Qui sont les influenceurs, activistes et coachs et pourquoi sont-ils tant sollicités ?
On les retrouve sur les réseaux sociaux. Depuis la plus grande accessibilité d’Internet, leur nombre a augmenté. Même si chaque individu ayant un compte ou une page sur les réseaux sociaux devrait prétendre à ces différents titres, la particularité des influenceurs, activistes et coachs se trouve d’abord au niveau de leur nombre d’abonnés et de leurs followers. Ceux-ci ont le plus souvent, une grande communauté avec laquelle ils interagissent régulièrement pour la plupart autour de thématiques bien précises en fonction de leurs visions. Et pour leurs grandes portées et réseaux d’influence, ils sont généralement utilisés par des personnalités, des entreprises, des marques ou des personnes anonymes pour diffuser des informations, régler des comptes, faire passer des messages, faire du positionnement de produits, créer des tendances ou même du marketing. « Parmi les principales caractéristiques de l’influenceur, figure également sa capacité à créer des tendances. Ils sont capables d’établir une relation de confiance et de réciprocité. Ils ont le plus souvent un profil sur un réseau social et une communauté d’adeptes à influencer et sont considérés comme les nouveaux acteurs des stratégies marketing des entreprises qui cherchent à transmettre un message plus crédible », soutient un sociologue interrogé.
Si dans les pays développés, ils sont beaucoup plus structurés, répertoriés et connus de tous, en Côte d’Ivoire, il est difficile de les reconnaître véritablement. Toutefois, certains, de par leurs sujets et cercles d’influence, sont sous les projecteurs. Entre autres influenceurs et activistes célèbres, peut-on citer Eudoxie Yao, Edith Brou, Bob Lee, Bravador, Révérend Général Camille Makosso, Miss Sery Dorcas, Emmanuelle Kéïta, Aya Robert, Yaka Yaka de Paris…, sans compter les célébrités du showbiz et du sport. Au niveau du coaching également, ils sont de plus en plus nombreux. Coach Hammond Chic, Danielle Konaté, Coach Mada Sangaré, Nel Jamila, Coach Farah, Coach Yoman François. Qu’ils soient influenceurs, activistes ou coachs, ils ont différents crédos, différentes lignes éditoriales et différentes façons de traiter leurs sujets. Les différents sujets vont de la politique en passant par l’économie, le showbiz, la spiritualité, la religion, les ‘’affairages’’, les conseils de vie, de couple, les marques, le sport…
Que gagnent-ils ?
L’émergence de ces nouveaux métiers fait profiter à tous les niveaux, les acteurs les plus crédibles. Ils voyagent pour la plupart en business class. Ils sont sous les feux des projecteurs et sont même payés pour des émissions télé. C’est le cas par exemple, des influenceuses Eudoxie Yao, Coach Hammond Chic qui n’hésitent pas à partager avec leurs followers, des clichés de leurs voyages, soulignant la classe Business. En plus d’avoir des pages monétisées qui leur permettent d’engranger d’énormes sous, ils sont aussi reçus en audience par d’importantes personnalités qui, le plus souvent, leur offrent de grosses enveloppes. L’exemple Coach Hammond Chic ayant été reçue en audience et félicitée par la Première dame de Côte d’Ivoire, a encore fait monter sa cote et le coût de ses prestations. C’est d’ailleurs, après cette rencontre avec la Première dame que les interactions de Coach Hammond Chic qui se faisaient sur Internet, sont passées à la télévision sur Life TV. Aussi sont-ils payés cher pour des placements de produits. Une chose qui marche très bien pour Miss Sery Dorcas qui en a fait son business.
« Je préfère Instagram qui me permet de faire des placements de produits et cela rapporte bien », nous avait confié l’ex-épouse de l’ancien international Didier Zokora. Dans ce registre, s’inscrit également Carmen Sama qui, pour des stories de 24h, peut exiger au moins 200 euros, soit plus de 100 000 F Cfa. Lorsque ceux-ci sont invités à des cérémonies et en rendre compte à leurs communautés, ils ont un traitement spécial avec un cachet de prestation bien négocié. En gros, un activiste, un influenceur ou un coach peut toucher en moyenne, 10 millions l’année, sans oublier les divers cadeaux dont il est couvert.
Le regard de la société sur ces nouveaux ‘’phénomènes’’
Importants et incontournables au regard de ceux qui les sollicitent, les activistes, influenceurs et coaches sont vus différemment par d’autres personnes qui ne comprennent pas leur grande popularité. Celles-ci estimant qu’ils contribuent à la dépravation des mœurs, à la diffusion de fausses informations, aux abus de tous genres. Pour des intellectuels interrogés, ces derniers n’ont aucune connaissance des domaines dans lesquels ils interagissent. Dans le cadre de la réalisation de ce dossier, un agent du secteur de la communication interrogé, a même accusé un coach d’avoir été à la base de son divorce, alors qu’il avait payé ses services pour reconquérir son épouse. Pour ce dernier, les nouveaux coaches des réseaux sociaux devraient plutôt se former avant de prétendre aider par leurs conseils. Les brebis galeuses existant dans tout corps de métier, le législateur a donc pris des mesures pour réglementer ces nouveaux secteurs.
Désormais soumis à la loi sur la communication audiovisuelle
Les activités de ces acteurs de l'Internet sont encadrées par la loi n°2022-979 du 20 décembre 2022 portant régime juridique de la communication audiovisuelle. Ainsi, la diffusion du contenu audiovisuel de tout site de blogueur, d’activiste ou influenceur disposant de 25 000 abonnés en ligne, n’a pas le caractère de correspondance privée et est par conséquent, soumise au respect des principes généraux de la communication audiovisuelle. Entre autres infractions ou fautes passibles d’être sanctionnées par le législateur, l’atteinte à la souveraineté nationale, la violation du secret d'État, l’atteinte à la défense nationale, le non-respect des institutions de la République, l’atteinte à la dignité de la personne humaine... Cette loi fait en outre, obligation aux fournisseurs de services de plateformes de partage de vidéos, à mettre en place, des mesures appropriées pour protéger d'une part, les mineurs contre les contenus susceptibles d'affecter leur développement physique, mental ou moral, et d'autre part, le grand public contre l'incitation, notamment à la haine, à la discrimination ethnique, sociale et religieuse, à la xénophobie...
Philip KLA
