L'infrastructure commerciale insuffisante à l'épreuve de la pression démographique trop forte, est la principale cause de cette occupation anarchique des voies publiques, des trottoirs, des contre-allées et de la colonisation des espaces verts. Cette contribution propose une analyse explicative de la crise des espaces dans le Grand Abidjan et du développement rapide et stressant d’une ville à perte de vue. Une ville enlaidie par les immondices et la course désordonnée de l'occupation illégale du domaine public. Cette situation s’apparente à une forme de privatisation illégale des espaces au-delà de leur occupation anarchique. À côté de ces logements de très haut standing, les quartiers sous-intégrés, communément appelés '' Sicobois’’ dans le jargon nouchi, langage de la rue, localisés dans les zones peu propices à l’urbanisation, se sont répandus et densifiés.
Ils se caractérisent par leur extrême insalubrité, leur localisation dans des bassins et voies d'eau ou sur les pentes raides des collines, des plateaux incisés par l’érosion. À ces endroits dangereux pour ces populations elles-mêmes, cohabitent les logements de très haut standing et les constructions en matériaux de récupération. Ce contraste socio-spatial ayant comme emprise, la nature, est la résultante d’une « colonisation désespérée de la pauvreté ». Chaque saison des pluies, chaque orage apporte à ces endroits, des lots de désolation et de morts. Ajoutée à ce triste tableau, la défiguration d'Abidjan, la Perle des lagunes deviendra la vilaine des lagunes, si l’on n’arrête pas ces comportements d'incivisme, d'indiscipline et de désordre. Force doit donc rester la structuration légale, consensuelle, dans l'ordre et la discipline avec l'implication de la totalité de tous les citoyens qui aiment leur pays. Faire respecter l'ordre et la loi dans la procédure d'occupation des espaces, est aussi une question de préservation de la vie des parents de nombreux de nos concitoyens, endeuillés à chaque saison des pluies. Pour qu’Abidjan continue de rester la Perle des lagunes à la dimension de la volonté des gouvernants actuels, les populations et les premiers responsables des collectivités doivent prendre conscience de ce que représentent les espaces publics dans le paysage urbain.
