Culture

Interview/Fatou Kéita (Ecrivaine) : « Le livre, c’est le meilleur cadeau qu’on puisse donner à un enfant »

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Auteure à l’honneur à la 4ème édition du Salon du livre pour enfants et adolescents qui s’est déroulée du 16 au 18 décembre 2021 au Palais de la Culture de Treichville, Fatou Kéïta partage avec nous, les raisons de son choix pour la littérature pour enfants et sa cause pour les Noirs.

 

Vous êtes l’auteure à l’honneur du 4ème Salon du livre pour enfants et adolescents. Est-ce que c’est une reconnaissance qui a tardé à venir ?

Je ne peux pas dire cela, parce qu’il y a quelques années, j’ai eu le Prix d’excellence du président de la République, ce qui est déjà une reconnaissance. J’ai déjà été honorée plusieurs fois pour mes œuvres. Du coup, je ne peux pas dire que c’est quelque chose de nouveau pour moi. Mais, cette reconnaissance-là, à ce Salon, m’a fait très plaisir, parce qu’elle provient du milieu des professionnels du livre, qui par-là, saluent et reconnaissent mon mérite dans ce domaine.

 

Avez-vous le sentiment d’avoir cette reconnaissance avec vos lecteurs, les tout-petits ?

Par exemple, j’ai rencontré récemment des adultes qui ont lu mon livre, le tout premier ‘’Le petit garçon bleu’’, paru aux éditions NEI, 1996. Cela fait donc 25 ans qu’il est sorti. Et ils sont tellement ravis et enthousiastes quand ils me voient. C’est une fierté de rencontrer quelqu’un qui vous a lu il y a longtemps et qui est émerveillé de vous voir aujourd’hui. C’est un grand plaisir pour moi.

 

Pourquoi avez-vous fait le choix de la littérature enfantine et de jeunesse et surtout, la cause des Noirs ?

Je trouve que le monde est tellement injuste envers les Noirs, il y a tellement de discrimination. Il faut remettre les pendules à l’heure et dire la vérité aux gens. Il faut montrer que l’Afrique est positive, que les Noirs sont des êtres humains à part entière. Je me demande d’ailleurs, si ce n’est pas de la jalousie. Prenons les femmes africaines par exemple, il y a quelques années, on se moquait des femmes africaines qui avaient de grosses fesses, etc. Aujourd’hui, elles sont des modèles par leurs physiques, leurs vêtements et parures. Les femmes occidentales se font grossir les fesses, les seins et se font injecter du botox pour être pulpeuses. Nous avons une belle peau, de beaux corps, nos enfants sont très beaux avec leurs teints chocolat. C’est tout cela qu’il faut valoriser. C’est important que les enfants d’Europe ouvrent des livres et voient des enfants de teints chocolat.

 

« On n’est pas écrivain pour enfants qui veut »

 

Un quart de siècle après, quel bilan faites-vous de tout cet engagement ?

Je suis très contente, parce que cela a fait des émules. Il y a beaucoup de jeunes qui sont venus après et qui ne sont pas mal du tout. J’espère que nos livres vont se déverser sur l’Europe, parce qu’ils sont tout à fait compétitifs. Nous fabriquons ici de très beaux livres et donc, il n’y a pas de raison qu’ils ne trouvent pas de place sur les autres marchés hors du continent. Il faut que nos livres s’exportent et il faut pour cela de la rigueur dans leur fabrication. Pour ce qui me concerne, je suis très exigeante avec les illustrateurs, les éditeurs et ça paie. Avec monsieur Lambin, ancien directeur de NEI-CEDA, au tout début, on se bagarrait, parce qu’il trouvait que j’étais très exigeante. Mais à la fin, il a fini par comprendre et reconnaitre que cette attitude avait été bénéfique pour les livres et pour la maison d’édition aussi. Ce n’est pas le cas avec le directeur actuel de NEI-CEDA qui ne s’intéresse plus aux écrivains. La preuve, ils ne sont même pas présents à ce Salon. Je trouve que c’est un boycott de notre travail et ce n’est pas très sérieux.

 

Quel est le secret pour être un bon écrivain de livres de jeunesse ?

On n’est pas écrivain pour enfants qui veut. Pour la littérature jeunesse, il faut avoir ce petit truc qui est la connaissance des enfants, savoir ce qu’ils aiment et avoir gardé son âme d’enfant. Un bon écrivain de livres pour enfant, c’est quelqu’un qui aime ce que les enfants aiment, c’est-à-dire les livres pour enfants, les films pour enfants… Et moi, j’adore tout ça.

 

« Un bon écrivain de livres pour enfant, c’est quelqu’un qui aime ce que les enfants aiment »

 

Vous êtes la présidente du Prix du nouvel auteur jeunesse lancé à ce Salon. Quel est le regard que vous portez sur ce Prix ?

C’est une superbe idée de vouloir révéler un nouvel auteur talentueux de jeunesse. On espère qu’il y aura de l’engouement, que les manuscrits seront très originaux, que les histoires seront de qualité. Je souhaite que les candidatures nous mettent dans l’embarras du choix. Cela voudra dire que les textes seront tout aussi intéressants. J’ai participé à de nombreux jurys locaux comme internationaux et j’espère que ce Prix sera de la lignée de ces belles expériences.

 

En tant qu’écrivaine à succès de livres pour enfants, quel est le conseil que vous donnez aux parents pour familiariser leurs enfants aux livres et leur donner le goût de la lecture ?

C’est d’abord les prendre très tôt dans cette activité, c’est-à-dire à deux ans déjà, avec des livres cartonnés. Pour les habituer à tourner les pages, à se familiariser avec les images des objets. Les parents doivent savoir surtout que le livre, ce n’est pas un jouet comme les autres. Donc, il faut montrer à l’enfant comment le tenir, tourner les pages, observer les images et il faut lui lire aussi les histoires. Le thème de cette édition du Salon : « Le livre, un cadeau pour la vie », c’est exactement ça. Il faut que les parents comprennent que le livre est le meilleur cadeau qu’on puisse donner à un enfant.  

 

 

Philip Kla

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