Politique

Repositionnement idéologique : Affi N’guessan à l’épreuve du lourd passif du FPI

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Au cours du congrès extraordinaire du Front populaire ivoirien (FPI), qui s’est tenu le samedi 13 novembre 2021, le président de ce parti, Pascal Affi N’guessan, s’est livré à un exercice pédagogique : repréciser le fond idéologique de son parti au point de donner, parfois, l’impression de charger ce parti d’un nouveau fond idéologique. A l’évidence, il s’agit de donner de ce parti, une image autre que celle qu’il renvoie depuis sa création ou, à tout le moins, après les 10 années passées au pouvoir.

 

À l’occasion de ce premier congrès extraordinaire de l’après-Laurent Gbagbo, Affi N’guessan a prononcé un discours d’anthologie, qui fera assurément date. Un discours visant à réconcilier une frange des Ivoiriens, non militants ni sympathisants du FPI, avec ce parti. En effet, le président du FPI s’est employé à repréciser le fond idéologique de son parti, avec l’intention inavouée de changer, dans l’esprit de bien des Ivoiriens, la conception qu’ils s’en font.

À travers cet exercice, Affi N’guessan semblait vouloir dire à l’opinion nationale, voire internationale ce que le FPI est et qui a été, au fil des années, perverti ou déformé.

Il a d’abord dénoncé une certaine vision de son parti que certains de ses anciens camarades ont laissé voir et qui a desservi cette formation politique. « Pendant 10 ans, les valeurs fondamentales de notre parti ont été mises à rude épreuve par un courant patrimonialiste, tribaliste et xénophobe, déterminé à s’emparer de la direction du parti pour assouvir des ambitions de vengeance, de revanche et d’exclusion… », a-t-il fustigé. Et d’égrener les valeurs sur lesquelles repose le FPI. En le réaffirmant haut et fort, il tend à remettre en cause, certaines pratiques ou façons de faire, qui ont fini par gommer ces valeurs du fond idéologique du FPI. D’ailleurs, a-t-il avoué, l’exercice vise à faire en sorte que « l’image que nous renvoyons de nous, réponde à la réalité de notre identité ». Le disant, il semble reconnaître que l’image que le FPI a donnée de lui, par le passé, ne reflète pas ces valeurs qu’il a énoncées.

 

 

Ces valeurs socialistes perverties

 

Au nombre de ces valeurs : l’humanisme socialiste. « Nous sommes des humanistes par tempérament, par culture, par éducation. Etre humaniste, c’est placer l’homme, son épanouissement personnel au cœur du projet politique », a indiqué Affi. Et de renchérir : « Nos valeurs, c’est l’amour, la sollicitude, la bienveillance. Tous les Ivoiriens doivent se considérer comme des frères et des sœurs, unis autour de l’essentiel et l’essentiel, c’est la Côte d’Ivoire. L’essentiel, c’est notre capacité collective à vivre ensemble dans notre diversité ». Mais, à l’exercice du pouvoir, le FPI avait-il vraiment prôné et, mieux, traduit ces valeurs-là dans les actes ? On peut légitimement en douter.

Par ailleurs, Affi a souligné avec insistance que c’est cet amour de l’autre, si cher aux socialistes, qui fonde la propension du FPI à combattre le tribalisme. « C’est pourquoi, nous combattons le clanisme, l’ethnicisme, ces maux pernicieux qui gangrènent notre pays, ces ferments de division et de haine (…) C’est pourquoi, nous refusons le repli régionaliste, identitaire, parce qu’il est forcément générateur d’incompréhension et de conflits. C’est pourquoi, nous réaffirmons ce sentiment d’appartenance commune et de destin partagé entre toutes les filles et les fils de ce pays », a martelé le successeur de Laurent Gbagbo à la tête du FPI.

Mais, au regard de ce qu’il nous a donné de voir durant ses dix années de gestion de pouvoir, le FPI s’est-il illustré comme un parti contre le « clanisme, l’ethnicisme (…) le repli régionaliste, identitaire » ? Loin s’en faut, à la vérité. Bien au contraire ! Ce parti a repris à son compte, la rhétorique ivoiritaire conçue sous la mandature d’Henri Konan Bédié du PDCI, au point d’approfondir le fossé entre les filles et les fils de ce pays. Toutes choses qui ont engendré un repli identitaire d’une frange de la population, qui se sentait bannie du « destin partagé », dont parle Affi. Voilà ce lourd passif du FPI que celui-ci devra solder pour redonner du FPI, une image plus attrayante.

 

Assane Niada

 

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