Culture

Oumou Sangaré /« Le Pdt Ouattara a changé le visage de la Côte d’Ivoire »

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Quelques heures avant son concert du vendredi 14 mai 2021 à la salle Anoumabo du Palais de la Culture de Treichville, Oumou Sangaré nous a accordé une interview dans laquelle elle parle de son amour pour la Côte d’Ivoire, sa perception du pays et donne aussi des conseils aux artistes ivoiriens pour les aider à briller à l’international.

Votre dernière venue à Abidjan date de 2019 où vous aviez pris part au FEMUA. Quel sentiment vous anime aujourd’hui en revenant en Côte d’Ivoire après 02 ans ? C’est un réel plaisir pour moi à chaque fois que je viens en Côte d’Ivoire. Le Covid-19 a certes essayé de nous éloigner de notre public, mais par la grâce de Dieu, nous sommes de retour à Abidjan après près de trois ans. Les barrières que nous impose cette maladie ne doivent pas tuer la musique. La culture ne doit donc pas mourir, car elle est très importante en Afrique. C’est la raison pour laquelle on essaie d’être debout malgré les difficultés que nous vivons. Le plus important est de ne pas être trop éloigné de nos fans. Déjà, passer une année voire trois, sans faire de spectacle ici, c’est beaucoup trop. Qu’est-ce que cela vous fait de vous retrouver à Abidjan en cette période festive de la célébration de l’Aïd-el-fitr ? Cela me fait énormément plaisir parce que le public ivoirien n’a pas encore écouté mon dernier album. Ce sera donc l’occasion pour moi de lui faire découvrir cette œuvre sur scène. D’ailleurs, je suis venue avec l’une de mes anciennes musiciennes, une femme qui joue très bien de la batterie. À l’époque, nous avions fait le tour du monde ensemble. Malheureusement, elle a mis un break à la musique. Heureusement, j’ai pu la convaincre de revenir sur scène. Le public ivoirien va donc découvrir cette fois-ci, une femme à la batterie avec Oumou Sangaré. Comme vous le disiez tantôt, cela fait plusieurs années que vous n’êtes pas venue à Abidjan. Pendant ce temps, d’autres artistes et genres musicaux ont pu s’imposer ici. Comment comptez-vous donc reconquérir le public ivoirien ? Mon public demeure intact quand bien même que d’autres sonorités ont pu s’imposer. Oumou Sangaré est toujours aimée par les Ivoiriens. Les connaisseurs de la musique mandingue sont toujours là et ils savent ce qu’ils doivent écouter. Je n’ai donc aucune crainte à ce niveau, car avec Oumou Sangaré, c’est la satisfaction totale du public qui est assurée. Quel sentiment vous anime de savoir que pratiquement à la même date, un autre fils célèbre du Mali, Sidiki Diabaté, se produit en spectacle à quelques centaines de mètres de vous ? Sidiki, c’est mon fils. J’ai d’ailleurs fait un duo récemment avec lui qui cartonne bien. Sidiki, c’est la nouvelle génération mais, Oumou Sangaré a son monde qui la suit. Il n’y a donc aucun problème entre lui et moi, c’est la famille. Le père de Sidiki et moi, avions beaucoup travaillé ensemble. Je viens même de lui parler au téléphone juste après mon arrivée à Abidjan. Si, six mois avant la programmation de mon spectacle, j’avais su que Sidiki avait un spectacle à la même date, j’aurais annulé ma date. En tant que maman, je ne devrais pas jouer à la même date que mon fils, je l’aurais laissé finir son spectacle avant de programmer mon concert. Cela dit, il n’y a aucun problème. Le public jeune ira voir mon fils et après il viendra me voir. Comment avez-vous vécu le décès du Premier Ministre Hamed Bakayoko, grand mécène de la culture africaine par ailleurs, parrain de votre ‘’fils’’ Sidiki Diabaté ? La mort du Premier Ministre nous a tous touchés. Hamed Bakayoko aidait beaucoup la culture. Moi, je ne le voyais pas comme un homme politique mais, plutôt comme un homme de culture. J’ai même prévu lui rendre hommage lors de mon concert parce que sa mort est une perte pour toute l’Afrique. On a beaucoup pleuré au Mali lorsque nous avons appris la nouvelle de son décès. C’était quelqu’un qui avait l’amour de la culture. Il accompagnait la culture et soutenait tout le monde sans distinction. Vous le connaissiez personnellement ? Non, malheureusement. Je n’ai jamais eu cette chance de le rencontrer mais, je voyais ses actes. Je l’ai admiré de loin et j’étais contente de savoir qu’il aidait mes confrères. Avec ce qu’il a fait pour les obsèques de DJ Arafat, il a encore gagné davantage mon cœur. On vous sait très proche des chefs d’États africains. Quelle est votre histoire avec le président Ouattara ? Je n’ai pas eu la chance de rencontrer le président Alassane Ouattara. Toutefois, je sais qu’il a beaucoup changé le visage de la Côte d’Ivoire. Je suis apolitique, mais j’aime les travailleurs. La Côte d’Ivoire a beaucoup changé. Quels conseils et secrets pouvezvous donner aux artistes ivoiriens afin qu’ils puissent atteindre le sommet comme vous ? Il y a d’énormes talents ici, à l’instar d’Alpha Blondy, Tiken Jah et bien d’autres. Ce sont des artistes avec qui on tourne partout dans le monde. On se rencontre régulièrement dans les quatre coins du monde. Ce sont de grandes valeurs. Les artistes ivoiriens travaillent, il faut reconnaitre et saluer leurs efforts. Toutefois, le conseil que je peux leur prodiguer, c’est de faire un retour à la tradition. Ma base, c’est la tradition et c’est peut-être ce qui a fait le plus pour moi. J’essaie de faire découvrir ma tradition aux Occidentaux, parce que je pense que tu as beau être fort, tu ne peux mieux jouer de la guitare par exemple, plus qu’un Européen. C’est d’ailleurs eux qui l’ont créée. Cependant, lorsque nous jouons nos instruments traditionnels de chez nous, ils sont émerveillés. Cela signifie que nous avons des valeurs et une grande richesse en Afrique. C’est pourquoi, je conseille aux artistes de la Côte d’Ivoire, qu’ils soient des zougloumen, des artistes du couper-décaler et autres, d’aller fouiller dans le fin fond du terroir pour sortir les instruments traditionnels afin de les mettre en valeur. Ce sera une valeur ajoutée pour eux. C’est d’ailleurs cela mon secret, je crois en nos instruments traditionnels et c’est ce que je montre au reste du monde. Qu’ils aillent donc dans la Côte d’Ivoire profonde pour faire du moderne avec nos instruments traditionnels. Sinon, on est tous conscient que la Côte d’Ivoire fait danser l’Afrique. Les artistes ivoiriens sont beaucoup créatifs, mais je leur demande juste d’ajouter la tradition à leur art. Oumou Sangaré, en plus d’être une artiste de renommée est également une grande femme d’affaires avec plusieurs investissements dans l’hôtellerie et l’automobile. Qu’en est-il de tous ces projets ? J’essaie d’allier business et musique. J’ai eu la chance de sortir de l’Afrique très tôt. Mon premier album, je l’ai fait en 1990 et un an après, soit en 1991, j’ai eu mon premier contrat en Angleterre. Du coup, j’ai pu très tôt m’imprégner du fonctionnement des artistes anglais et américains qui faisaient du business à côté de la musique. Ce qui m’a inspiré. Durant toute ma carrière, j’ai incité la femme à être autonome. Il me fallait donc servir d’exemple pour les amener à épouser cette idéologie. Ce qui fait qu’aujourd’hui, j’ai des hôtels, des fermes, je suis dans l’automobile avec des voitures chinoises. J’ai aussi créé un festival qui vient de finir sa quatrième édition. En gros, j’essaie de montrer l’exemple, tout en montrant à la femme africaine qu’il est possible que nous soyons autonomes pour aider, accompagner et assister nos hommes. Nos hommes doivent pouvoir compter sur nous les femmes, c’est ce qui m’a amené à m’intéresser au business.

PK

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