C’est clair, le football local peine à s’imposer sur le contient. Les derniers résultats de l’Asec et du FC San Pedro en ont sont les preuves palpables.
Ils portaient les derniers espoirs ivoiriens en compétitions africaines. Et ils étaient à deux doigts de réaliser le comeback parfait. Hélas, ce ne sera pas pour cette saison. Les Jaunes et Noirs ont été sèchement éliminés de la Ligue des champions (LDC) par le RC Belouizdad. L’Asec Mimosas s’est incliné 2-0 en terre algérienne, le dimanche 24 octobre 2021, lors du match retour comptant pour le deuxième tour préliminaire de cette LDC. Avec l’Asec, c’est tout un pays qui y a cru. C’est peut-être cruel, mais c’est ainsi. Les dieux du football ont décidé. Pourtant, tout avait bien commencé pour les Mimos. Sans presque trop forcer, les champions ivoiriens ont écarté la solide équipe sénégalaise du Teungueth FC (1-0 à l’aller comme au retour). Et contre le RC Belouizdad à Abidjan, ce sont les Jaunes et Noirs qui s’imposent 3-1 et prennent une belle avance sur leur adversaire. Malheureusement, cet adversaire-là avait plus d’un tour dans son sac. Un adversaire très coriace qui a l’expérience de ce genre de match et ne s’est jamais avoué vaincu.
L’inexpérience des clubs ivoiriens
Tout s’est joué au mental. Les Jaunes et Noirs ont certainement craqué devant l’enjeu. Ça pourrait se justifier par l’inexpérience de cette équipe. À part le capitaine, Cissé Abdoul Karim et Aka Essis, les autres découvrent cette compétition. Mais, au-delà de ce fait, d’autres facteurs et non des moindres, ont joué en défaveur des Mimos. On l’a dit à maintes reprises, le manque de compétition, que ce soit individuellement ou en équipe, se paie cash. L’Asec Mimosas et le FC San Pedro en ont malheureusement fait les frais. Devant la longue crise que connait le football local avec la guerre pour la présidence de la Fédération ivoirienne de football (FIF), accentuée par la pandémie de la Covid-19, il fallait sauver les meubles avec un championnat à minima (14 équipes). Pas de Coupe Nationale, ni de Coupe de la Ligue, juste un championnat en forme de mini-tournoi avec deux poules de 7 équipes. Le début du championnat est annoncé pour le 14 mars 2021, puis reporté au 27 mars.
Un championnat pour sauver les meubles
Pour le premier tour, chaque équipe totalise 12 matches. Trop peu. Les 4 meilleurs qui passent en Super Ligue ont droit à 6 matches de plus. Quatre mois plus tard, c’est-à-dire le 26 juin 2021, l’Asec remporte son 27ème titre. Après cela, plus aucun match de haute intensité pour les deux représentants ivoiriens que sont l’Asec et le FC San Pedro. Ils ne disputeront que des matches amicaux pour se remettre en selle, là où leurs adversaires ont eu des saisons pleines dans les jambes. En outre, là où l’on espérait une reprise rapide du championnat, début octobre comme annoncé par le CONOR, on a encore eu droit à un report. Cette fois-ci, la reprise est assujettie à une Assemblée générale de la FIF aux contours alambiqués. Au final, le FC San Pedro est éliminé de la Coupe de la confédération. Éliminé aux portes de la Ligue des champions, l’Asec peut encore se consoler avec le tour de cadrage de la Coupe de la Confédération. C’est clair, le football ivoirien n’est plus ce foudre de guerre qu’on a connu par le passé. Avec tous les problèmes qu’il connait, le football local ne pèse plus rien sur le contient. « Le football n'est certes pas un domaine scientifique, mais il y a des normes qu'il faut respecter. Sinon, c'est la banqueroute quel que soit le statut. Certes, l’Asec a été champion en Côte d'Ivoire, mais quel championnat ? Suite à combien de match en jambes ? ». Notre consultant sportif, Koné Yaya Toutou, s’interroge. Selon lui, « pendant que ses adversaires sont compétitifs parce qu'ils ont respecté le canevas de matches exigés par la CAF », l’Asec n’a eu que 18 matches en tout et pour tout.
Conséquences d’une normalisation
« C'est la raison pour laquelle, il fallait éviter que la FIF soit mise sous normalisation. Tout le monde en fera les frais, hélas. Avant cette mise sous scellé, la FIF organisait le championnat en aller et retour avec 12 clubs, puis la Coupe Nationale et la Coupe de la Ligue sans compter les matches amicaux que les différents clubs de toutes les divisions confondues organisaient entre eux. Ces matches amicaux n'existent plus, faute de moyens. Donc, ce qui arrive à Asec et même à San Pedro, est la suite logique de la normalisation », analyse notre consultant. Koné Yaya Toutou est formel : « ce n'est qu'un début et c'est la face émergée de cette gabegie. Ce qui est enfoui est plus grave. Le temps nous permettra de voir la suite. Ce n'est même pas évident que l’Asec sorte la tête haute de la Coupe CAF ». Malgré cette élimination, Julien Chevalier, l’entraîneur de l’Asec Mimosas, a tenu à féliciter ses joueurs. « Je tiens à féliciter mes joueurs pour ce qu’ils ont fait. Il n’y avait pas d’excès de confiance chez nous. On était très lucides sur la force de notre adversaire. Mais on était ambitieux, on avait envie de poser toute notre énergie pour essayer de se qualifier, même si on sait qu’on avait un adversaire redoutable, capable de renverser la situation avec de très bons atouts collectifs et individuels », reconnait-il, tout en assumant ses choix. « Nous, on a une jeune équipe qui manque beaucoup d’expérience et ça s’est vu sur quelques situations. On a des regrets, mais c’est le football et on va s’en servir pour apprendre », assure-t-il. La suite pour les Jaunes et Noirs désormais, c’est la Coupe CAF. Les 32 équipes qui disputeront le tour de cadrage de la Coupe de la Confédération sont désormais connues. L’Asec Mimosas fait partie des 16 équipes reversées en C2 et attend, dès aujourd’hui mardi 26 octobre 2021, de connaître son adversaire. Les Mimos sont certains de ne pas croiser une équipe de LDC. Mais ils seront forcément opposés à une formation qui s’est qualifiée après le 2e tour de cette Coupe de la Confédération. Il pourrait s’agir de la JS Kabylie, finaliste la saison passée, de la RS Berkane, du CS Sfaxien, de Motema Pembe ou d’Orlando Pirates.
Manuel Zako