Parfois très difficile à vivre au quotidien, l’endométriose se définit comme la présence en dehors de la cavité utérine, de tissu semblable à la muqueuse utérine. Elle subira, lors de chacun des cycles menstruels ultérieurs, l’influence des modifications hormonales. Une maladie féminine difficile et longtemps ignorée.
Lors de la menstruation, sous l’effet des contractions utérines, une partie du sang est régurgitée dans les trompes pour arriver dans la cavité abdomino-pelvienne. Cette théorie expliquerait la majorité des atteintes d’endométriose.
À en croire les médecins spécialistes de l’endométriose, ce sang contient des cellules endométriales, des fragments de muqueuse utérine qui, au lieu d’être détruits par le système immunitaire, vont s’implanter, puis, sous l’effet des stimulations hormonales ultérieures, proliférer sur les organes de voisinage, notamment dans le péritoine, ovaire, trompe, intestin, vessie, uretère ou diaphragme.
Ainsi, l’endométriose est responsable de douleurs pelviennes invalidantes et aussi, dans certains cas, d’infertilité. Ces symptômes ont un impact majeur sur la qualité de vie des personnes atteintes avec un retentissement important sur leur vie personnelle et conjugale, mais également professionnelle et sociale.
C’est une maladie complexe. Il en existe trois types, selon les définitions issues des Recommandations pour la pratique clinique de l’endométriose (RPC endométriose) publiées par la Haute autorité de santé et le Collège national des gynécologues et obstétriciens de France (CNGOF) en 2018 : « L’endométriose superficielle (ou péritonéale) qui désigne la présence d’implants d’endomètres ectopiques localisés à la surface du péritoine ; l’endométriose ovarienne : l’endométriome ovarien est un kyste de l’ovaire caractérisé par son contenu liquidien couleur chocolat et l’endométriose pelvienne profonde (ou sous-péritonéale) correspond aux lésions qui s’infiltrent en profondeur à plus de 5 mm sous la surface du péritoine. Notons que celui-ci peut toucher typiquement les ligaments utérosacrés (50 % des cas), le
cul-de-sac vaginal postérieur (15 %), l’intestin (20-25 %), représenté majoritairement par la face antérieure du rectum et la jonction recto-sigmoïdienne, la vessie (10 %), les uretères (3 %) et au-delà de la cavité pelvienne, le sigmoïde, le côlon droit, l’appendice et l’iléon terminal pour les
localisations les plus fréquentes ».
Témoignage …
L’animatrice Juliette Ba (MissEndopositive Juliette, sur les réseaux sociaux) partage avec les internautes, son histoire avec l’endométriose depuis près de 25 ans.
« Je m’appelle Juliette, j’ai 40 ans, deux mariages, deux divorces, huit inséminations artificielles, trois FIV, un TEC, zéro bébé. Depuis 25 ans, je suis atteinte d’endométriose. Mon quotidien, règles invalidantes, fatigue chronique et infertilité », décrit-elle.
Personnalité publique, elle explique comment elle arrive tant bien que mal à gérer le travail et l’endométriose.
Pour elle, être une personnalité publique et souffrir d'endométriose, c'est maîtriser les rouages de la schizophrénie. « C'est prendre l'avion pendant 14h pour aller tourner à la Réunion pour TV5MONDE et te vider de ton sang dans des toilettes de 3m2 en te tordant de douleur, tout en gardant le sourire, parce que la Réunion, ça va être beau. C'est monter pendant 3 heures dans une jeep Willis et sentir le feu dans ton utérus et tes ovaires, mais continuer ton interview avec le sourire. C'est présenter Génies en Herbe, habillée par des stylistes renommés, maquillée par des super MUA. Avec un Réal, une équipe au top et des gamins formidables ... Et sentir le sang couler, couler, couler... Mais rester focus sur la caméra et ton réalisateur en gardant le sourire. C'est présenter les 50 ans de la BAD comme MC avec ta sœur de cœur Konnie Touré et avoir des crampes atroces, mais traduire la soirée en anglais et portugais, en gardant le sourire », a-t-elle déclaré, avant d’ajouter : « Etre atteinte d’endométriose, c'est avoir l’obligation de te reposer sur tes collègues, parce que ça ne va pas. T'allonger sur eux, les envoyer à la pharmacie, changer tout le planning, mettre tout le monde en retard ... mais essayer de garder le sourire. C'est te lever chaque matin pour faire les 4 heures d'antenne de la matinale sur Nostalgie. Et faire des va-et-vient aux toilettes, parce que la partie la plus intime de ton corps est en anarchie totale ... Et tu remplis l'unique poubelle des toilettes en gardant le sourire. C'est coacher des dizaines de personnes en mieux-être et ne pas pouvoir enregistrer une vidéo, parce que tu es trop faible, tu as perdu trop de sang et tu es sous perfusion et sous morphine... comme d'habitude ... mais avec le sourire. C'est refuser les traitements chimiques que tu absorbes depuis tes 14 ans. Refuser une cinquième opération... Refuser que l'on t’enlève l'utérus... Refuser le Decapeptyl qui en te mettant en ménopause artificielle, te transforme en vieille dame, plus de libido, des sautes d'humeur, des bouffées ».
Roxane Ouattara