Vous existez et menez des activités depuis plusieurs années, pensez-vous que les actions de lutte contre les changements climatiques et de développement durable ont un réel impact en Côte d'Ivoire ?
Le changement climatique relève depuis la création de la terre d’un phénomène naturel et cyclique. Mais les scientifiques ont été alertés de la vitesse à laquelle le climat change. Cela présente un risque pour l’environnement, les animaux, les végétaux qui n’ont pas le temps nucléaire pour s’adapter. Et même l’existence humaine est menacée. La définition actuelle du changement climatique implique que certaines formes de pollution de l’air, résultant principalement de l’activité humaine, menacent de modifier sensiblement le climat, contribuant à un réchauffement global. On assiste aujourd’hui, pour le cas de la Côte d’Ivoire à un dérèglement des saisons, la montée de la mer, des inondations, surtout la baisse de production agricole alors que l’économie du pays dit-on repose sur l’agriculture. Ainsi, au niveau institutionnel, le gouvernement ivoirien a prévu, à travers la feuille de route 2023, au titre du ministère de l’Environnement de développement durable, 5 reformes majeurs dont l’adoption du nouveau code de l’environnement et l’agence de gestion intégrée du littoral. On constate que plusieurs OSC sont actifs comme l’Organisation des Jeunes Africains pour le Développement de l’Emergence en Côte d’Ivoire (OJADE-CI) dans la lutte contre les changements climatiques. La population ivoirienne, consciente de plus en plus des effets néfastes des changements climatiques adopte des comportements positifs de plus en plus.
Malgré les actions de toutes les organisations, on observe un environnement, notamment abidjanais, encore insalubre, avec des caniveaux transformés en dépotoirs et des espace transformés en poubelles géantes. Comment réussir cette lutte dans de telles conditions selon vous ?
La question de la salubrité à Abidjan et même dans les grandes villes de Côte d’Ivoire est tellement complexe qu’il faut prendre de la hauteur sur l’émotion pour y répondre. L’Etat affiche une volonté politique dans la gestion de la salubrité urbaine mais la gouvernance des structures mises en place amenuise les projets gouvernementaux. Cette lutte demande aussi plus l’implication des OSC et surtout l’implication de la population dans son ensemble.
« A Koumassi il est formellement interdit de jeter les ordures sans les rues »
Pensez-vous que nos gouvernants sont suffisamment impliqués dans ces luttes ?
Je peux vous dire que le gouvernement s’implique dans la préservation de l’environnement mais seulement les moyens sont certainement insuffisants pour les défis actuels.
Sinon que faudrait-il faire ?
Selon la Banque mondiale, le changement climatique pourrait faire basculer dans l’extrême pauvreté 2 à 6 % de ménages supplémentaires d’ici 2030. Cette alerte devrait impulser une dynamique de lutte intégrale contre le changement climatique.
Ne pensez-vous pas qu’à un moment donné, la lutte devrait concerner toutes les couches, avec des sanctions véritables pour ceux qui polluent le plus ?
C’est aussi un secteur qui pourra aussi offrir plusieurs emplois aux jeunes. Il faudra impliquer les ministères de l’Industrie, de l’Assainissement, de l’Environnement, de la Promotion des jeunes d les jeunes, de l’Intérieur…, dans la mise en place d’un cadre de concertation interministériel pour la gestion des déchets industriels et ménagers. Il faut mettre en place une politique répressive qui donne déjà satisfaction dans la commune de Koumassi où il est formellement interdit de jeter les ordures dans les rues sous peine d’amande. Mais en tant qu’organisation de la société civile, nous demandons d’abord plus de financement la sensibilisation et dans l’éducation citoyenne.
« Il faut alerter les ivoirien sur l’utilisation excessif de pesticide »
Quelles sont les actions majeures qu’OJADE-CI a menées dans le cadre de ses objectifs de développement durable ?
L’OJADE fait partir des partenaires limitrophes dans la mise en place du projet BENKADI qui est un projet de plaidoyer pour l’amélioration des politiques publiques sur le changement climatique en vue de l’atténuation et de l’adaptation aux effets de l’érosion côtière et de la dégradation des aires protégées en Côte d’Ivoire, en partenariat avec la convention de la société civile ivoirienne. Notre zone d’intervention concerne les villages riverains du Parc national du mont Péko dans la région du Guémon, à l’Ouest de la Cote d’Ivoire. Depuis deux ans, nous y menons des activités de sensibilisation pour la promotion de l’agriculture biologique afin de préserver le parc face à la pratique de l’agriculture extensive dans laquelle la culture du cacao est en tête. On dénombre chaque année plusieurs cas d’intoxication qui implique les pesticides utilisés dans l’agriculture. Il est bon d’alerter le gouvernement ivoirien sur l’utilisation excessif des pesticides dans l’agriculture ivoirienne surtout les herbicides dénommés « Tout mort » qui non seulement brule les herbes mais aussi détruisent les micro-organismes du sol. Le constat est alarmant. Il n’y a plus de présence des abeilles dans les zones de production rendant ainsi difficile la pollinisation des plantes d’où la chute du rendement. Il faut vite agir !
Pour vous, quelle doit être la place de l’éducation aux notions de développement durable dans l’enseignement de façon générale en Côte d’Ivoire ?
Le développement durable doit y avoir une place prioritaire. Dès le bas âge il faut inculquer la préservation de l’environnement dans notre système éducatif. Dans nos établissements, et même dans nos universités, il faut favoriser et soutenir la création « des clubs chargés de la promotion de l’environnement ». Il est aussi bon de mettre nos médias à contribution dans cette lutte. Il faut intégrer la lutte dans tous les programmes de divertissement des enfants et des jeunes à la télévision et à la radio.
La question des déchets plastiques continue d’être au centre des problématiques. Quelles sont vos propositions pour réduire l’usage des plastiques en Côte d’Ivoire ?
Je pense qu’il faut mettre en place un plan national de gestion des déchets plastiques. Ce plan devra nécessiter une plateforme interministérielle d’action intégrée. Il faut mettre en place un fonds national d’appui à l’entreprenariat écologique. Aujourd’hui on dénombre déjà des centaines d’entreprises de jeunes qui sont spécialisées dans la transformation des déchets plastiques pour la fabrication des pavés écologiques. Il faut des mécanismes pour encourager ce secteur.
Réalisée par Manuel Zako