Alors que le Souverain chérifien vient de faire part de son souhait d'entretenir des relations de qualité avec son voisin de l'Est, Alger a décidé, brusquement, de rompre ses relations diplomatiques avec Rabat.L'Algérie a décidé de rompre les relations diplomatiques avec le royaume du Maroc à partir de ce jour" en raison de ce qu'il a présenté comme dee « actions hostiles » du Royaume chérifien à l'égard de son pays, a annoncé le chef de diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, lors d'une conférence de presse au cours de laquelle il a lu une déclaration au nom du président algérien. Le ministre a expliqué les raisons de cette décision en affirmant que "l'histoire avait montré que le Royaume du Maroc n'a jamais cessé de mener des actions hostiles à l'encontre de l'Algérie". L'autre grief avancé par Alger à l'égard de Rabat, ce sont les récentes déclarations du ministre israélien des Affaires étrangères à partir du Maroc. « C'est la première fois depuis 1948 qu'un responsable israélien fait de telles déclarations à l'égard de l'Algérie », selon le chef de la diplomatie algérienne. Le texte cite aussi le soutien présumé apporté par le Maroc au Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) dont la direction vit en exil, principalement en France, et Rachad (un regroupement d'islamo-conservateurs algériens basé à Londres), deux organisations classées comme terroristes par les autorités algériennes. Ramtane Lamamra a aussi rappelé les accusations portées par certains organismes occidentaux contre le Maroc soupçonné d'avoir eu recours à un logiciel israélien d'espionnage « Pegasus » qui aurait ciblé plusieurs responsables algériens ainsi que d'anciens incidents, comme la profanation du drapeau national au consulat de Casablanca en 2013. Il a en outre fait porter « aux dirigeants du royaume la responsabilité des crises répétées, qui se sont aggravées », un comportement qui, selon lui, « entraîne le conflit au lieu de l'intégration dans la région du Maghreb ». « En tout état de cause l'Algérie refuse la logique du fait accompli », a indiqué Lamamra. « Pour toutes ces raisons l'Algérie a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc à partir d'aujourd'hui », a déclaré Lamamra. La présidence algérienne avait annoncé, le 18 août dernier, vouloir "revoir" ses relations avec Rabat, l'accusant, cette fois, d'être impliqué dans les incendies meurtriers qui ont ravagé le nord du pays et fait au moins 90 morts. Cette sortie du chef de la diplomatie algérienne intervient par ailleurs alors que les signes d'une dégradation des relations entre les deux pays s'accumulaient ces dernières semaines. ll y a un mois, Alger rappelait son ambassadeur à Rabat pour "consultations avec effet immédiat" à la suite de tensions diplomatiques. Dans son discours du Trône le 30 juillet, le Roi Mohammed VI avait, pourtant, affirmé son « engagement sincère à garder la main tendue pour œuvrer de concert et sans conditions à l'établissement de relations bilatérales fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage». Le Souverain chérifien avait aussi lancé un appel à la réouverture des frontières terrestres avec l'Algérie. « Vous n'aurez jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc. La sécurité et la stabilité de l'Algérie et la quiétude de son peuple sont organiquement liées à la sécurité et à la stabilité du Maroc » avait-t-il assuré. Le Roi avait aussi invité le président algérien Abdelmadjid Tebboune « à faire prévaloir la sagesse » et à « œuvrer à l'unisson au développement des rapports » entre les deux pays. Le Souverain avait même qualifié les deux pays de « jumeaux qui se complètent ». Les frontières entre le Maroc et l'Algérie sont fermées depuis 1994 à l'initiative de l'Algérie. Alger avait alors pris une telle décision suite à l'imposition par Rabat un visa d'entrée à son territoire aux Algériens. Le Maroc soupçonnait a cette époque une partie des services de sécurité de son voisin d'être derrière un attentat sanglant qui avait eu lieu à Marrakech. En 2004, le visa a été supprimé et les lignes aériennes entre les deux pays rétablies, mais l'Algérie continuait depuis lors de refuser de rouvrir ses frontières terrestres. Les relations entre les deux voisins sont particulièrement plombées depuis plus de quarante ans par la question du Sahara. L'Algérie soutient, finance et arme le front Polisario qui réclame l'indépendance de ce territoire. Le Maroc qu'inexercé son contrôle sur l'essentiel de ce territoire et dont la souveraineté sur cette région est reconnue par une grande partie des gouvernements étrangers, dont les États-Unis, propose un plan d'autonomie sous souveraineté marocaine. Très récemment, en mi-juillet dernier, ces rapports ont été marqués par un nouvel accès de tension. L'ambassadeur marocain à l'ONU avait publiquement affirmé son soutien au principe de « l'autodétermination » du peuple Kabyle en Algérie, en réaction au soutien de cette dernière aux indépendantistes du font Polisario. Alger avait alors répondu en rappelant son ambassadeur à Rabat pour consultations.