Le lavement traditionnel ou purge consiste à injecter dans le côlon par l’anus, avec une poire, un liquide contenant des plantes broyées issues de la pharmacopée traditionnelle.
Cette pratique très ancienne et répandue dans nos sociétés africaines, se transmettant dans nos familles de génération en génération, existait il y a 3 500 années en Egypte. De nombreuses civilisations en Afrique, Amérique du Sud, Asie et Occident effectuaient les lavements intestinaux, essentiellement dans un but thérapeutique, mais aussi pour atteindre des états de conscience modifiée dans certains rituels.
Aujourd’hui, chez l’adulte, le lavement traditionnel répond à des raisons variées : suicide, torture (lavement à l’acide), traitement de divers troubles sexuels ou digestifs (lavement au piment, gingembre) etc…
Traditionnellement, chez le nouveau-né, le lavement fait partie du rituel de la toilette quotidienne des premières semaines de vie ; il est administré de manière systématique pour éliminer le méconium (premières selles noirâtres du nouveau-né), purifier le corps par un nettoyage interne et prévenir les risques de maladie. Il est suivi d’une ingurgitation d’eau forcée puis d'un massage corporel.
Cette pratique de routine vise aussi, selon les ethnies, l’éducation de l’enfant à la propreté : plus tôt le bébé sera propre, mieux la mère pourra mener librement ses activités sans être obligée de les interrompre pour changer les couches traditionnelles en pagne, peu étanches.
Le lavement traditionnel peut aussi être administré dans un but thérapeutique (coliques, constipation, fièvre…).
Cette pratique répandue dans nos sociétés, n’est pas dénouée de complications immédiates ou plus ou moins tardives.
Le nouveau-né est très sensible au froid, et le lavement froid peut entrainer un choc hypothermique ;
Le produit de lavement, comme un suppositoire, passe à travers la muqueuse intestinale dans le sang. Si le produit est toxique (la plupart des personnes pensent à tort que les plantes étant naturelles, sont bénéfiques et inoffensives), il entraîne une défaillance rénale, hépatique…
Les substances utilisées peuvent endommager la paroi colique, fragile chez l’enfant et provoquer une perforation intestinale ; d’où péritonite.
Toutes ces complications sont responsables de décès chez les nouveau-nés et chez les enfants.
Ces lavements entravent le mouvement naturel intestinal (péristaltisme) et peuvent entraîner des ballonnements voire des occlusions intestinales « fonctionnelles » chez les nouveau-nés et les nourrissons ;
Ils peuvent masquer des maladies digestives d’origine malformative et donc en retarder la prise en charge ;
Leur utilisation régulière peut causer des déséquilibres électrolytiques pouvant atteindre le rein, le cœur ;
L’accoutumance à ces lavements crée une constipation.
A ces lavements traditionnels il faut opposer les lavements médicaux ponctuels, prescrits par un médecin : prise en charge d’une constipation, préparation intestinale avant une procédure (coloscopie) ou une chirurgie colique, ou à des fins diagnostiques.
En conclusion, les lavements traditionnels sont une pratique dangereuse pour nos enfants. Nous conseillons aux parents de proscrire cette pratique, d’éviter toute automédication et de consulter un pédiatre devant toute plainte concernant leur enfant. Le pédiatre saura prendre en charge leur enfant ou l’orienter si nécessaire en chirurgie pédiatrique.
Dr. Maxime KOFFI
Chirurgien-pédiatre
Hôpital Mère-Enfant de Bingerville
Source : BAAB Mag
Santé
Les dangers du lavement traditionnel chez l’enfant
PAR Venance KOKORA