Faits divers

Sécurité/Des individus enlèvent des enfants et des femmes :Le témoignage glaçant d’une rescapée

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Le phénomène des enlèvements s’intensifie ces derniers temps. Une des victimes, Ehouman Christine, raconte sa mésaventure. Elle explique comment elle a échappé à ses ravisseurs.

 

 

Pouvez-vous nous relater votre mésaventure ?

J’ai emprunté un taxi climatisé au niveau de la zone de Yopougon, après mes courses pour rentrer à la maison à la cité Sotrapim N’dotré. Le chauffeur avait une bonne prestance et cela m’a assurée. Je suis montée sans vérifier la plaque d’immatriculation. En cours de route, non loin de l’entreprise CIMAF, il m’a demandé s’il pouvait tourner, vu qu’il soupçonnait un embouteillage. On a contourné et c’est au moment du contournement, alors que je manipulais mon téléphone qu’un individu est sorti du coffre arrière avec un papier lotus contenant du produit pour m’asphyxier.

 

N’avez-vous pas réagi ?

J’ai essayé de me débattre pendant quelques minutes, en vain. Je me suis réveillée des heures plus tard, totalement nue dans un camion. Je me suis retrouvée dans ce camion avec 4 autres filles. Il y a une qui était toujours  endormie. À mon réveil, j’ai constaté les pieds, les mains et la bouche attachés. Après quelques kilomètres parcourus, ils nous ont bandé les yeux et détaché nos bouches.

Ils nous ont donné l’assurance qu’ils ne nous feraient aucun mal si on restait tranquilles. Nous sommes descendus dans un endroit les yeux toujours bandés. Après quelques minutes de marche, nous sommes rentrés dans une maison. Une fois dans la maison, ils nous ont débandé les yeux. Il y avait dans la maison, une femme d’environ 50 ans, les cheveux coupés. Cette dernière a fait nos toilettes, elle nous a épilées, en présence des personnes armées. Ils étaient habillés en tenue militaire, certains étaient encagoulés.

 

Pourquoi a-t-elle fait vos toilettes ?

Quand la dame a fini de faire nos toilettes, il y a un de nos ravisseurs qui a coupé nos cheveux à l’aide d’une tondeuse. Il a pris nos cheveux pour les remettre à la dame. Ce dernier avait un accent anglophone. Quand ils ont fini, ils nous ont ligotées à nouveau, en fermant nos yeux et nous avons pris un autre véhicule d’une capacité plus grande que la première qui nous a conduits dans la maison. Une fois dans le camion, nos bouches étaient bandées et les yeux ouverts. On a parcouru une longue distance sur une route bitumée. Chemin faisant, une pose a été faite pour réceptionner, selon leur expression, un « autre colis ». Il s’agissait de deux petites filles de teint clair comme nous. Ces fillettes avaient environ 4 ans et 7 ans. Ces dernières étaient aussi nues comme nous. Après avoir reçu leur colis, nous avons repris la route. En cours de route, les deux fillettes et une autre dame ont été mises dans un autre véhicule qui est venu spécialement les chercher. Ce véhicule a pris une autre direction que la nôtre. Arrivés dans un endroit où il y avait des gens armés qui nous attendaient, nous sommes descendus. Il y avait un parmi eux qui portait une blouse. Il a pris notre température, la tension, le poids et l’âge. Après cette étape, ils nous ont demandé de nous tendre sur les lits picots pour une visite médicale. Lorsque mon tour est arrivé, celui qui consultait m’a demandé si j’avais subi une césarienne. J’ai répondu par l’affirmative en lui précisant que j’étais mère d’un enfant.

 

Que recherchait-il en vous posant cette question ?

Il m’a mise à l’écart en disant à ses complices que je suis un déchet. Il y a une autre aussi qui m’a rejointe. Elle avait le corps tatoué. Il a dit à son ami qu’il y a deux qui sont bonnes et deux autres sont des déchets. Les déchets étaient nous. Vous devez vous débarrasser des deux déchets rapidement, parce que ça ne va plaire au boss. Ces déchets ne sont pas du goût du boss. Et ils nous ont embarquées en oubliant cette fois-ci, de nous attacher, puisqu’ils nous envoyaient dans un autre endroit pour se débarrasser de nous. Et celle qui était avec moi, le corps tatoué, paniquée, s’est affolée en criant dans tous les sens. Leur médecin a ordonné qu’on la fasse taire pour ne pas qu’elle attire l’attention des gens. Pour la maitriser, ils nous ont ligotées en bandant la bouche. Mais elle continuait de s’agiter. À un moment donné, j’ai entendu des détonations.

 

Pour vous, ces détonations traduisaient quoi ? 

Je pense qu’ils ont dû l’abattre. Et il y a un autre qui avait une arme. Il m’a prise dans une petite voiture pour m’abattre un peu plus loin. Arrivés quelque part, il est descendu et a commencé à faire un trou à l’aide une pioche.

Quand il a fini de creuser le trou, il m’a questionnée sur ma césarienne et je lui ai répondu que j’ai un garçon de 4 ans. Après, je l’ai supplié de ne pas me tuer. Voyant l’intensité de mes supplications, il a refermé le trou, défait les cordes, tiré en air et démarré sa voiture en trompe, en me laissant seule, toute nue. J’avais déjà fait 4 jours sans manger. J’ai commencé à courir dans la brousse. J’ai passé une nuit dans la forêt et au petit matin, j’ai continué ma marche en priant. J’ai rencontré une dame sur un vélo. Elle m’a prise pour une folle et m’a donné un morceau de pagne. Après plusieurs jours de marche, il y a une autre dame que j’aie vue non lion d’un hôtel. Elle m’a apporté de l’aide avant d’appeler la gendarmerie de Djébonoua. Je ne connaissais pas la ville.

 

Propos retranscrits par Ernest Famin.

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