La blogosphère ivoirienne a été secouée la semaine qui vient de s’écouler par une affaire d’alcôve impliquant un ancien footballeur et une artiste de renom. L’affaire Serey Dié-Josey a remis ainsi au goût du jour, la problématique des buzz sur les réseaux sociaux et l’éthique des familles. Dans cette contribution, Dr Nanourougo Coulibaly, enseignant-chercheur à l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody, analyse ce buzz sous le prisme de la théorie des valeurs.
La Côte d’Ivoire, il convient de le signaler, vit au rythme des buzz qui sont en train de prendre le pas sur les faits divers, naguère prisés par les Ivoiriens. Bon… on me dira que ces deux pratiques se trouvent dans le même casier de la grande bibliothèque des « affairages », entendez par là, des rumeurs. Et cela n’est pas faux. Cette affaire…, encore une autre, aussi alléchante que les autres, « buzzement » parlant.
Cette affaire Josey-Sérey Dié, est une affaire de stars. Le capitaine emblématique de l’équipe nationale de football, connu pour sa rage de vaincre sur les terrains de football, joue cette fois-ci, dans un film en compagnie de la pulpeuse artiste du ‘‘coupé-décalé’’, connue sous le nom d’artiste Josey. Dans un entretien télévisé, l’ancien capitaine a révélé sa relation extraconjugale avec l’artiste qui, elle, quelques jours plus tard, postera sur sa page Facebook, un gros pardon pour son acte, décrit en Éburnie comme celui d’une « briseuse de foyer ».
Nous n’aurons aucun mérite à juger ces deux qui disent s’aimer. En revanche, il faut reconnaître que ce buzz nous oblige à nous interroger sérieusement sur les valeurs axiologiques chères à l’éthique des familles ivoiriennes, valeurs que ce buzz vient de fragiliser.
Au nom des passions amoureuses, il semble qu’il soit désormais possible, voire normal d’officialiser une relation illégitime au regard des valeurs éthiques ou axiologiques telles que notre communauté les pense. Il n’est pas dit que ce phénomène n’a jamais existé. C’est plutôt son acceptabilité qui suscite le débat. De nombreuses relations amoureuses, désapprouvées, existent, souterraines. Mais au regard de certaines valeurs sociales, en tant qu’elles sont des principes et considérations largement subjectifs propres aux cultures qui ont cours chez nous, et qui servent de cadre de référence, il était jusque-là, proscrit pour une femme ou un homme connu, d’assumer publiquement ce type de « faute sociale ». Il est vrai que ces valeurs et principes de référence évoluent avec le temps. Les vérités d’hier n’étant pas celles d’aujourd’hui. Mais, c’est un lent processus de sédimentation et de cristallisation, de combat et de rupture qui ne peut se comprendre sous le coup de la désinvolture. Vu l’intervalle de temps qui sépare les interventions de Serey Dié et de Josey, donnant l’impression d’une belle orchestration, on peut légitimement penser qu’il s’agit d’une campagne de communication visant à défoncer une porte déjà ouverte. L’opération entend sans aucun doute, faire passer ce qui ne peut pas passer aux yeux de la communauté. À croire que la romance de la « petite femme de Mama [1]» de l’ancien président de la République Laurent Gbagbo, a fait tache d’huile, au point que certains, tombés sous le charme de ladite romance, vont la jouer pour eux-mêmes dans un buzz aussi pimenté que celui du modèle qui se veut ainsi transcendant. En franchissant ce cap, Serey Dié et Josey sont en train de nous apprendre que, d’un point de vue axiologique ou éthique, on peut oser, en harmonie avec ses propres instincts, n’en déplaise à cette « chose » sans visage qu’on appelle la Morale. Nul besoin d’être docte pour comprendre que c’est là, une autre falaise contre laquelle les « générations pressées pressées », lourdes de nombreuses utopies, viendront fracasser leurs crânes de serviles imitateurs. Après tout, n’a-t-il pas donné le ton depuis le 17 juin 2021 ?
Dr. Nanourougo Coulibaly
