Le district d’Abidjan est sous le coup d’une épidémie de grippe qui ne dit pas son nom. Particulièrement rude cette année, cette grippe dite saisonnière coïncide avec une explosion des cas de contamination au coronavirus. Dans cette contribution, le Dr Odi Auguste, médecin spécialiste de la santé au travail et de la pathologie professionnelle, donne des explications sur cette situation et prodigue des conseils aux populations.
Notre pays la Côte d’Ivoire affronte la 4ème vague de la pandémie à coronavirus SARS-CoV-2 dont les effets risquent d’être potentialisés en ce mois de décembre par la saison de l’harmattan. La pandémie mondiale connaît une explosion mondiale généralisée et dans notre pays, la Côte d’Ivoire en particulier, du fait des facteurs suivants :
- Présence du variant très contagieux OMICRON avec persistance du variant Delta
- Les déplacements massifs des personnes en cette période festive de fin d’année, surtout en provenance d’Europe
- L’absence complète du respect des gestes barrières dans la population
- Le très faible taux de personnes entièrement vaccinées
- La saison de l’harmattan.
A PROPOS DU VARIANT OMICRON
Omicron apparu depuis le mois de novembre a donné un énième souffle à la pandémie. Variant extrêmement contagieux du virus SARS- CoV-2, il en fait exploser le nombre de cas. La croissance exponentielle des contagions quotidiennes depuis 10 jours dans notre pays, en témoigne. La barre du millier de patients journaliers devrait assez rapidement être dépassée. La tension hospitalière commence déjà à se faire sentir.
A PROPOS DE L’HARMATTAN
Comme pour l’hiver au Nord de la planète, c’est une saison très crainte par les habitants au Sud du Sahara, car propice aux maladies. Les personnes les plus vulnérables sont les enfants, les personnes âgées, les personnes non vaccinées et les porteurs de certaines maladies chroniques. L’harmattan se manifeste par un vent du Nord-Est, très chaud le jour, plus froid la nuit, très sec et le plus souvent chargé de poussière. Il s’accompagne d’un brouillard propice aux accidents. Ses principales manifestations sont :
• Sur le plan physique, ce vent chaud et sec, a l’impertinence de rendre la peau toute blanche et sèche inconfortable et surtout fragile. Nous nous blessons plus facilement que d’ordinaire. L’harmattan fendille les lèvres au point que souvent, on a du mal à rire parce qu’un geste brusque a vite fait de nous donner des gerçures douloureuses. Ce temps est aussi redouté pour être à l’origine de l’assèchement des muqueuses, notamment la muqueuse nasale qui est très importante pour le bon fonctionnement de l’appareil respiratoire.
• Sur le plan général, les brusques variations de température sont à l’origine de fortes fièvres et les migraines subites. De douleurs dans les articulations, de crises d’asthme déclenchées par l’air sec et chargé, de rhumatismes réveillés par les nuits froides d’harmattan
• Sur le plan immunitaire, le froid détériore l’immunité. Ce qui entraîne une pénétration des germes par la peau lésée, des maladies pulmonaires, méningite, grippe, allergies et rhume. Toutes ces poussières représentent un gros danger pour nos aliments et pour nos poumons. En effet, la poussière recouvre tout sur son passage, y compris la nourriture. Etant donné que l’hygiène publique n’est pas à l’ordre du jour dans nos pays, les bactéries n’ont aucun mal à se déposer sur nos aliments. Le vent transporte les bactéries et les épidémies. L’air que nous respirons est plein de germes de toutes sortes. L’air respiré dans la saison de l’harmattan est encore plus toxique que tout autre. Quelquefois, ces bactéries sont mélangées à des virus et champignons venus d’autres contrées. C’est ici qu’intervient la symbiose avec le SARS-COV 2, le virus dans sa variante OMICRON déjà redoutablement contagieuse, trouvera en cette saison, un terreau fertile pour décupler son expansion.
COMMENT SE PROTEGER ?
Mis à rude épreuve depuis 2 ans par la pandémie à COVID-19, nos organismes, déjà fatigués par toutes ces agressions, ne sont pas prêts à faire face à de pareilles circonstances. Assailli de toutes parts, notre système immunitaire a du mal à se défendre correctement. Jusque-là, la vaccination contre la COVID-19 demeure pour l’heure, la meilleure arme contre cette maladie. Les pouvoirs publics devraient assez rapidement officialiser l’autorisation de la 3ème dose de rappel vaccinal pour les personnes complètement vaccinées depuis plus de 06 mois. La problématique actuelle réside dans le nombre de personnes vaccinées en Côte d’Ivoire qui est dérisoire pour évoluer vers une immunité collective. (1,5 million seulement de vaccination complète). De la volonté individuelle de choisir de se faire vacciner, dépend la survie de notre communauté. Faisons le bon choix : choisissons la vaccination et non la maladie, la vie plutôt que la mort. Le respect strict des mesures barrières anti COVID-19. A l’instar de la population générale, il y a un dans notre entreprise, un relâchement dans l’application de ces mesures simples, mais si efficaces pour notre protection. Avec le variant OMICRON, la saison de l’harmattan, les déplacements, les regroupements familiaux et les effusions festives de cette fin d’année, il est temps au bureau, à notre domicile et partout, de resserrer la vis.
- Porter un masque facial en tout temps et en tout lieu enfermant bien la bouche et le nez
- Eviter en intérieur les rassemblements de plus de 06 personnes
- Privilégier les réunions virtuelles
- Eviter les attroupements massifs de toutes sortes (funéraires, stade, maquis, etc.)
- Utiliser dans l’entreprise et à domicile, des solutions hydroalcooliques à disposer aux endroits stratégiques de passage
- Disposer de solutions hydroalcooliques dans son sac à main, dans son véhicule
- Eviter les accolades, les poignées de mains et autres contacts similaires (coudes, poings, etc.)
- Se laver les mains régulièrement avec de l'eau et du savon pendant au moins 20 secondes après tout contact avec les parties communes (poignées de portes, rampes d’escaliers, boutons d’ascenseurs, etc.)
- Éviter de se toucher les yeux, le nez ou la bouche quand les mains ne sont pas lavées
- Éviter les contacts étroits avec les personnes manifestant une infection respiratoire de type grippal (toux, rhume, etc.)
- Porter un masque même à la maison en cas d’apparition des premiers symptômes chez vous ou chez une personne de votre entourage
- Respecter les mesures usuelles d’hygiène devant un syndrome grippal
- Utiliser des mouchoirs en papier pour éternuer et tousser, à défaut, éternuer ou tousser dans le pli de son coude, jeter les mouchoirs dans la poubelle et se laver les mains régulièrement
MESURES PREVENTIVES CONTRE L’HARMATTAN
• Veiller à toujours être bien couvert, surtout au niveau des membres et de la tête.
• Utiliser une crème hydratante, ou du beurre de karité
• Utiliser un stick labial pour se protéger
• Utiliser des pommades pour le nez afin de maintenir constamment hydratées et protégées ou de l’eau de mer. Vous ferez deux à trois nébulisations d’eau de mer par jour,
• Pour éviter les saignements de nez et les maladies respiratoires, il faut prendre certaines précautions comme le port de cache-nez.
• Avoir à disposition les médicaments ordinaires contre la fièvre comme les antipyrétiques, pour les migraines des antalgiques ou dérivés de l’ergot de seigle, pour l’asthme, le Ventoline et produits connexes, pour les rhumatismes, les anti rhumatismaux classiques
• Avoir une alimentation bien équilibrée riche en fruits et en légumes
• Arrêter ou réduire la consommation de cigarettes et assimilés
• Se faire vacciner contre la grippe, la méningite, la COVID-19
• Mouiller le sol avant de balayer la maison ou les bureaux
• Lavez-vous régulièrement les mains, surtout avant de passer à table. Il faut les laver plus que d’habitude, car tout est recouvert de poussières.
• Bien rincer les aliments qu’on cuisine.
• Nettoyer à nouveau les fruits avant de les consommer.
• Veillez aussi à ne manger que des aliments soigneusement couverts, notamment le pain
• Eviter la nourriture vendue dans la rue, surtout aux enfants. Toutes ces précautions vous débarrasseront des dépôts de germes sur vos mains, sur votre corps et dans vos aliments. Pour finir, soyez prudents au volant, car la visibilité est réduite pour tous, surtout après les repas trop arrosés. Boire ou conduire, il faut choisir.
A présent que vous savez comment éviter d’être malade en cette période où la COVID-19 et l’harmattan font la paire, nous vous souhaitons de joyeuses fêtes. En cas de nécessité, contactez votre Service Sécurité et Santé au Travail aux numéros habituels. Choisissons la vaccination et non la maladie. Tous vaccinés, nous vaincrons la COVID-19.
Dr Odi A. & Coll. Médecin spécialiste de la santé au travail et de la pathologie professionnelle, Gestionnaire des portefeuilles de santé en entreprise