Au-delà des fidèles de la paroisse Sainte Rita de Cascia de Yopougon-Niangon Nord, c’est toute l’Eglise catholique de Côte d’Ivoire qui est sous le choc, aux lendemains de cette affaire rocambolesque. Cet incident a pris de nouvelles proportions. En effet, selon des sources bien introduites, le faux prêtre, Joseph Kouamé, qui se faisait passer pour le « père » Alain Lakpa, est depuis le samedi dernier, aux mains des éléments du commissariat de police de 17e arrondissement de Yopougon. Après 4 jours de détention, il pourrait même être déféré à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), avant de passer en jugement pour faux et usurpation de titre. L’affaire qui secoue le diocèse de Yopougon en ce moment, a été portée, selon nos informations, à la connaissance de son premier responsable, Mgr Jean Salomon Lézoutié. Celui-ci a d’abord saisi le chancelier du diocèse, avant de dépêcher un de ses collaborateurs, le père Beugré Siméon, qui est arrivé sur les lieux pour s’enquérir de la situation. Sur la paroisse Sainte Rita, l’arrestation du faux prêtre divise les fidèles. Si certains croyants estiment que pour son acte, le faux guide religieux doit répondre devant la justice, d’autres auraient voulu que le pardon lui soit accordé. Pour sa part, le curé de ladite paroisse, le Père Niava Marie-Faustin, a donné quelques explications le dimanche 20 août 2023, à la communauté réunie ce jour pour la messe.
Au cours de cette célébration, il s’est dit indigné devant une telle attitude, avant de prendre de nouvelles décisions. Désormais, sur la paroisse Sainte Rita, toutes les célébrations effectuées par des prêtres venus de l’extérieur, est soumise à une condition : le célébrant doit être connu de tous où risque de voir la requête rejetée. « Nous étions tous dans la confusion ce jour-là et cela nous a tous choqués. Malheureusement, l’incident s’est produit sur notre paroisse et c’est vraiment dommage. Je pense que la décision du curé est très bonne. Cela pourrait nous éviter à l’avenir de telle situation », s’est prononcé, un paroissien joint au téléphone. Toujours selon nos sources, la famille au centre de cette affaire continue de remuer ciel et terre, clamant l’innocence du prêtre usurpateur. « Vous l'envoyez à la police pour l'humilier. Quand vous aurez la preuve que c'est un vrai prêtre, vous devriez, devant tous les paroissiens, venir le blanchir et présenter vos excuses », lancent des membres de ladite famille. Pour rappel, le samedi 19 août dernier, le sieur Joseph Kouamé, qui se faisait passer pour le père Alain Lakpa, un faux prêtre, a dirigé la cérémonie de baptême d’un bébé à la paroisse Sainte Rita de Cascia de Yopougon-Niangon Nord. Il a profité de la possibilité que donne l’Église catholique, aux parents qui le désirent, de choisir le célébrant du baptême de leur enfant. L’incident s’est produit après qu’une famille a demandé au curé de permettre au sieur Joseph Kouamé, de célébrer le baptême de leur enfant. Cette famille, de bonne foi, était convaincue de plaider pour un vrai prêtre de l’église, d’autant plus que ce dernier, qui s’est toujours présenté comme tel, organisait régulièrement dans ladite famille, des prières d’exorcisme.
Samedi dernier, jour de baptême donc, le faux prêtre qui ne craint pas Dieu, prend place parmi les célébrants de la messe. Sa tenue, toge violette indiquée pour le temps du Carême, intrigue les fidèles qui se posent des questions sur le cérémonial de baptême appliqué ce jour par lui. Que d’impairs et d’entorses à la pratique. Le faux prêtre va finir par agacer tous les paroissiens lorsqu’il décide d’utiliser de l’huile rouge pour le baptême. Blasphème ! Les paroissiens saisissent le curé qui vient soumettre le célébrant à un interrogatoire corsé. Après plusieurs balbutiements, l’usurpateur finit par avouer son forfait. Jeune, Joseph Kouamé a voulu devenir prêtre. Il a même été au séminaire pour la formation en théologie. Mais, par son attitude, il n’a pu convaincre ses enseignants, ce qui occasionné son renvoi. Frustré, il décide de se rendre au Cameroun où il sera ordonné prêtre par un faux évêque, lui-même ordonné par un faux archevêque. Tout cela, dans une église catholique parallèle. Joseph Kouamé a été pris avec des documents, notamment sa carte nationale d’identité ivoirienne, sur laquelle il est marqué ‘‘Profession : prêtre’’. Selon les sources, l’homme ciblait des familles et surtout des retraités, chez qui il se faisait passer pour un prêtre exorciste. Quant au bébé, il devrait recevoir un nouveau baptême, un vrai cette fois-ci.
Manuel Zako
