Le nouveau gouvernement resserré, annoncé par Alassane Ouattara, a été rendu public hier mercredi 20 avril 2022. Pour l’essentiel, il compte des visages connus pour avoir été membres du précédent gouvernement Achi et d’autres gouvernements bien avant. De toute évidence, le président de la République n’a pas voulu renverser la table.
Tous ceux qui prédisaient ou attendaient un gouvernement totalement chamboulé, en ont eu pour leur frais. Le chef de l’État a décidé de procéder plutôt à un jeu de chaise musicale en maintenant l’ossature de l’équipe gouvernementale précédente, conduite par Patrick Achi. Si plusieurs ministres sont sortis du gouvernement, en raison du souci du président de réduire le train de vie de l’État, très peu y ont fait leur entrée. De fait, il n’y a que deux nouveaux : l’ancien ministre de l’Agriculture, Mamadou Sangafowa, à qui échoit le ministère des Mines, du Pétrole et de l’Energie et Mme Françoise Remarck, au ministère de la Culture et de la Francophonie. Dans le même temps, ce sont au total, 11 ministres de l’équipe précédente d’Achi Patrick qui ont fait leur adieu au gouvernement. Mais, pour l’essentiel, le nouveau gouvernement reconduit des visages connus. Pourquoi donc Ouattara a-t-il fait le choix de ne pas tout changer ?
Le président de la République a choisi de maintenir l’architecture de l’ancienne équipe pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’il n’avait pas été question pour lui de tout remettre à plat. Quand il a évoqué la formation de cette équipe gouvernementale, il a plutôt indiqué que celle-ci sera réduite. Il a parlé exactement de gouvernement resserré. Si l’on s’en tient au nombre des ministres dans cette équipe Achi 2, on peut dire qu’elle a été effectivement « resserrée » pour répondre au souci de réduire le train de vie de l’État.
Par ailleurs, le grand chamboulement que certains attendaient, n’a pas eu lieu parce que le chef de l’État a voulu tenir compte du contexte mondial de crise sanitaire, de guerre en Ukraine et d’insécurité due au terrorisme notamment. Dans un tel contexte, Ouattara n’a pas voulu prendre le risque de déstructurer l’équilibre du gouvernement. Face à la crise sanitaire, dont les conséquences impactent encore les économies de bien des pays et partant, celui de la Côte d’Ivoire, le chef de l’État n’a pas souhaité bousculer l’architecture de l’équipe gouvernementale au risque de déstructurer toutes les dispositions prises par le gouvernement précédent, pour contenir cette pandémie et ses conséquences sur l’économie ivoirienne.
À la crise sanitaire, est venue s’ajouter la guerre russo-ukrainienne qui, depuis son déclenchement le 24 février 2022, affole l’économie mondiale. Elle a engendré, en effet, une inflation qui fragilise les économies mondiales et menace la croissance de la nôtre. À la flambée des prix des biens de consommation s’ajoute l’augmentation du prix du carburant. Face à cette situation pour le moins préoccupante, le chef de l’État a choisi de maintenir l’ossature du gouvernement précédent pour que soient poursuivies, sans trop de cassure, les politiques déroulées jusque-là pour gérer ce contexte préoccupant. Car changer tout en faisant entrer en masse, de nouveaux ministres, aurait demandé que les entrants prennent le temps de s’acclimater, de prendre connaissance des dossiers et cela aurait pris du temps, alors que l’urgence commande une réponse hic et nunc. D’où, le choix de ne pas rompre l’équilibre de l’architecture gouvernementale précédente.
Une autre raison qui pourrait expliquer le choix du président de la République de n’avoir pas tout remis à plat, c’est la psychose de l’insécurité engendrée par la menace terroriste. Le péril djihadiste, disent bien des observateurs, est aux portes de notre pays, notamment dans sa partie septentrionale. Il importe donc de la contrer en maintenant le dispositif sécuritaire porté de main de maître par le ministre de la Défense et celui de l’Intérieur et de la Sécurité du gouvernement précédent, d’où leur maintien à leurs postes. Ce sont donc autant de raisons qui expliquent que les diseurs de bonne aventure, qui prédisaient un gouvernement de large ouverture ou d’union, se sont plantés.
Assane NIADA