16 morts en trois jours selon le gouvernement, avec un nouveau décès enregistré samedi. Le Pastef, le parti d’Ousmane Sonko, parle lui de 19 morts.
Beaucoup de blessés aussi dans ces violents affrontements, près de 400 selon la Croix rouge sénégalaise, dont une femme enceinte et 36 éléments des forces de défense et de sécurité. Des blessés qui ont été évacués vers les hôpitaux.
De nombreux bâtiments et commerces ont été détruits à Dakar, mais aussi à Ziguinchor, ville du sud du pays dont Ousmane Sonko est maire. Plusieurs infrastructures sont partis en fumée. L’Alliance française a été incendiée et vandalisée, le centre culturel régional vandalisé, tout comme le lycée Djiganbo et d'autres établissements scolaires.
Le silence du président Macky Sall...
Ces 2 derniers jours, les tensions semblent redescendre d’un cran. À Dakar, les habitants ont pu circuler relativement tranquillement, mais le Pastef appelle à continuer la mobilisation jusqu’à la démission du président Macky Sall.
Plus de 500 personnes ont été interpellées depuis le début des manifestations jeudi selon le ministère de l’Intérieur. Un bilan important, mais justifié selon la police nationale. Les avocats sont surchargés et la société civile dénonce des abus.
Maître Abdy Nar Ndiaye défend plusieurs personnes interpellées ces derniers jours. Parmi eux, Pape Abdoulaye Touré, militant du Pastef. Les profils de ses nouveaux clients sont très variés, mais les chefs d’accusation sont similaires. « Ce sont des jeunes, des adultes ou même des vieilles personnes. On leur reproche de participer à des manifestations non autorisées et de troubles à l'ordre public. D'autres ont été interpellées alors qu'ils voyageaient », explique l'avocat.
Les avocats sénégalais sont submergés de travail pour défendre ces centaines de personnes, éparpillées dans plusieurs unités d’enquête à Dakar et dans les autres villes du pays.
La Ligue sénégalaise des droits de l’homme dénonce déjà des violations de droits humains. Il y a eu selon elle une brutalité excessive lors des interpellations et des gardes à vue. « C'est vrai que les manifestations ont beaucoup débordé, mais ça ne donne pas un feu vert pour commettre des exactions que l'on est en train de documenter et que l'on ne va pas laisser prospérer comme ça. Ce que l'on a vu ces derniers temps, c'est désolant. »
Le directeur de la sécurité publique Ibrahim Diop a affirmé dimanche soir que les interpellés étaient armées de cocktails Molotov, d’armes blanches et d’armes de guerre. Les gardes à vue dureront 48h, renouvelable une fois.
Dans ce contexte, le ministère de la Communication a annoncé cet après-midi suspendre les données mobiles sur tout le territoire sur certaines plages horaires, sans préciser lesquelles. Il met en cause « la diffusion de messages subversifs et haineux dans un contexte de troubles à l’ordre public ». Jusqu’à présent, seuls les réseaux sociaux et les applications de messagerie comme WhatsApp étaient bloqués.
Bema Bakayoko