisons. Comme je vous l'ai dit, les contrôles vont s'intensifier. Des actions vont être prises en termes de production pour que ces produits-là soient déjà disponibles. Dans la situation où l’on est, il y a des pays ou on ne parle même pas du prix de ces produits. On parle déjà de leur disponibilité, et ils ne sont même pas disponibles. Donc déjà, il faut le rendre disponible. Ensuite, il faut faire en sorte que l'impact sur les populations, surtout les populations les plus vulnérables, soit le plus faible possible.
Et ça, c'est dans le court terme ?
C'est dans le court terme. C'est notre quotidien. Chaque jour, quand nous nous levons le matin et je vous ai dit nous avons reçu instruction du président, la cherté de la vie est au cœur de la préoccupation et de l'action gouvernementale.
Chaque ministère concerné dans son domaine, on lui demande de voir quels sont les efforts qui doivent être faits pour atténuer ce phénomène de cherté de la vie et permettre à nos populations d'avoir une vie décente qui est en fait l'objectif qui nous a été assigné par le Président de la République.
Monsieur le Premier Ministre, nous sommes au terme de cet entretien face aux préoccupations légitimes des Ivoiriens. Que voulez-vous dire pour apaiser leurs craintes ? Pour les rassurer ?
Il y a certainement un message à adresser aux populations. Il y a également un message à adresser aux organisations, aux partis et groupements politiques ainsi qu’aux organisations de la société civile. Je pense que quand on est face à un fléau et un défi majeur de cette nature, il faut savoir être solidaire, se mettre ensemble pour relever ce défi.
C'est la marque des grandes nations, c'est la marque des grands Etats. Et je voudrais remercier justement un certain nombre de ces partis politiques et d'organisations de la société civile qui ont une attitude de responsabilité et de citoyenneté, qui ont conscience de l'origine de ces phénomènes, qui ont conscience de ce que le gouvernement fait est extrêmement important et qui contribuent, je dirais, à ce que la situation s'apaise et qu'ensemble, nous nous concentrons sur la chose la plus importante, faire en sorte que nos populations ne souffrent pas trop de ce phénomène, qu'ils aient une vie décente comme je l'ai dit, où le coût de la vie soit abordable.
Mais, il faut le reconnaître, il y a également quelques organisations qui, et c'est dommage, cherchent à utiliser ce phénomène pour en faire un argument politique. Je pense qu’honnêtement, ce n'est pas le moment, ce n'est pas l'opportunité.
Il faut véritablement tous se mettre ensemble comme on l'a été pour la Covid 19, pour aider le pays à et les populations surtout a à tenir cette situation difficile et à sortir de cette crise.
Le deuxième message, je pense qu'il s'adressera certainement aux opérateurs économiques aux producteurs, aux transformateurs, aux commerçants, aux distributeurs, pour les remercier également des efforts qu'ils font. Je vous dis que les prix que vous observez et qui sont pratiqués sur les marchés sont pratiqués en faisant en sorte que la totalité de l'augmentation qui nous est imposée ne leur soit pas répercutée.
Donc soit ce sont donc les subventions que nous faisons, et c'est surtout le plafonnement que nous pouvons faire grâce au fait qu’eux soient d'accord de réduire une partie de leurs marges afin que, comme je l'ai dit, l'impact sur la population ne soit pas trop grand.
Donc je voudrais les remercier pour cela, que ce soit des producteurs, des transformateurs, je voulais les remercier, mais également dire à un certain nombre d'entre eux qui tirent profit de ce moment extrêmement difficile pour le gouvernement qui chaque jour est en train de chercher des solutions, qu’utiliser ce moment là pour faire de la fraude, faire de la spéculation, pour pouvoir essayer d'accroître la peine sur les populations, il faut leur dire que ce sont des situations que nous ne pouvons pas accepter et que les sanctions vont être de plus en plus fortes et que nous resterons intraitables vis-à-vis de ces personnes qui sont à notre avis totalement en dehors de la réalité et ont des pratiques qui sont comme je l'ai dit, inacceptables.
Peut-on avoir une idée de ces sanctions ?
Elles seront discutées au gouvernement et vous le saurez naturellement en temps opportun, dans quelques semaines. Mais pour terminer, c'est surtout à la population que je voudrais m'adresser pour lui dire de rester confiante La situation de Covid nous a mis dans un contexte de terreur à nul autre pareil. Quand on a regardé ces avalanches de cas des centaines de milliers par jour, des dizaines de milliers de morts par jour. Tout le monde a dit l’Afrique, ce sera l'hécatombe. Le chef de l'Etat a réuni en comité de crise le gouvernement, des anticipations ont été faites, des matériaux ont été achetés et tous on s'est mis ensemble pour vaincre ce fléau.
Et je peux dire que pour ce qui concerne la Côte d'Ivoire, nous avons eu des satisfécits de nombreux pays de par le monde. Ça nous a réussi, les décisions qui ont été prises ont été opportunes et on a pu atténuer ce phénomène-là. On a pu le gérer, on est passé. Malheureusement, on aurait voulu qu'il en soit autrement après ce phénomène sur lequel on peut dire que les populations ont connu des fortunes diverses, survient, je dirais, cette crise de renchérissement du prix.
Moi, je pense personnellement que c'est encore un autre défi, ce fléau qu’il va falloir surmonter et c'est le chemin et l'aventure des grandes nations. La vie d'une nation comme celle de l'homme, cette aventure de la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Elle est faite de difficultés, elle est faite de moments de joie. Elle est faite de défis qu'il faut relever, trouver des énergies dans ces moment-là, apprendre justement les valeurs de l'union, les valeurs du rassemblement, les valeurs de la puissance d'être ensemble, ces valeurs que nous inculquent et que nous demande de véritablement partager le Président de la République. C'est dans ces moments-là qu'il faut se mettre ensemble. Donc je dis aux populations d'abord d'être rassurées parce que le gouvernement est proche d’eux. Le gouvernement est conscient de la peine que ça cause aux populations, aux ménages et chaque jour travaille à cela. Et que le gouvernement fait de cette question la priorité des priorités. Chaque jour, quelque chose peut être fait. Mais nous demandons également à ces populations de réagir quelquefois, nous avons un numéro vert qui permet effectivement de dénoncer des acteurs qui viennent et qui pratiquent des prix qui ne sont pas ceux qui sont plafonnés. Il faut le dénoncer, il faut le signaler pour permettre à l'Etat de réagir.
Mais comme je l'ai dit et pour mot de la fin, je souhaiterais vraiment leur dire, qu'ils soient rassurés, qu'ils ont un gouvernement à la tâche, qu'ils ont un gouvernement et un président de la République qui, chaque jour fait de leurs préoccupations le centre de leur action et que nous n'avons aucun doute que si nous restons ensemble, solidaires, unis, nous pourrons poursuivre ce chemin de la Côte d'Ivoire que nous suivons depuis plus de dix ans à côté du Président de la République. Ce chemin qui va nous conduire vers une Côte d'Ivoire toujours plus solidaire, une Côte d'Ivoire toujours prospère. Faites-nous confiance.
Retranscrit sur RTI par la Rédaction