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10 jours après leur retour au pays: L’affaire des 49 soldats livre de nouveaux secrets

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Les 46 soldats à leur retour à Abidjan, posant avec le Président Alassane Ouattara. (Photo : DR)
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Depuis le samedi 7 janvier 2023, les 46 soldats détenus au Mali, sont de retour en Côte d’Ivoire. Voilà que dix jours après, RFI livre des secrets sur cette scabreuse affaire, lesquels prouvent que la junte malienne l’a montée de toutes pièces.

Le 10 juillet 2022, la junte malienne, avec à sa tête, le colonel Assimi Goïta, a fait arrêter et jeter en prison, 49 soldats ivoiriens qui débarquaient le même jour à l’aéroport de Bamako. Taxés de mercenaires venus déstabiliser le pouvoir, ils ont été traduits en justice et finalement condamnés à de lourdes peines : 20 ans de prison pour les 46 maintenus en détention jusqu’au procès les 29 et 30 décembre 2022 et la peine capitale pour les trois femmes du contingent qui avaient été libérées plus tôt pour, disait-on, des raisons humanitaires. Après 6 mois de prise en otage et un procès expéditif visant à jeter l’opprobre sur la Côte d’Ivoire et ses gouvernants, le chef de la junte, Assimi Goïta, a pris une grâce présidentielle qui a permis la libération et le retour au pays, des 46 soldats le samedi 7 janvier 2023. Depuis, les infortunés « 49 » sont pris en charge pour un réarmement moral, en vue de les aider à panser les blessures morales subies pour un « crime » qu’ils n’ont jamais commis.

Des révélations qui confondent la junte

C’est en tout cas ce qu’a révélé RFI dans ses éditions successives d’hier, mardi 17 janvier 2023. En effet, rapporte le confrère, il ressort de ses investigations que les 49 soldats taxés de mercenaires et venus porter atteinte à la sûreté du pouvoir malien, n’ont rien de comploteurs, encore moins de déstabilisateurs. Ils étaient bien au Mali dans le cadre de la riposte internationale contre le terrorisme. « C’est désormais certain : c’est bien dans le cadre de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali) que ces soldats sont arrivés et, fait nouveau, c’est à la demande du contingent allemand », fait d’abord remarquer RFI, avant d’exposer les informations qui confortent son assertion. « Selon plusieurs documents onusiens, c’est bien la MINUSMA qui les a fait venir et plus précisément, son contingent allemand », révèle le confrère, confirmant ainsi ce qu’ont toujours soutenu, les autorités ivoiriennes depuis le déclenchement de cette affaire.

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Pour bien montrer que ces soldats ivoiriens n’ont pas débarqué clandestinement à Bamako, RFI livre, à dose homéopathique, d’autres informations sur le dossier. « Les avions qui les ont toujours transportés, ont été soumis aux autorités maliennes comme devant servir aux troupes du contingent allemand », soutient le confrère. Qui montre ainsi que, contrairement à ce qu’elle laissait croire, la junte avait bien connaissance de l’existence de cette incorporation d’éléments ivoiriens dans le contingent allemand venu au chevet du Mali. D’ailleurs, poursuit RFI, « depuis juillet 2019, 7 contingents ivoiriens considérés comme des NSE (éléments de soutien aux casques bleus de la MINUSMA, NDLR) s’étaient succédé à Bamako. Les 49 soldats arrêtés constituaient la 8e relève ». Encore une information qui vient confirmer la position qu’Abidjan avait toujours défendue. 

La preuve que les 49 ont été condamnés à tort

Et comme pour accréditer la thèse selon laquelle les autorités maliennes n’ignorent rien de la légalité des activités de ces soldats ivoiriens sur leur sol, le confrère fait cette autre révélation : « C’est le contingent allemand de la MINUSMA qui a fait les demandes de cartes d’identification de ces soldats. C’est à la demande du contingent allemand que les prédécesseurs des 49 avaient été décorés par le commandant de la force onusienne lui-même ». Autant de faits qui montrent bien que ces 49 soldats ivoiriens, comme leurs frères d’armes qui les avaient précédés, étaient loin d’être des soldats qui se sont infiltrés frauduleusement au Mali, encore moins des mercenaires. C’est sûrement fort de toutes ces informations que la MINUSMA, par la voix de son porte-parole, Olivier Salgado, avait d’abord reconnu les 49 soldats ivoiriens comme étant bien des NSE. « La MINUSMA note que les éléments ivoiriens ont été déployés à Sénou (Bamako) pour assurer la sécurité à la base des NSE allemands dans cette même localité, au lieu de Tombouctou (nord) où est basé le contingent ivoirien de la MINUSMA », était-il indiqué dans une note, quelques jours après l’arrestation des 49. Le porte-parole de la MINUSMA s’est par la suite, rétracté avant d’être expulsé par la junte malienne, qui craignait sans doute que soit brouillé, son narratif sur le prétendu mercenariat de ces 49 soldats ivoiriens.

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Les autorités ivoiriennes, qui avaient toujours soutenu que ces soldats étaient en mission régulière au Mali, avaient donc beau jeu de rester droit dans leur position, au retour des 46 soldats au pays. « Chers soldats, je voudrais que vous soyez rassurés, que vous n'avez absolument rien à vous reprocher (…) Vous étiez allés en mission pour 6 mois, c'était d'ailleurs la 8e rotation », avait déclaré le président de la République, Alassane Ouattara, le jour de leur retour au bercail. Et le chef de l’État d’ajouter : « …c’est sur mes instructions que ces jeunes sont allés au Mali ». Puis de leur adresser ses félicitations : « Je dirai mission accomplie. Et bravo à vous ! »

Assane Niada

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