La tribune ‘’Seen Read’’ se veut trimestrielle. Fruit d’un partenariat entre Seen hôtel Abidjan et Gad éditions, ce rendez-vous mensuel dédié à la promotion de la littérature et de la lecture aura permis à l’auteur de l’ouvrage ‘’Itinéraires’’ de disséquer son œuvre, recueil de brèves biographies de personnes illustres de Côte d’Ivoire, et surtout de lever un coin du voile sur ses prochains challenges.
L’histoire de l’œuvre
Recueil de brèves biographies de personnes illustres de Côte d’Ivoire, l’ouvrage édité par Gad éditions met en lumière et en avant le parcours inspirant de 23 personnalités de plusieurs secteurs d’activités. En leur dédiant et consacrant ces biographies, l’auteur veut démontrer que derrière ces modèles qu’elles représentent aujourd’hui, celles-ci ont dû faire face à plusieurs souffrances, maltraitances, rejets, ou ont dû travailler dur pour atteindre leurs performances actuelles. Lesquelles performances font la fierté de la Côte d’Ivoire et notamment de la jeunesse ivoirienne. Toutefois, l’ex-préfet d’Abidjan d’indiquer que pour mieux faire connaitre leurs histoires, il a dû mettre en avant le côté caché et sombre de ces personnalités. « C’est le côté caché et difficile de la vie des gens que je mets en avant et tout le monde n’est pas prêt à cette exposition. Ce n’est pas toujours facile pour les gens de parler de leurs souffrances, leurs enfances, d’une maltraitance, d’un père qui a renié, quelqu’un qui a trahi », a-t-il témoigné non sans dévoiler sa technique pour réussir à tirer de toutes ces personnalités le meilleur qu’il recherchait. A l’en croire, lorsqu’il contacte l’une de ces personnalités, la rencontre se fait naturellement sans micro ni stylo. Car pour lui, il n’y a qu’ainsi que ses interlocuteurs peuvent mieux se vider et se confier. Une fois ces confidences faites, dira-t-il, pour avoir longtemps travaillé dans l’administration et aussi dans la ‘’diplomatie’’, il les retranscrit fidèlement. Et ce n’est qu’à la sortie du livre que ses interlocuteurs découvrent le fruit de leurs confidences. C’est donc grâce à cette technique, confie-t-il qu’il a pu retracer les parcours de Max Gradel, Alpha Blondy, Meiway, Cheick Yvane, Konnie Touré, Hassan Hayek, Jil Alexandre N’Dia, le père Abékan, Gilles Touré, Fabrice Sawegnon….
Pourquoi pas A’Salfo, Tiken Jah, Didier Drogba ?
A’Salfo, Tiken Jah et Didier Drogba n’ont pas eu leurs biographies dans l’ouvrage. Toute chose qui a surpris plus d’un lecteur. Lesquels ont demandé les raisons de leurs absences dans l’ouvrage à l’auteur. « La même question me revient à tout moment mais c’est un processus. Il y a des beaucoup de personnes qui ont été contactées qui n’ont pas eu le temps de répondre. On ne peut pas lire toute la Côte d’Ivoire dans un ouvrage car il y a tellement de talents chez nous », fait-il savoir soutenant que le choix des 23 personnalités présentes dans son ouvrage n’a pas été facile. « J’avoue qu’il a été très difficile de faire ces choix qui figurent dans le livre. D’ailleurs, moi je m’en étais tenu à 15 personnes et c’est mon éditeur qui m’a demandé d’ajouter pratiquement tous les secteurs d’activités dont le sport, l’agriculture, la médecine, le monde universitaire… », a-t-il révélé. Parlant du cas A’Salfo, Vincent Toh Bi Irié a appris qu’il lui consacrera très bientôt un ouvrage exclusif. « C’est vrai A’Salfo est mon ami, mais je vais lui dédier tout un livre à lui seul », a-t-il signifié non sans signifier que l’un de ses vœux les plus chers reste de pouvoir avoir dans ses prochains livres Didier Drogba et Tiken Jah qui sont pour lui des modèles qui inspirent toute la jeunesse ivoirienne. « J’espère qu’ils vont accepter eux de s’ouvrir aussi comme les autres l’ont fait. C’est une bonne remarque, nous les avons déjà approchés », a-t-il traduit.
Pourquoi il est passionné de littérature et de livres
Pour Vincent Toh Bi, il n’y a que par et à travers les livres, les écrits qu’on peut contribuer à l’avancement et au développement d’une société. « Il y a des gens qui font la Côte d’Ivoire dans la discrétion qui sont également dans ce livre. Si on continue de citer les Napoléon et autres, c’est parce qu’on parle d’eux dans les livres. Dans les pays développés par exemple, les gens écrivent par exemple sur le patron du FBI, de grandes institutions…Les choses supposées secrètes et confidentielles donc sont dévoilées. Ce qui montre la puissance de l’Etat mais nous on est encore en train de vouloir tout cacher mais on n’avance pas parce qu’on cache tout », a-t-il défendu. C’est donc selon lui pour briser tous ces codes qu’il a mis en lumière tous ces modèles. « Nous sommes dans une dynamique de contribuer à l’émulation, notre idée était de prendre quelques modèles ici en Côte d’Ivoire, écrire sur eux afin de montrer les aspects de leurs vies où ils ont connu des difficultés pour que les lecteurs surtout les jeunes connaissent la vie de ces personnes, qu’ils s’en inspirent et qu’ils comprennent que même dans la difficulté il y a l’espoir d’arriver au sommet dans la vie », a-t-il témoigné. Poursuivant, il a soutenu que « la médiocrité se guérit par la production des modèles et ces modèles existent ici ».
Sa technique pour emmener les ivoiriens à la lecture
Selon l’ex-préfet d’Abidjan, il est primordial d’inculquer le goût de la lecture aux ivoiriens car selon lui « c’est ainsi qu’on fait pour éclairer la conscience d’un peuple ». C’est d’ailleurs la raison pour laquelle dit-il avoir fait le choix de longs textes sur les réseaux sociaux. « J’ai décidé de faire de longs textes sur les réseaux sociaux pour obliger les gens à la lecture. Même quelque chose que je peux écrire en une phrase, j’opte pour le rendre long pour obliger les gens à me lire. Généralement, en début de publication, je préviens pour dire qu’il n’y a pas résumé avec moi et donc celui qui ne peut pas lire peut aller ailleurs », a-t-il fait savoir. Déplorant que certains ivoiriens se plaisent à lire des vidéos de longues durées, il trouve paradoxal voire incongru que ceux-ci n’aiment pas lire des textes dits longs. « Les gens sont prêtes à passer 5h pour lire des vidéos insipides mais incapables de lire un texte », a-t-il déploré. Aussi dans sa vision d’inculquer ce goût de la lecture aux ivoiriens, il dit animer par moments des ateliers d’écriture. « Que les gens apprennent à lire. Le SILA l’an dernier a drainé du monde et je suis content. On n’arrive pas en haut pour rien, la connaissance s’acquiert par le travail », a-t-il recommandé. Auteur de sept ouvrages, à savoir ‘’l’Etrange Préfet’’, ‘’La rage de vaincre’’, ‘’Tribulations’’, ‘’Jours de Colère’’, ‘’Face à Facebook’’, ‘’Hamed Bakayoko, le self made man’’ et ‘’Itinéraires’’, Vincent Toh Bi Irié dit travailler sur son prochain ouvrage, qui lui consacrera le titre d’écrivain, puisque se considérant jusque-là comme un simple auteur.
Philip KLA