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Interview /Nash  (Artiste-chanteuse) «  J’aspire au mariage »

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À moins d’un mois de son concert-célébration de ses 20 ans de carrière, Nash s’est ouverte à L’Avenir. Elle feuillette son jardin secret et sa riche expérience dans le showbiz.

Près de 20 ans en arrière, on voyait cette jeune fille qui débarquait dans l’univers du showbiz ivoirien. Aujourd’hui, comment voyez-vous dans le rétroviseur, ce début de carrière ?

Effectivement, j’étais très jeune dans mes débuts. Tout a démarré dans la ville de Man où je vivais avec ma famille. Par la suite, je me suis retrouvée à Grand Gbapleu, un autre quartier de Man à travailler avec un autre groupe. Puis, en 1998, j’arrive à Abidjan après l’affectation de mon père qui travaille à la justice. Une fois à Abidjan, je me suis retrouvée à Niangon Nord, mon quartier de naissance. C’est de là que tout est vraiment parti et j’ai commencé à m’exprimer en Nouchi. Bien avant déjà, j’avais les germes du Nouchi en moi. Cela, parce que je vivais dans un quartier où la violence était récurrente. Je recommençais donc à Yopougon, une nouvelle vie qui s’avérait difficile pour moi, car il était compliqué d’avoir à manger. Je mangeais une fois par jour et je dormais à même le sol. Dieu a fait la grâce et m’a permis d’intégrer un sound system au cours duquel j’ai été remarquée par Boni RAS en présence de Joey Star. Boni RAS a donc décidé de me produire en me mettant sur une compil ‘’Enjaillement’’. Mon titre ‘’Premier djandjou’’ qui est la reprise de ‘’Premier Gaou’’ de Magic System, a été enregistré en 1999 et sorti en 2001. Ma carrière a donc véritablement démarré en 2001. Depuis lors, j’évolue dans cet univers du showbiz, avec à la clé, un festival Hip Hop. J’ai également tourné dans le monde entier et j’ai fait des collaborations.

 

« Je suis plus proche des garçons que des femmes »

 

Selon vous, si ‘’Premier Gaou’’ n’avait pas connu le succès, seriez-vous aujourd’hui la même Nash qu’on connait ?

On peut le dire, mais le fait déjà d’être recrutée par Boni RAS, c’était pour moi, une grande opportunité. Poser sur un titre d’un grand groupe qui a connu du succès, c’était un ‘’douahou’’ (chance) pour moi. Je pense que Dieu est passé par là pour que je puisse avoir ce nom que j’ai aujourd’hui. Je me dis aussi que j’étais certainement destinée à faire cette reprise, surtout que Boni RAS a eu ce flair.

 

Avec le succès que votre reprise connait, comment réagit le groupe Magic System qui était aussi dans une certaine ascension avec la même chanson ?

Le ‘’Kôrô’’ (aîné) A’Salfo et les autres membres du groupe étaient très contents et fiers de moi. Ils avaient même dit sur une radio de la place que la meilleure interprétation de leur titre était mon ‘’gbaillement’’ (chanson ou reprise). Et jusqu’aujourd’hui, j’entretiens de très bons rapports avec les membres du groupe. C’était d’ailleurs ma première fois de mettre les pieds dans un studio et même pour le tournage du clip, je flippais.

 

Novice dans le showbiz avec ce premier succès, avez-vous été victime d’exploitation, à l’image de tous ces artistes qui font leurs premiers pas dans cet univers ?

Non, je n’ai pas du tout été exploitée. Bien au contraire, j’ai eu beaucoup d’opportunités et de voyages grâce à cette chanson. En plus, Boni RAS n’était pas quelqu’un qui était porté sur l’argent. Il n’en avait pas besoin, puisque lui-même, menait une riche carrière.

 

Le 20 novembre prochain, vous allez célébrer à l’esplanade du Palais de la Culture de Treichville, vos 20 ans de carrière. Quel bilan faites-vous de cette carrière ?

Mon bilan est positif, même si je reconnais qu’il y a eu des moments de lutte, de souffrance, de déception, de tristesse. Des moments de joie, j’en ai connus également. Même quand je dis aux gens que je totalise 20 ans de carrière, ils ont du mal à le croire, parce que Dieu m’a préservé de beaucoup de choses. Beaucoup de personnes auraient abandonné.

 

Quand vous dites que Dieu vous a préservée de beaucoup de choses, est-ce à dire que vous avez été victime d’attaques au cours de votre carrière ?

J’ai été beaucoup attaquée dans ce milieu. Même, jusqu’aujourd’hui, je subis encore ces attaques. Mon avantage est que j’ai eu la chance de vite connaitre le seigneur et avec les prières et la vie spirituelle que je mène, j’arrive à surmonter la situation. Toutefois, il y a eu des moments où je n’ai pas pu supporter ces nombreuses attaques et c’était très difficile pour moi. Les calomnies, les frustrations, les blocages étaient récurrents. Mais à chaque fois, Dieu m’a aidée à me relever.

 

« J’ai été vidée de ma maison »

 

Pouvez-vous partager avec nous, quelques anecdotes sur ces différentes attaques ?

Des choses ont été dites sur ma vie, j’ai fait deux ans de dépression, le ‘’poto’’ (fiasco) de la 2ème édition de mon festival en 2012, ce sont tous des faits réels que j’ai vécus. En 2018, j’ai failli me suicider quand j’ai fêté mes 17 ans de carrière et que j’ai été lâchée et abandonnée. En 2005, j’ai perdu ma mère, il y a eu le décès de Papa Wemba, le ‘’Chao’’ (père spirituel) François Konian, mon ‘’fils’’ Abobolais et le Daïshi, ce sont des décès des personnes très proches qui m’ont vraiment ‘’wôrô’’ (démoralisé). J’ai été vidée de ma maison et je suis repartie en famille. En gros, j’ai connu bien de moments difficiles. 

 

Vous aviez été chassée de chez vous pour loyer impayé ?

Non, du tout ! C’était plutôt dû à une incompréhension entre le staff et le propriétaire de la maison. Je traversais aussi des moments difficiles et c’était un peu compliqué et donc, on nous a mis à la porte. Finalement, je me suis retrouvée en famille avant de rebondir.

 

C’est ce qui était à la base de votre tentative de suicide ?

Non, pas du tout ! J’avais avalé des comprimés dans le but de me suicider. Ma mère adoptive a dû me faire évacuer rapidement en France. Ce qui m’a sauvé la vie. Je rends gloire à Dieu.

 

« Souvent, d’autres viennent pour faire ‘’Mouganpan’’ et ils sont collés à la fin »

 

Finalement, avec tous ces malheurs autour de vous, le diable n’aurait-il pas une si grande emprise sur vous ?

Donc, tous ceux qui ont des problèmes, c’est une emprise du diable ? (Elle s’emporte un peu). Cela n’a rien à avoir. Il y a beaucoup d’attaques dans le milieu et quand tu as une grande étoile, les ténèbres s’élèvent. Surtout quand tu décides de marcher avec le seigneur, il faut s’attendre à toutes ces choses. Dans notre milieu, il faut être prêt spirituellement. Aussi, ce n’est pas facile pour une femme d’être dans ce milieu avec le lot de propositions indécentes. Lorsque par exemple, tu refuses la facilité, les problèmes commencent. Pour dire que je suis depuis, dans une lutte avec toutes ces personnes qui s’adonnent à ce genre de pratiques. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien qu’on me surnomme ‘’La go cracra du djassa’’.

 

Quelles sont les propositions indécentes auxquelles vous a été confrontée ?

Je sais que vous savez de quoi je parle. Vous le savez bien. Certaines personnes n’hésitent pas à te dire ouvertement qu’elles t’aideront à condition de coucher avec toi d’abord. Beaucoup de femmes dans le milieu font face à ces propositions de droit de cuissage. J’ai refusé toutes ces propositions avec la manière pour éviter de choquer et frustrer. Sinon, certaines personnes m’ont aidée sans exiger cela en retour.

 

Ce ne sont seulement que des propositions venant des hommes ?

Oui, vous vouliez que ce soient des propositions venant de qui d’autre ? Pour dire vrai, je n’ai pas assez d’amies. Je suis plus proche des garçons que des femmes. J’ai en fait grandi au milieu des garçons. Du coup, je suis habituée à eux. Avec mes grands frères, je jouais au ballon, aux billes même, sans oublier les palabres.

 

S’il n’y avait pas eu la musique, quelle serait votre passion ?

J’avais l’embarras du choix, car je jouais au basket, au foot, handball et aussi, j’étais athlète en saut en hauteur et en longueur et le 1 500m. Je jouais même à la JCA et je devais partir en Afrique du Sud pour le championnat. Un autre club ici, voulait me prendre dans son équipe de basket, l’équipe nationale également m’avait appelée. D’ailleurs en athlétisme, j’avais remporté à Man, l’Oissu en 200m. Mon père voulait que je sois dans le sport. Finalement, quand mon « son » (chanson) est sorti, ça devenait compliqué pour moi et j’ai choisi la musique au détriment du sport où je comptais plusieurs disciplines.

 

Quel est votre sentiment lorsque vous voyez des athlètes de haut niveau comme Murielle Ahouré et Ruth Gbagbi remporter plusieurs trophées avec de bonnes assises financières ? Des regrets ?

Je suis très contente et fière d’elles. Toutefois, je ne regrette pas d’avoir choisi la musique. Je pense qu’elles ne savent pas que j’étais aussi athlète comme elles, car ceux qui ont fait l’école avec moi le savent.

 

Qu’est-ce que Nash promet pour la célébration de ses 20 ans de carrière ?

C’est un ‘’digba’’ (grand) mouvement, un grand concert. Ce seront deux heures de concert live. Ce jour-là aussi coïncide avec la Journée mondiale de l’Enfance, donc, de 10h à 14h, on sera avec des associations, des ONGs avec les enfants. Et dans la soirée, c’est le concert et aussi mon jour anniversaire. C’est donc un grand show complet avec des invités de marque. Il y aura aussi des inédits, tout un cocktail d’événements au cours desquels je ferai à la fois rire, danser, pleurer, ‘’faire sciencer’’ (donner de l’émotion). En gros, ceux qui seront là, verront Nash sous toutes ses facettes et ses dimensions.

 

« Je souhaite faire deux filles et deux garçons »

 

Ambassadrice de l’Unicef, vous êtes fort engagée dans le social et l’humanitaire…

C’est mon être, le côté humanitaire, social. C’est naturel et je le vis au quotidien. Dieu merci, il y a une institution comme l’Unicef qui m’a fait confiance en me faisant ambassadrice pour la cause des enfants. À travers mon ONG et mon festival Hip Hop Enjaillement, je fais des œuvres caritatives, organiser des journées de détections de talents. Et tous ces aspects feront partie intégrante de la célébration de mes 20 ans de carrière.

 

Quel est votre regard en tant que pionnière du Rap féminin sur le Rap Ivoire ?

Je suis fière. Le Rap Ivoire a atteint un bon niveau. En plus, nous avons su mettre une appartenance à notre HIP HOP. Je suis contente de voir mes jeunes frères aller faire des tournées en Europe, ce qui n’existait pas dans le passé. À la télé, on invite de plus en plus les rappeurs. Le rap féminin également s’est bien enraciné. C’est une fierté pour moi, car le combat que nous avons mené pour le mouvement a pris. Mon seul problème, ce que je déplore, ce sont les clashs. Je ne suis pas pour les clashs entre rappeurs. D’ailleurs, nous sommes en train de créer une association pour les acteurs du HIP HOP dénommée Professionnels ivoiriens associés pour le HIP HOP. C’est un mouvement qui va rassembler toutes les générations de chanteurs HIP HOP et aussi les acteurs du mouvement. Cela pour mieux valoriser notre corporation.

 

Quel est votre position sur la ‘’fuite’’ de talents du HIP HOP vers l’Europe à l’instar de Boni RAS, Billy Billy… ?

On ne parlera pas de fuite. Boni RAS par exemple, est allé en France pour une formation d’ingénieur et finalement, il a préféré rester pour continuer sa vie. Billy Billy également, je pense qu’il avait des problèmes en Côte d’Ivoire. Je pense que chacun d’eux a ses raisons. Dans mon cas, il fût un moment où j’ai voulu partir de la Côte d’Ivoire, car j’étais découragée. Le seul conseil que je puis donner à mes frères, est qu’il est mieux d’être ici que d’aller vivre en Europe. Aux jeunes, je conseille la navette entre l’Europe et la Côte d’Ivoire plutôt de vouloir aller caler. A nos autorités, je demande de créer les conditions favorables pour permettre à nos jeunes de rester ici. En tout cas, je déconseille vivement aux jeunes de prendre la mer pour aller en Europe. Aujourd’hui, Dieu merci, il y a l’Agence Emploi Jeunes qui prend en charge, les problèmes des jeunes.  

 

Que devient le Festival HIP HOP Enjaillement ?

Le festival grandit et évolue. Nous sommes cette année à sa 9ème édition. J’ai dû le stopper à cause de mon concert. À la reprise, nous passerons aux étapes de demi-finale et finale pour arriver au concert-apothéose. Nous reprenons les 03 et 04 décembre 2021. À vrai dire, je suis épuisée financièrement, parce que les sponsors manquent. Je compte donc faire une pause après la 10ème édition, car ça me pompe toutes mes économies et ça m’amène à m’endetter.

 

Comment voyez-vous votre carrière dans dix ans ?

C’est Dieu qui décide. Après les 20 ans, il y a la famille qu’il faut fonder. Il y a aussi le mariage qui est en vue. Je veux vraiment me caser, faire mes enfants et poursuivre mon métier qui est la musique. Pour ma carrière, il y a une équipe qui travaille sur ma vision future. Je suis en finition de mon lexique Nouchi qui sortira bientôt. Il y a également une biographie de Nash et un documentaire qui vont sortir. Il y a beaucoup de perspectives en vue.

 

Il fût un temps en arrière où pour taire les rumeurs sur votre sexualité, vous avez dû présenter publiquement l’homme de votre vie. Ce dernier est-il toujours d’actualité ?

Cette affaire d’homosexuelle qu’on me colle ne date pas d’aujourd’hui. C’est un trop plein qui m’a fait craquer ce jour-là. Mon mec n’avait pas apprécié que je l’ai affiché. Je ne sors pas avec les gens du milieu, car j’aime être discrète. Ce qui fait que les gens n’arrivent pas à me cerner. J’ai l’âge de me marier et j’aspire au mariage, mais tout dépend de mon homme. J’ai besoin de me stabiliser et cela fait partie de ma vision. Il est donc grand temps. Mon mec est toujours là.

 

On constate que vous avez pris un peu de rondeur. Seriez-vous en attente d’un bébé ?

J’ai juste pris un peu trop de poids. Rien d’autre. Je veux me marier avant de faire mes enfants.

 

Combien d’enfants comptez-vous avoir ?

Je souhaite faire deux filles et deux garçons.

 

Nash est-elle une femme soumise ?

Avant, j’étais une femme farouche et difficile, mais ils ont ‘’enlevé ça dans mes yeux’’ (je l’ai appris à mes dépends).

 

Votre homme vous battait donc ?

Il y a un qui l’avait essayé un jour, mais il l’a regretté.

 

Vous l’avez battu ?

(Rire) Non ! Je me suis juste défendue et depuis ce jour, il ne l’a plus essayé. Depuis, quand je me mets dans une relation, je préviens mon homme de ne jamais s’amuser à vouloir me porter main. Sinon, quand je suis avec mon homme, c’est loin d’être la Nash qu’on pense être. C’est d’ailleurs ce côté romantique qui fait que j’ai des relations qui durent. Souvent, d’autres viennent pour faire ‘’Mouganpan’’ (relation sans lendemain) et ils sont collés à la fin. Je suis bien conservée et mes gars rendent témoignage.

 

À la maison, ce sont toujours les pantalons ?

Ça dépend. Je peux porter des boubous. Je n’aime pas mettre mon corps dehors. Je porte aussi mes petites culottes et souvent, les pagnes attachés à la poitrine.

 

Nash en sous-vêtement, ça donne quoi ?

Je porte ‘’bâche’’. Je n’aime pas les strings parce que j’ai essayé d’en porter un jour, j’ai eu ‘’coco’’ (hémorroïdes). Ce jour-là, je l’ai enlevé devant mon homme et je l’ai jeté pour ne plus jamais le reporter. Je porte aussi des dessous en dentelle. Généralement, pour dormir, je me mets en caleçon et débardeur.

 

Philip Kla

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