La justice malienne a commencé les auditions des 49 soldats ivoiriens depuis mardi 9 août dernier. Ils ont commencé à passer par vague devant un juge d'instruction au tribunal de Bamako. Les soldats avaient refusé la procédure, mais ont été menacés de force d'être devant la justice s'ils n'obtempéraient pas. Finalement, par vague, ils ont été traînés devant un juge d'instruction avant de se voir notifier des mandats de dépôt. Ils ne sont certes pas en prison, mais la procédure judiciaire est enclenchée. Ce, malgré les interventions de la secrétaire général adjointe des Nations unies et du représentant spécial des Nations unies.
Un coup dur porté à la médiation togolaise et onusienne
L'audition des soldats ivoiriens en otage au Mali est un coup dur à la médiation entreprise par le président togolaise, Faure Gnassimgbé Eyadema. Celui-ci avait proposé ses services afin de trouver rapidement un compromis entre les parties ivoiriennes et maliennes. Le premier round des négociations a accouché d'une souris, les Maliens ayant exigé "des excuses publiques de la Côte d’Ivoire, l'extradition s'opposant maliens" et "l'intervention du président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, pour l'obtention des facilités de décaissement auprès de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'ouest (Bceao)". Abidjan a dit niet à ce qui s'apparente "à un chantage" et le processus de négociation a pris du plomb dans l'aile. C'est donc naturellement que les Nations unies ont pris le relais afin d'obtenir la libération des soldats. L'Onu a dépêché des émissaires au Mali à cet effet. Malgré cette présence de haut niveau, Bamako a entamé une procédure judiciaire à l'encontre les soldats ivoiriens. En Côte d’Ivoire, le gouvernement suit de près le dossier et est déterminé à obtenir le retour, dans les meilleurs délais, des soldats ivoiriens. Mais on s'interroge à Abidjan sur les véritables motivations de la junte militaire malienne.
Il est dans l'intérêt du Mali de calmer le jeu en libérant les soldats ivoiriens
Déjà, les Ivoiriens, visiblement agacés par l'attitude du voisin, menacent de boycotter les concerts des artistes maliens. Sur les réseaux sociaux, des appels au boycott sont lancés et dimanche prochain, il pourrait avoir de l'électricité dans l'air. Les jeunes ivoiriens se sont donnés rendez-vous au Palais de la culture à Treichville pour empêcher la prestation d'une artiste-chanteuse malienne. Les commerçants maliens vivant en Côte d'Ivoire avaient auparavant animé une conférence de presse, lundi 8 août dernier à l'ambassade du Mali au Plateau pour solliciter une résolution diplomatique du problème. Cette affaire, si elle n'est résolue le plus rapidement possible, pourrait susciter des problèmes notamment entre les Ivoiriens et les ressortissants maliens. "Il est dans l'intérêt du Mali de calmer le jeu en libérant les soldats ivoiriens. La situation pourrait être encore plus tendue les jours à venir", note un observateur politique. "Notre patience a des limites", renchéri un leader de mouvement de jeunesse ivoirien. Au Mali, des voix, notamment celles des religieux, ont sollicité la libération des soldats ivoiriens "pour préserver les liens de fraternité entre le Mali et la Côte d'Ivoire" . Nous y reviendrons avec beaucoup plus de détails.
Y.DOUMBIA
