Certaines maladies qui s’attaquent aux tubercules dans certains pays en étant des sources d’insécurité alimentaire, n’épargnent pas la Côte d’Ivoire. Le manioc, très attaqué par ces maladies virales, fait l’objet d’un programme spécial en Côte d’Ivoire pour lutter contre ces maladies. Ce programme est mis en œuvre à travers le Centre régional d’excellence pour les phytopathogènes transfrontaliers (WAWE).
Considéré comme la culture du XXIe siècle par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en raison de sa résilience face aux changements climatiques et de sa capacité à relever les défis de la sécurité alimentaire, le manioc est une culture virale pour les populations africaines. Il constitue l’aliment de base de de près de 500 millions d’Africains. Le manioc est l’émanation de plusieurs produits dérivés, tels que le gari, le tapioca, la farine, l’attiéké, la pâte fermentée, l’amidon, etc. Il est également utilisé à des fins industrielles et commerciales. En Côte d’Ivoire, le manioc est la deuxième culture vivrière, après l’igname, avec une production annuelle estimée à 6,4 millions de tonnes et un rendement moyen de 5,5 tonnes / hectares. Bien que l’Afrique soit le premier producteur mondial de manioc avec 194 tonnes en 2020, soit 64% de la production mondiale, devant l’Asie avec 27 millions de tonnes, la productivité enregistrée sur le continent est considérablement plus faible, soit 9 tonnes/hectare en Afrique, contre 22 tonnes/hectare et 13 tonnes /hectare, respectivement en Asie et aux Amériques.
Selon des chercheurs, plusieurs facteurs justifient ce paradoxe. Si le manque de matériel de qualité pour les exploitations champêtres, la méconnaissance et l’insuffisance de suivi des itinéraires techniques en constituent des facteurs non négligeables, force est de reconnaître que la raison principale pour une meilleure productivité sur le continent africain, reste la mauvaise gestion des maladies virales du manioc.
Alors que le manioc représente une importante source de revenus pour des milliers de familles d’Afrique de l’Ouest et du centre grâce à la vente de ses tubercules et feuilles, sa culture est confrontée à des menaces virales. Il s’agit de la maladie de la mosaïque du manioc (CMD) et la maladie de la striure brune du manioc (CBSD). Ces maladies provoquent des pertes de rendement allant de 40 à 100%. Ces deux maladies sont encore méconnues du grand public et de nombreux cultivateurs, alors qu’une épidémie de ces deux principales maladies virales, serait un désastre pour la production du manioc en Afrique.
Pour faire face à toute menace d’une insécurité alimentaire en Côte d’Ivoire, WAWE a engagé un programme de sensibilisation du public et les producteurs de manioc d’Afrique de l’Ouest et du centre sur l’impact des maladies virales du manioc sur la productivité agricole et la sécurité financière en Côte d’Ivoire. Il a également initié un programme de formation des producteurs à la reconnaissance des symptômes des maladies et à l’utilisation de matériel végétal sain. Il a développé avec ses partenaires, des mécanismes de surveillance participative des maladies virales du manioc à travers l’utilisation de l’application « NURU ». Cette application permet, notamment le diagnostic en temps réel des maladies virales dans les champs de manioc.
La cérémonie de lancement de cette campagne de sensibilisation multidimensionnelle aux maladies virales du manioc, dénommée « Ensemble, sauvons notre manioc » et du programme de surveillance participative en Côte d’Ivoire, s’est déroulée dans le village d’Abadjin-Kouté, dans la sous-préfecture de Songon, le mardi 22 mars 2022.
Ernest Famin