Sécurité, santé et stabilité sont les trois défis communs auxquels l’Europe et l’Afrique veulent s’attaquer pour "changer la donne" de leurs relations lors du 6e sommet Union européenne-Union africaine jeudi et vendredi à Bruxelles.
Les tensions avec la Russie autour de l’Ukraine se sont invitées au sommet avec une réunion d’une heure des Vingt-Sept "sur les derniers développements" de la crise, avant son ouverture prévue à 14h00 (13h00 GMT). Quarante des 55 dirigeants membres de l’UA doivent ensuite retrouver leurs homologues de l’UE pour définir ce nouveau partenariat.
"Un partenariat postule l’échange et le partage", ont souligné le président du Conseil européen, le Belge Charles Michel, et le président de l’Union Africaine, le Sénégalais Macky Sall, dans une tribune conjointe.
Les discussions se dérouleront au sein de sept tables rondes pour "éviter la litanie des discours lors d’une longue plénière sans résultats" et des "échanges animés" sont attendus, ont expliqué les organisateurs du sommet.
Emmanuel Macron en a fait un moment fort de la présidence française du Conseil de l’UE. "Nous voulons un sommet qui change la donne", insiste-t-on à Paris.
Mais l’Europe ne pourra pas aider une Afrique où l’instabilité et l’insécurité règnent, met en garde le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Coups d’Etats, conflits, terrorisme, trafics d’êtres humains, piraterie gangrènent le continent et ont un impact sur l’Europe, souligne M. Borrell.
L’Union africaine a suspendu le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et le Soudan du Sud après des coups d’Etat. Leurs nouveaux dirigeants ne participeront pas au sommet de Bruxelles qui se terminera vendredi à la mi-journée avec une déclaration commune sur la nouvelle relation.
L’Afrique a le choix de ses partenaires
Une annonce de l'Elysée était attendue sur le retrait du Mali des forces françaises de Barkhane, l’opération antijihadiste au Sahel, et du groupement européen de forces spéciales Takuba, initié par Paris en 2020. Un repositionnement dans un autre pays africain est étudié.
L’instabilité du continent africain est alimentée par "les nouveaux acteurs" chinois et russes "dont les méthodes et les agendas sont très différents des nôtres", constate Josep Borrell.
Les agissements dans plusieurs pays africains des mercenaires du groupe privé Wagner, dirigé par des hommes proches du Kremlin -ce que Moscou dément-, "sont un exemple des efforts de déstabilisation de la Russie dans des régions qui sont importantes pour l’UE", souligne un responsable européen.
Sur ce continent, riche en matières premières, les grandes puissances, Chine en tête, se livrent à une lutte d’influence.
"L’Afrique est courtisée et elle a le choix de ses partenaires", fait-on valoir à Bruxelles. Le partenariat proposé par l’UE se veut "innovant" et "respectueux" des pays africains.
Mais il n’est "pas question d’évacuer les sujets de respect de l’Etat de droit et des droits humains car ils sont le fondement de nos relations avec l’Afrique", affirment les institutions de l’UE.
De l’autosuffisance pour lutter contre le Covid-19
La lutte contre la pandémie est une autre priorité. "Ce sommet offre une opportunité unique de prendre des mesures concrètes qui rapprochent l’Afrique de l’autosuffisance pour lutter contre le Covid-19", estime Edwin Ikhuoria, un responsable de l’ONG ONE.
Seulement 11% de la population du continent africain est entièrement vaccinée.
"Ni l’Afrique ni l’Europe ne peuvent dépendre d’acteurs extérieurs pour des productions aussi vitales", affirme Josep Borrell. L’UE soutiendra des centres de production de vaccins au Sénégal, au Rwanda, au Ghana et en Afrique du Sud.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a présenté la semaine dernière à Dakar une stratégie globale d’investissements dotée de 150 milliards d’euros sur 7 ans pour l’Afrique.
Peu d’indications ont été fournies sur la provenance des fonds mais "nous ne retranchons rien à personne dans le budget européen", ont assuré ses services.
Ces financements sont destinés à "aider des projets voulus et portés par les Africains pour la transformation de leurs économies. Plus question de leur dire ce qu’il faut faire. C’est ça, la nouvelle donne du partenariat", souligne-t-on à Bruxelles.
Source RTBF