La plaignante, une avocate dans la trentaine, affirme avoir subi des avances non consenties et des agressions répétées dans des lieux variés, y compris dans le bureau de Khan à La Haye, à son domicile, ainsi que dans des chambres d’hôtel lors de déplacements professionnels. Les témoignages recueillis par The Guardian décrivent une escalade de comportements inappropriés et d’agressions physiques, parmi lesquelles une scène où le procureur aurait tenté d’embrasser la victime de manière forcée.
Des pressions auraient été exercées sur la victime présumée, visant à dissuader toute plainte. Un collaborateur proche de Khan l’aurait ainsi encouragée à nier les faits par écrit, en lui suggérant des phrases telles que : « Je n’ai jamais dit cela. Il ne m’a jamais agressée. » D’après le Guardian, « le procureur était très effrayé » que les accusations deviennent publiques et ternissent sa réputation au sein de l’institution.
Ces révélations soulèvent des questions sur l’efficacité et l’indépendance du mécanisme de contrôle interne de la CPI, le Mécanisme de contrôle indépendant (IOM). Après une première entrevue entre la victime présumée et des enquêteurs de l’IOM dans un hôtel de La Haye, l’enquête aurait été close en seulement deux jours, malgré la volonté de la plaignante de poursuivre la collaboration. Ce traitement express suscite des critiques croissantes, d’aucuns y voyant une tentative d’étouffement.
Face à ces allégations, les avocats de Karim Khan ont catégoriquement démenti les accusations, qualifiant la divulgation de documents internes de tentative visant à affaiblir « son travail essentiel dans un moment sensible ». Khan, juriste renommé, est depuis 2021 au centre de dossiers internationaux cruciaux, dont certains au niveau le plus élevé de la justice mondiale.
À la lumière de ces accusations, l’Union du personnel de la CPI a appelé à « une enquête rapide et indépendante », menée par un panel extérieur afin de garantir une impartialité sans faille. L’Assemblée des États parties, l’organe de supervision de la CPI, pourrait être amenée à se saisir de cette affaire. La plaignante serait actuellement en contact avec cette instance pour lancer une nouvelle enquête sur les agissements du procureur.
Ces nouvelles révélations plongent la Cour pénale internationale dans une crise de confiance. Alors que l’institution a pour mission de défendre les droits humains et de poursuivre les crimes les plus graves, cette affaire met en lumière des dysfonctionnements internes qui ternissent son image et interrogent sur la transparence de ses mécanismes disciplinaires.
Olivier YEO