Seulement trois jours après avoir prêté serment devant le président de la République Alassane Ouattara, Chantal Nanaba Camara a pris fonction, ce jeudi 20 juillet 2023. C’est face à un parterre d’hommes et femmes de droit qu’elle a reçu la Constitution par son prédécesseur, Koné Mamadou. Cet acte qui symbolise la passation des charges entre le président sortant et la présidente entrante. Selon la Constitution, elle est à ce poste pour un mandat d’une durée de 6 ans ( jusqu’en 2029) . Ayant à son actif une expérience professionnelle de 45 ans, elle devient la 1ère femme à diriger cette institution. Elle est appelée à diriger un collège de 7 juges dont elle même. Troisième présidente du Conseil constitutionnel et deuxième magistrat à la tête de ladite institution sous l’ère Alassane Ouattara, elle aura à légiférer sur les contentieux des élections présidentielles et parlementaires.
Je ne ménagerai aucun effort pour veiller en toute indépendance et impartialité avec l’ensemble des membres du Conseil constitutionnel au respect du droit et à la primauté de la Constitution
Entre autres, décider de qui peut être candidat à la présidence de la République et qui ne le peut pas, dire plus tard qui a été élu par le peuple et, conséquemment, qui a été battu. Elle devra aussi recevoir le serment sans lequel le président de la République élu ne peut entrer en fonction, constater éventuellement la vacance de la Présidence de la République et organiser la mise en œuvre du mécanisme de succession. Décider qui peut être candidat à un siège à l’Assemblée nationale ou au Sénat, et qui ne le peut, valider ou invalider l’élection d’un Député ou d’un Sénateur, est désormais le rôle attribué à Chantal Nanaba Camara. Destituer, le cas échéant, un Député ou un Sénateur élu et déjà en fonction et contrôler la conformité à la Constitution des lois déjà votées, et les faire abroger éventuellement sont dorénavant son affaire. « Je ne ménagerai aucun effort pour veiller en toute indépendance et impartialité avec l’ensemble des membres du Conseil constitutionnel au respect du droit et à la primauté de la Constitution. Je prie le tout puissant dans son infinie miséricorde de réunir les filles et fils de cette nation au tour de l’essentiel, la Côte d’Ivoire », s’est-elle engagée à servir la nation ivoirienne avec dévouement. « Soyez rassurés que nous mettrons tout en œuvre pour poursuivre l’œuvre gigantesque que vous avez entamé et vous solliciterons en tout lieu et en tout temps en cas de besoin », s’est-elle adressée à l’endroit de son promotionnaire de l’école de magistrature, Koné Mamadou.
Le parcours de premier de rang de Chantal Nanaba Camara
Chantal Nanaba Camara est magistrate hors-hiérarchie, de grade A, échelon unique. Elle est la première femme ivoirienne, à avoir occupé le poste de vice-présidente de l’ex Cour Suprême et, de ce fait, d’avoir été également la première femme présidente de la Chambre Judiciaire de cette juridiction. Lorsque la Cour Suprême a cessé de fonctionner pour faire place à la Cour de Cassation, au Conseil d’État et à la Cour des Comptes, Chantal Nanaba Camara a été nommée présidente de la Cour de Cassation devenant ainsi, à la fois le premier magistrat et la première femme à occuper ce poste en Côte d’Ivoire. De même, à l’avènement de la Constitution du 08 novembre 2016 instituant la troisième République, lorsque le président de la République a cessé d’être le président du Conseil Supérieur de la magistrature, c’est à elle qu’a échu ce poste de l’administration judiciaire ivoirienne, faisant ainsi d’elle le premier magistrat à exercer cette fonction en plénitude et non plus par délégation.
Bema Bakayoko