Ce n’est un secret pour personne. Depuis la publication de la liste électorale provisoire, ces deux partis se sont lancés dans une campagne de diabolisation de la CEI, en agitant le chiffon rouge d’une fraude qui serait en préparation. L’objectif visé in fine, par ces deux formations, est d’obtenir le report pur et simple de ces élections locales, parce que Bédié, Laurent Gbagbo et leurs états-majors respectifs, savent pertinemment qu’à l’état actuel des choses, ils vont prendre une grosse raclée à ces élections. La radiation de Laurent Gbagbo et les supposées irrégularités inacceptables sont donc des artefacts pour atteindre cet objectif. Manque de pot pour le PPA-CI et le PDCI-RDA, le discours tenu hier, par le président de la CEI est venu mettre une grosse pression sur ces deux formations. Première chose : Kuibiert leur a coupé l’herbe sous les pieds. Pour le président de la CEI, il est hors de question de reporter ces élections. « J’ai l’impression que certaines personnes ne veulent pas que les élections aient lieu. Il faut que l’on tienne ces élections avec le moins d’erreurs possibles. Il faut que les collectivités territoriales travaillent. Il n'est pas question qu'elles soient reportées pour des questions que nous allons tous régler avant le jour des élections », a martelé le président de la CEI.
Pas de report des élections, on fait quoi pour le cas Gbagbo ?
Mieux, il a annoncé que, conformément au code électoral, les candidatures seront reçues à partir du 2 juillet 2023. Devant cette certitude d’aller aux élections, le PDCI et le PPA-CI se trouvent face à un dilemme : Faut-il continuer à aligner les conférences de presse pour exiger toujours la réinscription de Laurent Gbagbo sur la liste électorale ou faut-il redescendre sur terre pour prendre activement part au processus électoral dont le compte à rebours a commencé ? La question reste entière dans les camps de ces deux formations. À côté de cette tenue irréversible des élections, le président de la CEI a aussi démonté, point par point, l’argumentaire de ces deux partis sur la question de la fraude électorale, aussi bien sur le découpage électoral que sur le déroulement du vote le jour-j. Sur la question du découpage électoral qui a refait surface, Kuibiert a été on ne peut plus clair avec les responsables des partis politiques. « Le découpage électoral reste exclusivement l'affaire du gouvernement. Nous n'avons pas de mouvement propre à nous.
On rentre dans le chemin tracé. Nous n'avons pas vocation à créer des communes, nous avons pour vocation d'organiser les scrutins sur le territoire qui est préalablement défini », a-t-il précisé. Cette clarification vient détruire les arguties des communicants du PPA-CI et du PDCI-RDA qui veulent faire croire que la CEI est dans une logique de tricherie pour faire la part belle à des candidats dans des zones supposées favorables au parti au pouvoir. Sur la tenue pratique des élections, il a rassuré ses hôtes que la CEI mettra tout en œuvre pour éviter des cas de fraudes dans les bureaux de vote lors du processus électoral. À ce sujet, il a exhorté les candidats et leurs représentants à faire preuve de vigilance le jour du vote. « C'est à vous de dénoncer les irrégularités constatées à travers vos rapports dans le procès-verbal. Si ce que vous allez écrire est avéré, les élections seront purement annulées dans ces bureaux de vote », a-t-il rappelé. The last but not the least. Le dernier élément de l’exposé du président de la CEI qui est une réelle pression sur les deux partis cités ci-haut, est la question du respect de la loi des quotas et de la parité. Toujours fidèle à son approche méthodique et pédagogique, le président de la CEI a indiqué que tout manquement à ces deux aspects, va entraîner ipso facto, l’invalidation de toute liste de candidature. À cet effet, Coulibaly-Kuibiert Ibrahime a rappelé les dispositions du Code électoral qui sont suffisamment explicites sur la question.
Lois des quotas et de la parité : un vrai casse-tête chinois pour Bédié et Gbagbo…
Il s’agit de l’Article 156 pour l’élection des conseillers régionaux et l’Article 187 pour l’élection des conseillers municipaux. Ces deux dispositions de la loi disent la même chose : le respect scrupuleux de la loi des quotas et de la parité. « Les candidatures aux élections régionales sont présentées sous forme de liste comportant autant de candidats que de sièges à pourvoir. Aucune liste de candidature aux élections régionales ne peut être acceptée si elle ne comprend un nombre de candidats égal à celui des sièges à pourvoir dans la circonscription électorale considérée. Les listes de candidature doivent comporter au moins trente pour cent (30%) de candidatures féminines. L’inscription des candidats de sexe masculin doit être alternée avec celle des candidats de sexe féminin, sur la liste ». Voilà qui est clair. Mais ici, la question qui va se poser est la suivante : Comment des partis qui ont peiné avant d’avoir des candidats dans certaines régions, pourront-ils respecter cette disposition du Code électoral ? Ici encore, la question reste entière. Le PDCI-RDA, le plus vieux parti du pays, n’a pas pu avoir des candidats dans 38 communes et 4 régions.
Le parti de Bédié ira donc déjà perdant dans 13% des communes et 19% des régions. La situation du PPA-CI est plus préoccupante. Le parti de Gbagbo n’a pas pu avoir des candidats dans 71 communes et 9 régions, soit respectivement dans 35% des communes et 30% des régions. Le PDCI, on le sait, n’a plus ses cadres valeureux qui lui permettaient de gagner les élections. Ceux-ci sont aujourd’hui au RHDP. Le PPA-CI, deux années après sa création, est encore à la recherche de ses repères. Dans un tel cas de figure, comment ces deux partis vont-ils s’y prendre pour pouvoir respecter, d’abord, la loi des quotas de 30% et surtout, le principe d’alternance des sexes sur les listes de candidatures ? Il ne faut pas se voiler la face, ces élections seront véritablement un casse-tête chinois pour Bédié et Gbagbo, si ce ne l’est déjà. Pendant ce temps, la machine RHDP qui couvre 100% des territoires et 100% des régions, est en train de vrombir pour le 2 septembre 2023…
Kra Bernard