L’enjeu est de taille. L’élection du président du Comité national olympique (CNO), demain samedi 30 avril, est source de tension. Elle peut être le règlement de comptes d’un conflit vieux de plus de 5 ans.
Après le long feuilleton de la FIF qui a connu son épilogue, samedi dernier à Yamoussoukro, l’élection au CNO est en train de cristalliser toute l’actualité sportive. Tous les ingrédients d’une crise plus que certaine, sont en train d’être réunis. Les enjeux de cette Assemblée générale élective qui se tiendra demain samedi 30 avril 2022, sont colossaux. Plusieurs zones d’ombre entourent cette AGE. En effet, la commission électorale, dans un communiqué, a publié les noms des candidats en lice. Là où la confusion demeure, c’est que ces noms publiés sont ceux des prétendants au poste qui ont manifesté leur volonté de candidature en déposant sur le bureau du CNO-CI, leur dossier. L'instance olympique locale n'a communiqué que la liste des candidatures « reçues », et qui portent les identités de Messieurs Georges Joseph, Lucien Koffi Kouakou et Bamba Cheick Daniel. À seulement quelques heures de cette élection, aucune candidature n’a officiellement été validée. Selon des sources concordantes, les candidatures seront confirmées le jour-même du scrutin. Une disposition inédite.
Trop de zones d’ombre…
À cette première anomalie, il faut ajouter que pour une élection de cette importance, aucune période de campagne officielle n'a été définie par la Commission électorale et d'arbitrage. Toujours selon cette note publiée le mercredi 27 avril 2022, le Comité National Olympique de Côte d'Ivoire a communiqué une nouvelle liste électorale. Plafonnée jusque-là à 28, elle est passée à 32 membres. À un jour de l’ouverture du scrutin, on est en droit de se demander ce qui motive de nouveaux aménagements au sein du collège électoral. Ainsi, on note l’ajout sur cette liste, des Fédérations Ivoiriennes de Cyclisme, de Football, de Tennis de Table et de Tir à l'Arc.
Concernant la Fédération Ivoirienne de Football, le CNO mentionne deux délégués, contrairement aux autres fédérations : Mariam Dao Gabala et Yacine Idriss Diallo. En l'absence du président de la FIF fraîchement élu, c’est la présidente du CONOR qui devra prendre part au vote. Une chose que la charte olympique ne prévoit pas, selon nos sources. Selon celle-ci, seuls les présidents élus des fédérations sportives olympiques ont voix délibératives.
Autre aspect qui pourrait déterminer l’issue de cette élection, c’est l’absence sur la liste électorale, même élargie, des Fédérations Ivoiriennes de Patins et Glaces et surtout de Taekwondo, seuls médaillés olympiques de Côte d'Ivoire. À ce sujet, si aucune explication n'a été donnée par la Commission électorale et d'arbitrage, dirigée par Me Alain Zunon, chacun y va de sa propre analyse. En effet, selon nos informations, ces fédérations auraient été écartées du processus en vue d’empêcher le candidat Bamba Cheick Daniel d’accéder au fauteuil de président. À ce sujet, faut-il le rappeler, l’ancien patron du taekwondo ivoirien avait élevé une vive protestation contre les responsables du CNO, sur ce qu’il qualifiait de « tentative de disqualification » à son encontre. En effet, un gros conflit avait opposé en 2017, Bamba Cheick Daniel et le Comité National Olympique sous les ordres du général Lassana Palenfo. Le dernier cité, avait diligenté en vain, des actions pour démettre de ses fonctions, Bamba Cheick Daniel après son élection en 2017, pour la troisième fois de suite, à la tête de la faitière du taekwondo. La problématique de ce troisième mandat, jugé illégal, avait été à la source des divisions des acteurs du taekwondo.
Un règlement de comptes se dessine ?
Ancien bras droit de Me Bamba Cheick Daniel, Me Alain Zunon s’y était farouchement opposé avant de quitter l’instance dirigeante. Ironie du sort, c’est le même Me Alain Zunon qui a été choisi par le général Lassana Palenfo, pour diriger la Commission électorale et d'arbitrage. Voyant les choses venir, Me Bamba Cheick Daniel a fait savoir à travers un courrier, qu’il récusait cette nomination. Selon l’ex-patron du taekwondo ivoirien, « il existe des antécédents conflictuels entre lui et Me Zunon. Une situation qui pourrait entacher la transparence du scrutin du 30 avril 2022 ». « Les antécédents éminemment conflictuels qui ont prévalu et prévalent jusqu’à ce jour entre M. Zunon et la Fédération ivoirienne de taekwondo et particulièrement, avec le candidat Bamba Cheick Daniel, inclinent fortement à une légitime suspicion quant à sa capacité de conduire de manière transparente et impartiale, ce processus électoral », affirme Me Bamba Cheick Daniel. En 2017 toujours, suite à une plainte de Me Alain Zunon, le CNO-CI avait suspendu pour 4 ans, le président de la fédération de taekwondo d’alors. Me Bamba Cheick Daniel ne pouvait donc pas représenter le taekwondo sur le plan national et international. Vu que les deux hommes n’ont pas encore fumé le calumet de la paix, après cette crise qui a fortement secoué le milieu local du taekwondo, le candidat Bamba Cheick Daniel dit craindre des représailles. « Je récuse monsieur Zunon Kipré Alain comme président de la Commission électorale et d’Arbitrage du CNO-CI que vous venez de créer ; l’intéressé étant dans le cas d’espèce, loin de réunir l’impartialité et la neutralité nécessaires à l’exercice de cette charge. En tout état de cause, M. Zunon Kipré Alain ne devrait pas faire partie ou participer aux travaux de cette commission à quelques titres que ce soit », a pesté Me Bamba Cheick.
Manuel Zako