Économie

Interview/Entrée à l’OPEP, retombés pour l’État et les populations… Serge Parfait Dioman, expert international fait de grosses révélations sur les gisements Baleine et Calao

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Serge Parfait Dioman expose les chances de la Côte d’Ivoire à devenir un pays de l’OPPEP. (Ph : DR)
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La Côte d’Ivoire enchaîne une série de découvertes de gisements de pétrole, ces dernières années, dont le dernier en date est le gisement Calao. Serge Dioman Parfait est expert international en industries pétrolières et énergies. Dans une interview, il revient sur les spécificités de ce gisement, ce qu’il va apporter à l’économie ivoirienne et donne les chances de la Côte d’Ivoire pour devenir un pays de l’OPPEP.  

Il a été découvert en Côte d’Ivoire récemment, un gisement de pétrole baptisé Calao. Ses ressources sont estimées entre 1 et 1,5 milliard. Que traduisent-t-elles concrètement ?

Il s'agit en fait d'indiquer la contenance du gisement qui a été estimé entre 1 et 1,5 milliard de Barils Équivalent Pétrole (BEP), une unité à ne surtout pas confondre avec une estimation faite en barils qui est une contenance de matière. Avec un énoncé en Barils Équivalent Pétrole, il s'agit ici d'estimer en une seule fois et de manière globale alors, la contenance énergétique réunissant à la fois le gaz naturel, le pétrole et les condensats logés dans le même gisement, plutôt que de donner séparément la quantité du pétrole en barils d'une part et la quantité de gaz d'autre part.

Qu’est-ce que cette nouvelle découverte représente pour la Côte d’Ivoire ?

C'est une bonne nouvelle d'apprendre que le pays vient de réaliser une seconde découverte majeure. Elle contribuera à lui donner plus de visibilité et d'attractivité vis-à-vis des investisseurs et des agences de notations de diverses sortes d'appréciations de la bonne santé d'un pays.

Avant le Calao, il y a eu le gisement Baleine. Quelle est la différence entre ces deux gisements ?

Tous les deux sont des gisements en offshore, avec Baleine qui se situe en mer profonde et Calao en mer très profonde. C’est la seconde découverte majeure du pays après Baleine, dont les immenses réserves prouvées, sont de 2,5 milliards de barils de pétrole brut sans soufre associé à plus de 3 300 milliards de pieds cube de gaz naturel.

Qu’est-ce que le gisement Calao va apporter de plus dans l’écosystème de l’industrie minière extractive ?

En termes de matières hydrocarbonées, le gisement Calao apportera plus de gaz naturel, car il est de tendance plutôt gazière. Mais il contient tout de même aussi du pétrole léger et des condensats.

Lorsque de telles découvertes sont faites dans un pays, quels sont les bénéfices directs pour les populations ? 

La vitalité énergétique qui en découle, aide à catalyser davantage, l'émergence du pays, un objectif qui s'avère bien d'ailleurs être en ligne de mire du Plan National de Développement de la Côte d‘Ivoire. En tout état de cause, l'or noir contribuera effectivement à la production d'électricité, une ressource nécessaire à chacun pour assouvir ses activités socio-économiques et améliorer son confort de vie. Les emplois créés et la bonne distribution des richesses est, à n'en point douter, une part de l'embellie que connaîtront les populations. Au moment opportun, des voies plus autorisées nous en diront plus à toutes fins utiles.

Quelle place pourrait occuper désormais la Côte d’Ivoire en Afrique, avec cette dernière découverte de gisement parmi les pays producteurs de pétrole ?

La Côte d‘Ivoire est aujourd'hui citée dans le top 10 des pays producteurs de pétrole en Afrique. Et après avoir également réussi la mise en exploitation rapide (mode fast-track) du gisement Baleine, en moins de 2 ans d'ailleurs, elle est devenue une vitrine de référence sur cette activité exploration et production du cœur de métier.

Le ministre des Mines, du pétrole et de l’énergie, lors d’une rencontre avec le groupement des professionnels de l’industrie du pétrole, a révélé que la Côte d’Ivoire était éligible à l’OPEP. En tant qu’expert, pensez-vous que la Côte d’Ivoire a les aptitudes pour être éligible ? Si oui, quels sont les atouts du pays ?

Nous nous alignons de façon très factuelle sur l'heureuse annonce faite par le ministre de tutelle, Mamadou Sangafowa-Coulibaly, pour dire que la Côte d‘Ivoire est à ce jour, en capacité de frapper à la porte de l'OPEP. Elle satisfait aux diverses marches pour y accéder. Et ceci est une fois de plus un fruit de la vision proactive du Président de la République, Son Excellence Alassane Ouattara, de voir une Côte d'Ivoire pétro-gazière pleinement épanouie au travers de l'or noir qui deviendrait le second poumon économique du pays. Être un exportateur net, c'est-à-dire un producteur capable effectivement de mettre une offre de pétrole brut sur les places du marché international, vaut autant que proposer du pétrole de qualité, car il y va de la réputation du cartel. La Côte d’Ivoire est à la hauteur de ces critères de base. Ensuite, elle garantit une production durable via des réserves prouvées de grande importance. Par ailleurs, la preuve de sa bonne gouvernance pétrolière milite en sa faveur, etc.

Que gagnerait la Côte d’Ivoire à être membre de l’OPEP ?

Cette organisation intergouvernementale vaut plus de 60% des exportations de pétrole dans le monde et concentre 80% des réserves prouvées mondiales. Elle n'est pas le seul cartel de ce genre, mais elle reste de loin la plus en vogue. À l'instar donc des 12 autres pays membres statutaires de l'OPEP, la Côte d’Ivoire jouira d'office, elle aussi, du prestige et de l'influence du cartel, de même que des bénéfices de la coopération technique, sociale, financière, académique, etc. Entre les pays membres pour valoriser davantage son offre pétrolière et améliorer ses diverses techniques et méthodes d'exploration de son bassin sédimentaire.

L’exploitation de ce gisement n’aurait-elle pas des conséquences environnementales sur le pays ?

L'exploitation se fera selon un paradigme opérationnel nouveau de net-zéro émission de gaz à effet de serre de catégories 1 et 2. C'est une méthode éco-responsable qui s'avère bien au contraire être pro-environnementale. Le gisement Baleine, actuellement en cours de production de pétrole et gaz, fonctionne en net-zéro émission et ce sera le cas pour les autres gisements désormais.

Peut-on espérer d’autres découvertes de gisements ?     

Ce sera le cas bien entendu, car le bassin sédimentaire ivoirien s'est révélé être effectivement fertile. Et pour preuve, les récentes découvertes probantes de gisements confirment que la clé géologique d'exploration est quasi satisfaisante. Elle permettra en effet de mieux orienter les recherches de réservoirs vers les zones où ceux-ci sont le plus susceptibles de se trouver, fussent-elles en mer peu profonde, profonde ou très profonde comme le cas du gisement Calao dont le fond marin se trouve sous 2 200 mètres de profondeur de la surface de l'eau. Autant les moyens technologies, techniques, humains que les méthodes avancées d'exploration, etc., sont disponibles pour le faire. Et tel qu'annoncé par le PDG de ENI, tout ceci marque le point de départ d'une série de découvertes à venir.

Le fleurissement de l’industrie extractive minière, avec ces découvertes, supposerait aussi une main-d’œuvre locale compétente. En tant qu’expert international, la Côte d’Ivoire, selon vous, a-t-elle la main-d’œuvre qualifiée en quantité suffisante pour faire face à ces nouveaux défis dans le secteur pétrolier ?

Le rapport d'un comité international de consultants et d’analystes en ressources humaines avait, il y a 2 ans de cela, notifié que le continent africain, dans son ensemble, accusait un déficit de 50% de cadres techniques et d'ingénieurs dans le secteur des industries extractives d'hydrocarbures. Ce rapport, par ailleurs commandé par l'Association des Pays Producteurs de Pétrole (APPO) dont la Côte d’Ivoire est aussi membre, ne dit pas que ceux en activité en ce moment, sont incompétents. Il révèle précisément qu'ils sont en nombre insuffisant. Ce qui souligne de rendre la filière plus attractive et montrer les belles perspectives de plan de carrière durable. Effrayer les potentiels intéressés en prédisant à tort d'ailleurs que le pétrole et le gaz vont être contre-productifs. Ailleurs dans le monde, et tout comme en Côte d’Ivoire, où l'on sait que ce n'est pas vrai, l'on ne connaît pas ce niveau de déficit. D'où la loi N° 2022-408 du 13 JUIN 2022 relative au contenu local et priorisant l'offre d'emplois aux nationaux compétents.

 

Réalisée par Ernest Famin

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